
Il y a quelque chose d’anormal avec Foreign Diplomats. Comment un groupe dont la moyenne d’âge des membres avoisine les 22 années peut arriver avec un premier album aussi assumé? Avec Princess Flash, tout porte à croire que Foreign Diplomats vise haut et loin, et ce, sans aucune prétention.
Dès leur premier projet (EP, Foreign Diplomats – 2013), c’était évident que le groupe travaillait dans le bon sens. Sur Princess Flash, c’est la même recette. Des productions simples, d’influence indie pop, construites dans un souci d’équilibre entre les différents instruments. La voix et la guitare du leader Élie Raymond sont toujours accompagnées de façon équitable par les rythmes de basse et de batterie. «Beating my arms I need a country of my lie», chante honnêtement Raymond sur la pièce Lies (Of November), alors que le clavier de Thomas Bruneau Faubert solidifie minutieusement la mélodie.
Le souci du détail et des textures est remarquable et l’ajout de trombone sur plusieurs chansons représente bien cette qualité de l’album. En ce sens, il y a une chimie qui règne au sein du groupe, sans l’aide d’une section de cuivres. «You could kill someone i know you can, know you can/ with me going down your hands, my hands», glisse Raymond sur la pièce Comfort Design, pendant que le trombone résonne en arrière plan. L’utilisation de cet instrument semble toujours bien servir l’esprit des chansons en plus d’accentuer l’émotion que Foreign Diplomats transmet durant plus de 40 minutes.
Il faut aussi souligner l’emploi méthodique et brillant de la métaphore, notamment dans le texte de la pièce Lily’s Nice Shoes!: «Chances are i’m still the creep in my car/ Chances are you’re still the beast in my car/ Chances are I go back in my car», lance Raymond, probablement en référence à un amour irréalisable.
Cela dit, les pièces Queen+King et Mexico proviennent de leur premier EP. Bien qu’elles aient subi de légères modifications (l’ajout d’effets de réverbération, entre autres), ces deux pièces n’apportent rien de neuf à l’album et au propos. Sur un opus divisé en 11 pièces, c’est une décision lourde de sens. On a l’impression que le groupe a ajouté ces pièces pour remplir et non par créativité.
De plus, bien que le quintette traite vraisemblablement de relations interpersonnelles ou amoureuses, le sujet demeure vaste et est exploité de façon parfois maladroite, avec un contexte plus ou moins flou. Dans ce style musical, Foreign Diplomats n’invente rien. Les influences du producteur Brian Deck sont présentes dans tous les arrangements de l’album. Ce dernier a entre autres travaillé avec le groupe rock canadien Sam Roberts Bands (Collider), ainsi qu’avec Modest Mouse (The Moon and Antartica, Everywhere and His Nasty Parlour Tricks). Le parallèle entre Modest Mouse et Foreign Diplomats se fait sans problème, particulièrement sur le plan vocal.
Princess Flash est un album concis avec son lot de qualités. Qui plus est, c’est un moment important pour un groupe qui aspire à beaucoup plus. L’ensemble de ce premier album en est la preuve indiscutable d’autant plus que Foreign Diplomats possède l’authenticité et le nécessaire pour exporter son son.
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L’album Princess Flash du groupe Foreign Diplomats est paru le 9 octobre dernier. Disponible sur Bandcamp ou sur Itunes, Apple Music, Spotify.
Article par Julien Denis.