Morgane Clément-Gagnon
Mathilde Forest
Camille Lamy
Justine Skahan
Du 1er au 30 septembre 2019, GHAM & DAFE présente Natures Captives, une exposition de recherche-création menée par quatre artistes de Montréal : Morgane Clément-Gagnon, Mathilde Forest, Camille Lamy et Justine Skahan. L’idée du projet d’exposition s’est imposée naturellement à travers les différents cercles de discussion que les artistes ont mis en place depuis 2017. C’est à partir de ces rencontres informelles que s’est établie une sorte de rituel collectif, où chacune s’est engagée à reconnaître les forces et à respecter les aptitudes de l’autre. Comme le mentionne Mathilde Forest : « [le projet s’est construit autour d’une prise de conscience] de la réalité des femmes artistes dans un contexte de production et de diffusion en arts visuels. On avait envie de tabler là-dessus et de voir comment on peut réfléchir ensemble dans un safe space. » Se succédant à ces cercles de paroles, Natures Captives est présentée comme un espace dialogique, où des actions furtives s’accordent aux phénomènes naturels et portent les réflexions collectives de ces artistes. « On voit [la résidence] comme un laboratoire. [C’est une image qui est aussi utilisée dans notre installation] (Justine Skahan, 2019) ».
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L’œuvre installative se présente aux piétons de la rue Sainte-Catherine Est derrière une vitrine qui œuvre ici comme un écran. La fenêtre de la galerie agit comme un matériau liminaire et tient l’œuvre comme un écosystème fermé ou un environnement isolé. À ce propos, Justine Skahan remarque que c’est à partir de « l’idée d’encapsuler la nature que [Nous avons exploré] l’idée d’être encapsulées et de mettre la nature en otage. » Ainsi, nous observons, à travers la vitrine, des plantes en pot qui figurent comme des reliques sacrées. Une couverture thermique d’urgence offre un drapé miroitant, sur lequel se reflètent des jeux d’ombre et de lumière dans l’espace.
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L’utilisation de la vitrine produit des modes de visibilité autres, en divisant deux réalités spatio-temporelles distinctes, entre le réel et l’imaginaire. D’une certaine façon, c’est notre propre empreinte qui est soulignée dans un monde d’illusions. Comme si ces espaces se juxtaposaient l’un sur l’autre, la vitrine devient un écran sur lequel est mis en évidence notre propre continuité dans le temps. Le regard porté sur l’œuvre, ce n’est pas l’objet que nous voyons, puisqu’il nous renvoie notre propre image. C’est plutôt notre propre responsabilité envers l’environnement qui nous est reflétée.
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Impuissants, nous sommes debout à regarder derrière cet écran la perte progressive de l’environnement et l’échec certain de notre société de consommation. L’expographie nous amène à penser notre futur proche à une ère où les espèces végétales se raréfient. Devant ce qui nous est présenté, nous nous demandons ce qu’il nous reste ; Est-il possible que nous ayons un jour à conserver sous verre les vestiges d’une biodiversité révolue ? Qu’il s’agisse d’un acte de sorcellerie psychologique ou d’une prise de conscience, ces questionnements créent en nous un tel émoi que nous sommes désormais engagés sur la voie d’un dialogue.
**Les citations sont tirées d’une entrevue qui a été conduite par l’auteure, le 22 septembre 2019 à la Galerie GHAM & DAFE.
Natures Captives
Notez que le finissage aura lieu le 27 septembre 2019, juste après la Marche mondiale pour le climat. Les artistes vous accueilleront dès 19 h dans leur microcosme.