Elle nous berce, nous réchauffe, nous accompagne. La poésie nous ouvre la porte sur un espace où l’émotion règne. En ce mois de la poésie qui s’entame, nous espérons que vous profiterez de ce moment pour vous laissez envelopper des mots doux (et moins doux) posés sur papier par les grands soins des auteur·ice·s d’ici. Dans cet article, nous partageons avec vous les œuvres pour lesquelles nous vouons une grande admiration ; celles qui nous ont fait du bien, nous ont fait réfléchir, nous ont fait pleurer (bien entendu cette liste pourrait s’étendre encore et encore) dans l’espoir que cela vous fera (re)découvrir des bijoux de la scène littéraire.
Mégane – Gestionnaire du contenu médiatique et collaboratrice au pupitre littérature :
Marche à voix basse, Nelly Desmarais.
Nelly Desmarais se démarque avec son premier recueil, qui a été acclamé par la critique. Les vers entremêlent les craintes du quotidien féminin et l’histoire de plusieurs femmes ayant parcouru Hochelaga à travers les années. La douceur de la plume de Nelly Desmarais autour de thématiques délicates a fait de Marche à voix basse l’un de mes coups de cœur.
Deux et demie, Carolanne Foucher.
Le recueil de Carolanne Foucher est percutant. Il se démarque par le récit qu’il est possible de suivre au fil des vers. Un récit dans lequel certain·e·s se reconnaitront certainement. Deux et demie est une œuvre haute en émotion, relatant les incessants va-et-vient relationnels entre une jeune femme et son ex ainsi qu’une épreuve inopinée.
Désinhibé, Emmanuelle Riendeau.
Dans Désinhibée, Emmanuelle Riendeau écrit de manière crue les déboires causés par l’abus d’alcool. Il est facile de s’identifier aux vers rédigés dans un langage familier. Ceux-ci reflètent la tentation de se lancer dans l’alcool et les relations sexuelles pour se perdre et oublier.
Choses de l’amour à marde, Maude Veilleux.
Maude Veilleux choque avec ses vers brutaux dans Les choses de l’amour à marde, mais c’est ce qui en fait un recueil exquis. Une poésie qui expose le cri du cœur de tous les éternel·le·s célibataires.
Eve – Cheffe de pupitre littérature :
Zom-Fam, Kama La Mackerel.
La sensibilité avec laquelle l’auteurice aborde les thèmes du genre, de l’identité, de la famille, de l’immigration et des croyances dans con premier recueil est incroyablement touchante. La mise en forme changeante des textes vient accentuer la fluidité des mots et ajoute à l’expérience de lecture.
Pages intimes de ma peau, Josée Yvon.
Cet ouvrage réunit les textes La chienne de l’hôtel Tropicana, Koréphilie, Filles-Missiles et quelques poèmes des années quatre-vingt de l’autrice. Chaque vers est une véritable lutte pour la représentation et la reconnaissance des communautés marginalisées ; les femmes aux prises avec des problèmes de santé mentale, les lesbiennes, les travailleuses du sexe. Josée Yvon nous fait rire et tantôt pleurer avec sa plume honnête et tranchante.
Action Writing, André Roy.
Ce livre regroupe vers et proses écrits par l’auteur entre 1973 à 1984. Véritable précurseur de la littérature érotique et homosexuelle au Québec, il ouvre la porte sur ses désirs, ses relations sexuelles, ses douleurs et ses amours, comme une confidence livrée à son lectorat. Les vers crus et explicites permettent immédiatement de visualiser ce qui est mis en scène et créer par le fait même un sentiment d’empathie et d’intimité avec l’auteur.
Anthologie de la poésie actuelle des femmes au Québec, dir. Vanessa Bell et Catherine Cormier-Larose.
Cette anthologie regroupe de courtes biographies et extraits de plus d’une soixantaine de poétesses québécoises actives dans le milieu littéraire depuis les vingt dernières années. Véritable ode aux écrivaines, la phrase d’introduction, « Les filles vont sauver la littérature », prend tout son sens une fois la lecture de cet ouvrage terminée.
André-Philippe – Collaborateur au pupitre littérature :
Poésies complètes, Émile Nelligan.
Il s’agit d’un classique littéraire québécois et d’une œuvre incontournable parue avant la deuxième moitié du 20e siècle. Même si l’inspiration baudelairienne et son spleen sont palpables, le rythme et les motifs se renouvèlent à travers cette autre voix de poète maudit.
Outardes, Catherine Côté.
Les thématiques de la nature, de la rencontre avec les villages de l’Abitibi et des racines s’insinuent en nous, nous bouleversent en raison de leur altérité. La perspective d’ensemble possède indéniablement un air aérien.
Nanimissuat Île-tonnerre, Natasha Kanapé Fontaine.
Plus contemporaine que la poésie de Joséphine Bacon, qui mérite aussi d’être soulignée, cette voix autochtone forte et vitale réunit les générations qui l’ont précédée et celles qui lui succèderont. Les poèmes tracent le territoire d’une temporalité de mémoire et de salut, et posent son lien profond avec une nature dont la puissance est certaine.
Lait et miel, Rupi Kaur.
Poète canadienne traduite par Lori Saint-Martin et Paul Gagné, son premier recueil pose l’expérience des femmes à travers quatre grands thèmes, tantôt lumineux, tantôt déchirants : la douleur, l’amour, la rupture et la guérison. À l’intérieur de cette œuvre de survie percutante, les dessins ajoutent à l’expérience et à toute l’émotion contenue dans chaque poème.
Mathieu – Codirecteur éditorial :
Tous les numéros de la revue de poésie Exit.
J’aime à y découvrir de nouvelles voix, nouvelles parce qu’elles le sont pour moi, mais aussi parce qu’elles s’exprimeront toujours demain, je l’espère. Je les lis en vrac. Parfois je m’attaque ensuite au dossier dialogue, la deuxième partie de la revue où les plumes ratissent la mémoire d’une sœur à invoquer ou chantent un thème rassembleur.
Avant de vous quitter, nous souhaitons vous rappeler que si vous désirez vous sortir la tête des livres l’espace d’un instant, plusieurs organismes proposeront des évènements ce mois-ci. La poésie partout, le Festival de la poésie de Montréal, le Mois de la poésie, Contours, Metropolis Bleu et bien d’autres porteront fièrement les mots des poètes et poétesses d’ici aux quatre coins de la province. Vous êtes invité.es à les joindre dans cette célébration dédiée à la poésie.
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Auteur·ice·s : Eve Lemieux-Cloutier avec Mégane Therrien, André-Philippe Lapointe et Mathieu Soucy.