Les Éditions de la Tournure – Coopérative de solidarité nous ont conviées par un vendredi enneigé au double lancement des recueils de Mimi Haddam, Petite brindille de catastrophes, et de Sébastien Auger, La fonte hivernée, à l’Union des écrivains du Québec. Les œuvres visuelles de Lucile Crémier et d’Ariane Leblanc étaient aussi exposées.

Si le froid était à l’honneur ce soir-là, c’est dans une atmosphère chaleureuse que nous nous sommes retrouvées entourées d’amateurs.trices de poésie; plus vieux et plus jeunes bavardaient tandis que des enfants se faufilaient à travers la foule. Malgré l’heure hâtive indiquée pour le lancement, la lecture de Sébastien Auger et la performance de Mimi Haddam se sont faites vers 19h, alors que la salle était bien remplie. Sébastien Auger a lu quelques poèmes de son recueil La fonte hivernée. Les mots étaient bien posés par l’auteur. L’imprégnation de la nature et le découpage précis de ses poèmes ont captivé le public. À l’arrière de la salle, les dessins de Lucile Crémier étaient exposés. De petites œuvres transparentes étaient illuminées afin d’en accentuer les moindres détails. Le thème de la nature était encore récurrent, et l’effritement ou la mue continuelle des dessins étaient marqués: un tronc d’arbre qui se décompose en petits morceaux ou une aile de papillon à moitié dessinée.

Crédits photo: Alexandre Tédal
Mimi Haddam a opté pour une approche différente de ses textes: plutôt que de les livrer devant nous, c’est sa voix off qu’on pouvait entendre, alors que les œuvres d’Ariane Leblanc étaient projetées sur un drap blanc qui divisait la salle en deux. Les mots de Mimi Haddam et les images d’Ariane Leblanc se complétaient avec une grande justesse, et une belle sensibilité qui leur semble commune. Les invité.e.s se trouvaient des deux côtés du drap, la plupart assis par terre et le silence régnait dans la salle. Accidentellement, le drap est tombé vers la fin de la récitation, ce qui aurait pu être dramatique, mais ajouta un certain effet à la performance en venant appuyer le texte de Mimi Haddam.

Crédits photo: Alexandre Tédal
Les Éditions de la Tournure sont nées d’un besoin de créer une communauté solidaire. Les membres de la coopérative, qu’ils soient lecteur.trices, écrivain.es ou autres élaborent ensemble des livres responsables. Les fondateur.trices qui ont imaginé cette maison d’édition suite à la grève étudiante de 2012 avaient pour mission de créer un espace de foisonnement d’idées et de rencontres en passant par la coopérative. Ils veulent insuffler de la poésie partout, autant dans la ville que dans leurs œuvres: «L’étreinte poétique, comme l’étreinte de chair, tant qu’elle dure, défend toute échappée sur la misère du monde», écrivait André Breton. De la même vision, les membres espèrent que leurs livres seront comme une étreinte pour leurs lecteurs.trices.
La Tournure a présentement à son actif huit recueils de poésie et plusieurs zines. Avec quatre publications à paraître, nous vous suggérons de les suivre de près si, comme nous, vous aimez les recueils où la poésie côtoie les arts visuels, dans une belle complémentarité.
*Critiques des oeuvres à suivre sur Artichaut Magazine
Article par Megane Sauvé et Florence Dancause.