C’est un retour en arrière, un spectacle musical gore totalement disjoncté, une mommy devenue momie, mais qui se présente surtout comme un « gros fuck you à la droite conservatrice ». Mommy est tout cela et une pièce audacieuse qui allie le rap à la politique en passant par le conte d’horreur.
Devant nous, de grandes structures de métal accompagnées de gros projecteurs. Une enseigne «Mommy» en brillants, l’arrière-scène sur la scène et monsieur DJ Jésus (DJ Neas) trônant du haut de cette structure. L’ambiance nous rappelle l’un de ces gros partys pour étudiants. Pour ouvrir le spectacle, qui de mieux que Fée Clochette (Fanny Rainville) et son acolyte (Stéphane Crête) qui présenteront ce film d’horreur à la manière d’un conte pour enfants. On nous met rapidement dans l’ambiance d’un spectacle absurde qui, contrairement aux contes de fées, prendra tout le monde par surprise.
Mommy, personnage que développait tranquillement Olivier Choinière, surgit sur scène comme un grand cri du cœur qui prend toute sa force dans le Printemps Érable. Représentant une idée plutôt qu’une personne, Mommy a vécu toutes les époques et se réveille pour brasser la nouvelle génération. Plutôt à droite politiquement, elle tente de réveiller ces jeunes en parlant leur langage. Elle rappera ses idées politiques et ses idéaux, entre autres choses, en compagnie d’autres zombies. Répugnante, Mommy, devenue morte-vivante, tuera ainsi à tour de rôle différents personnages avec des méthodes aussi inusitées les unes que les autres. Avertissement, cœurs sensibles s’abstenir. Il y aura des bébés morts, une noune géante et j’en passe.
Comme mitraillé par un stroboscope, le spectateur est rapidement happé par de courtes séquences de publicités, des discours politiques, des annonces, etc. Des années 40 à aujourd’hui, elle réveille la nostalgie de tous. Tout est mis en scène à la manière d’un collage et présenté sous la forme d’un conte d’horreur totalement ridicule. Malgré la lourdeur du sujet politique, Choinière a su intégrer ses éléments de réflexion de manière élégante et actuelle sans tomber dans le pamphlet.
Parmi les nombreux personnages que l’on pourra voir (Jean Charest, Jean Chrétien, Charles de Gaulle), c’est probablement la fée clochette qui ressort le plus de cette pièce absurde et excentrique. Malheureusement, son allure aguichante porte à détourner fréquemment le regard de l’action, sans autre raison que de se rincer l’oeil. Parmi la grande brochette d’artistes que Choinière a su réunir sur la scène des Écuries, l’interprétation la plus impeccable reste la sienne, même si celle du bébé mort (Guillaume Tremblay) a de quoi étonner. Du chant au mouvement, il vole la vedette de ce spectacle haut en couleur. Mommy, c’est la brutalité et l’audace érigées en monument du divertissement.
Mommy d’Olivier Choinière, présenté au Théâtre Aux Écuries du 19 février au 9 mars.
M. E. S. Alexia Bürger et Olivier Choinière.
Article par Jennifer Pelletier. Étudiante en communication et politique. Amatrice de théâtre.