L’auteur français Tristan Saule a publié sa toute première trilogie chez le Quartanier dans la collection « Parallèle noir ». Ses œuvres accompagnent quelques protagonistes de la place Carrée dans leur quotidien et révèlent une critique sociale. En effet, les chroniques de la place Carrée offrent différentes perspectives d’un même environnement en suivant dans chaque œuvre le quotidien d’un·e ou plusieurs différent·e·s personnages. Les protagonistes de chaque roman font ensuite de petites apparitions dans les autres œuvres de la trilogie, sans toutefois en être le ou la personnage principal·e.
Le premier roman, Mathilde ne dit rien, suit une travailleuse sociale au passé trouble. Son quotidien change du tout au tout à partir du moment où elle s’introduit par effraction chez une jeune mère de famille. Mathilde est très grande et costaude, elle est intimidante, mais très difficilement intimidée. Tous les jours, elle travaille afin d’aider les plus démuni·e·s à sortir de la misère. La détresse, elle la voit trop souvent. Lorsqu’elle la perçoit chez ses voisin·e·s menacé·e·s d’évincement, c’en est trop! Cette injustice ne passe pas et Mathilde décide d’agir. De toute façon, elle ne craint rien… Sauf la disparition du soleil.
Un an plus tard, les lecteur·rice·s retrouvent Tonio et Laura, respectivement dealer et infirmière. Celleux-ci ont un quotidien très différent, ce qui n’empêche pas leur destin de se croiser. Dans Héroïne, Tristan Saule alterne entre le monde des stupéfiants et celui du cinéma. Ainsi, le titre prend tout son sens. Malgré leurs modes de vie divergents, tous deux désirent la même chose : obtenir le premier rôle – l’un parmi les trafiquant·e·s de drogue, l’autre dans la vie de son amante. Le rythme effréné du récit incite à poursuivre sa lecture, intrigué·e par les péripéties qui attendent protagonistes.
Le 24 janvier prochain paraitra le troisième roman de la trilogie, Jour encore, nuit à nouveau.
Cette troisième œuvre prend place en pleine pandémie de la Covid-19, alors que les résident·e·s de la place Carrée sont confiné·e·s dans leur demeure. Lorsque les mesures mises en place par le gouvernement sont réduites, Loïc refuse de sortir – il n’est pas dupe, les microbes, eux, n’ont pas disparu. Puisqu’il est impossible de déterminer qui est contagieux·se·, Loïc se confine dans son petit appartement et espionne la place Carrée par la lunette de son fusil de chasse. Laissé à lui-même, le protagoniste se rabat sur l’écriture de sa pièce de théâtre. Coincé entre quatre murs, Loïc sombre lentement dans la folie. Il commence d’ailleurs à halluciner la présence de l’un des personnages principaux dans sa chambre. Ou existe-t-il réellement ?
« Si la bête a mon apparence, qu’elle parle comme moi et qu’elle pense comme moi, ça veut dire que la bête, c’est moi. 1 »
Le protagoniste de Tristan Saule illustre les effets négatifs du confinement, notamment par la hausse des actes violents et l’apparition de troubles mentaux. Dans ce roman, une fin tragique et violente est inévitable. Celle-ci se déroule de manière vive et chaotique, comme un déboulement d’actions lourdes de conséquences.
Tout au long des chroniques de la place Carrée, Tristan Saule jongle habilement avec plusieurs récits à la fois. Cette narration d’histoires parallèles – la superposition de récits au passé et au présent ainsi que les actions simultanées de multiples personnages – accélère le rythme des romans. Cela permet de titiller la curiosité des lecteur·rice·s, qui se hâtent de découvrir les dénouements intenses et tragiques de chaque œuvre.
1Tristan Saule, Jour encore, nuit à nouveau, Montréal, Le Quartanier, coll. « Parallèle noir », 2023, p. 150.
Saule, Tristan, Héroïne, Montréal, Le Quartanier, coll. « Parallèle noir », 2022, 368p.
Saule, Tristan, Jour encore, nuit à nouveau, Montréal, Le Quartanier, coll. « Parallèle noir », 2023, 304p.
Saule, Tristan, Mathilde ne dit rien, Montréal, Le Quartanier, coll. « Parallèle noir », 2021, 288p.