Il existe un nombre incalculable de perceptions de la mort. Elles peuvent dépendre des croyances, de la culture, des expériences personnelles ou du développement spirituel de chacun·e. Dans le recueil Mortel·les, dirigé par Alice Rivard, les auteur·rice·s présentent leur vision de la mort. Le collectif en offre donc différentes facettes qui illustrent la multiplicité de définitions de ce qui advient après le décès. Les douze auteur·rice·s nous permettent d’entrer dans leur intimité et ainsi d’avoir accès à leurs réflexions sur la mort, qu’elle soit physique ou symbolique. Toutes les nouvelles ont une représentation de la mort comme fil conducteur, ce qui donne une ambiance lugubre au recueil. La violence envers les femmes y est d’ailleurs un thème récurrent. Elle se ressent particulièrement dans certaines nouvelles, notamment celles qui rapportent des récits concernant la grossophobie, l’agression sexuelle et le féminicide.
Les nouvelles touchent à la fois la spiritualité, les croyances, les témoignages et le mélange de genres, dont le récit, la fiction et la poésie. Cela fait en sorte que le recueil est très varié, mais que nécessairement certains textes nous rejoignent moins que d’autres.
J’ai personnellement eu un gros coup de cœur pour la création de la thanatologue Katy Boyer-Gaboriault. Celle-ci m’a permis de découvrir les dessous de la mort, c’est-à-dire ce qu’il advient du corps à la suite du décès au Québec. Non seulement nous plongeons dans la préparation d’un corps qui sera exposé dans un salon funéraire, mais nous percevons à quel point ce métier peut être difficile. En effet, dans la nouvelle, une thanatologue doit restaurer et embaumer le corps d’une femme sauvagement assassinée par son mari. Elle nomme le bouleversement de voir des victimes de féminicides à répétition devant elle. Ces femmes auxquelles elle doit donner une allure acceptable pour la famille, mais auxquelles elle ne peut réinsuffler la vie.
Par ailleurs, j’ai aussi beaucoup apprécié la nouvelle de Valérie Forgues. On y retrouve une jeune femme qui avoue avoir changé le cours de son destin et, ainsi, avoir déjoué la mort. Toutefois, depuis ce temps, elle perçoit la mort dans toutes choses. Après tout, la mort n’est-elle pas partout autour de nous ? L’autrice a aussi une réflexion intéressante dans laquelle elle compare les répercussions différentes entre la mort violente et la mort annoncée.
Bref, ces récits nous font voir de multiples facettes de la mort. Ils mentionnent entre autres la curiosité, la culpabilité et la peur que nous avons face à la mort. Ils mettent aussi le doigt sur un sentiment d’inconfort lorsqu’il est question de lègue.
Rivard, Alice (dir.), Mortel·les, Montréal, Nota bene, coll. « Encrages », 2023, 144p.