Dans les dernières années, l’autrice Marianne Brisebois a fait vivre beaucoup d’émotions à ses lecteur·ice·s avec sa plume. En 2021, elle publie chez Hurtubise Sauf que Sam est mort, une œuvre émouvante au sujet de la perte et du deuil. En 2022 apparait son second roman, Quelques solitudes, dans lequel il est question de la rupture amoureuse. Les deux ouvrages de l’écrivaine illustrent différents deuils amoureux. Ceux-ci soulèvent aussi des sujets peu discutés, parfois considérés comme tabous.
Les personnages créés par Marianne Brisebois, tous plus attachants les uns que les autres, rendent ses récits vraisemblables. Il est facile de se reconnaitre dans leur manière d’être maladroit·e·s dans leurs relations interpersonnelles sans jamais être mal intentionné·e·s. Ce sont des personnalités imparfaites, des jeunes qui apprennent ; comme tout le monde, iels blessent, vivent des montagnes russes émotionnelles et réagissent fortement au jugement.
Dans son premier roman, les lecteur·ice·s font la rencontre d’Alex et Jean-Thomas, la copine et le meilleur ami de Sam. Iels vivent un deuil énorme à la suite de la mort de Sam et doivent apprendre à vive sans lui, alors que les trois ami·e·s étaient inséparables. Lentement, iels se donnent le droit de rire à nouveau et de vivre de nouvelles expériences malgré l’absence de Sam. Non seulement les deux personnages traversent la perte de leur personne préférée, mais iels doivent aussi subir le jugement que leur réservent leurs proches. Celleux-ci réagissent fortement à l’amitié fusionnelle que possèdent Alex et Jean-Thomas. Iels seront particulièrement sévères à l’encontre des deux jeunes et essaieront de leur dicter la bonne manière de vivre leur deuil, alors que chacun·e le vit différemment. Alex et Jean-Thomas se sentent persécuter par leur entourage alors même qu’iels passent à travers l’épreuve la plus pénible de leur existence. Marianne Brisebois démontre ainsi les nombreuses conséquences du décès prématuré d’un être cher.
Dans Quelques solitudes, ce sont deux personnages aux personnalités opposées qui vivront, sous un autre angle, une perte amoureuse. À la suite d’une rupture amoureuse houleuse, Lili se considère comme une « fille renvoyée de sa propre vie[1] ». Ayant été infidèle à son amoureux, elle se retrouve seule et sans repères. Elle loge alors en colocation avec Simon-Pierre, un être étrange et solitaire. Lili, jacasseuse et ayant une grande facilité à s’exprimer, trouve difficile de vivre avec cet homme silencieux et anxieux. Elle s’inquiète aussi de ses problèmes de santé qu’il ne veut pas lui divulguer. Iels finissent toutefois par développer une amitié profonde. Tous deux découvrent que par leurs expériences personnelles, leurs traits de personnalité et leur côté artistique, iels se complètent parfaitement. Ensemble, iels apprendront tranquillement à apprivoiser la solitude.
« À ces larmes qui réveillent toutes celles qu’on a retenues, il y a les miennes de ce printemps où on m’a renvoyée à la case départ, où mes amours et mes amitiés ont cessé d’être, emportant avec elles mes certitudes, dévoilant mes solitudes.[2] »
Les deux œuvres de Marianne Brisebois soulèvent des sujets peu discutés dans la vingtaine. D’une part, une amitié homme-femme fusionnelle incomprise à la suite d’un deuil éprouvant. D’autre part, l’infidélité dans une relation amoureuse de longue date ainsi que l’anorexie chez un jeune homme. L’autrice déconstruit d’ailleurs les préjugés face à ces réalités. Elle démontre que personne n’est outillé pour perdre un être cher de manière prématurée et qu’il n’y a pas de bonne manière de vivre un deuil. L’autrice abat aussi les préjugés sur l’infidélité en l’illustrant comme une erreur humaine. Lili était en effet toujours en amour avec son copain avec qui elle était en couple depuis dix ans. Toutefois, bien qu’elle ne se l’avoue pas initialement, il manquait quelque chose à leur relation. Elle se sentait seule, malgré sa présence à ses côtés. C’est donc inconsciemment qu’elle a saboté sa relation amoureuse devenue insuffisante. Enfin, Marianne Brisebois fait remarquer que l’anorexie peut aussi toucher les hommes. Elle souligne aussi que la volonté d’être maigre n’est pas la seule cause de cette maladie. Grâce à ses personnages, l’autrice amène à réfléchir sur ces sujets trop souvent tus. Elle fait tomber les stéréotypes et rappelle au lecteur·ice·s combien il est important de ne pas juger un livre par sa couverture. Tous·tes ont un passé, un motif, un contexte derrière leurs actions, il faut être ouvert·e à les découvrir.
[1] Marianne Brisebois, Quelques solitudes, Montréal, Hurtubise, 2022, p. 13.
[2] Marianne Brisebois, Quelques solitudes, Montréal, Hurtubise, 2022, p. 265.
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Marianne Brisebois, Sauf que Sam est mort, Montréal, Hurtubise, 2021.
Marianne Brisebois, Quelques solitudes, Montréal, Hurtubise, 2022.
Article écrit par Mégane Therrien