Après avoir réalisé quelques courts-métrages, dont les populaires Frimas (2021) et Marguerite (2017), le premier long-métrage de Marianne Farley était très attendu du public québécois. Le film s’ouvre alors que Annie (Céline Bonnier) et ses deux enfants, Sarah (Zeneb Blanchet) et Félix (Eliott Plamondon) prennent la fuite vers les États-Unis. On comprend dès le commencement de l’œuvre que Sarah, jeune adolescente, a commis l’irréparable. C’est ainsi que la mère monoparentale choisit de quitter Montréal pour la Floride.
Le moment décisif du récit survient quelques minutes plus tard alors que le véhicule familial tombe en panne. Le trio se voit donc arrêté en pleine forêt, au nord de la ville d’Albany. La petite famille fera la rencontre de plusieurs personnes; ces nouvelles relations seront d’ailleurs déterminantes pour la suite du récit. On peut sans aucun doute qualifier le nouveau long-métrage de Farley comme étant un film d’apprentissage. Chaque personnage principal porte un lourd bagage émotionnel visiblement difficile à assumer. Étant à la croisée des chemins, leur rencontre deviendra une source de potentielle émancipation.
Fidèle à elle-même, Marianne Farley signe une réalisation sentie et peaufinée. Elle opte pour une approche très humaine qui met de l’avant les émotions des protagonistes. Bien qu’on se questionne parfois à savoir où se dirige le récit, le rythme des péripéties est constant et, par le fait même, efficace. Les prises de vue sont superbes, notamment les paysages des Adirondacks (lieu qui, on doit le mentionner, est très peu montré dans le cinéma québécois). On reconnait certaines thématiques appréciées de la réalisatrice telles que la marginalité, les différences entre générations et le drame familial.
Notons cependant que le scénario d’Au nord d’Albany possède quelques lacunes, notamment l’histoire qui semble parfois errante. Bien que le ton dramatique du récit soit très réussi, ce qui anime les personnages, leur tristesse et leur mal-être, apparait par moment comme étant plutôt superficiel. Par conséquence, certains dialogues sonnent faux ou retenus.
Il n’en demeure pas moins que le long-métrage propose une lueur d’espoir à travers son propos sombre : la fuite ne fait que déplacer les problèmes. Il vaut mieux trouver la force de les affronter. Une belle leçon d’humanité, surtout lorsque c’est la jeunesse qui a le dernier mot. Au nord d’Albany est en salle partout au Québec.
Judith McMurray