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17-04-2025 Vol 19

Repenser et innover la danse chez les jeunes publics. Colloque sur la danse dédiée aux jeunes publics

Les 25 et 26 septembre derniers avait lieu le premier colloque sur la danse dédiée aux jeunes publics organisé par Bouge de là, PPS Danse et le département de danse de l’UQAM en collaboration avec Cas public. L’objectif de ces deux journées était de constituer une première rencontre d’acteurs du milieu, dont des artistes, des enseignants, des diffuseurs, des travailleurs culturels et autres professionnels, afin de faire l’état des lieux et de repenser la relation entre la pratique artistique de la danse et les jeunes publics au Québec.

Ouvert à tous, ce colloque a réuni plus de 25 panélistes qui, dans une ambiance animée, ont offert une riche programmation comprenant des conférences, des ateliers, des tables rondes et des discussions. Ces activités visaient essentiellement à faire l’état des lieux du champ culturel et artistique de la danse au Québec, exposant ses spécificités et ses richesses dans un espace de rencontre, de réflexion et de ressourcement.

crédits photographiques: colloque danse jeunes publics

Rencontrer et initier les jeunes publics
Pour les acteurs du colloque, le devenir et l’intérêt de la scène culturelle québécoise passe inévitablement par la sensibilisation des publics novices, particulièrement en milieu scolaire. La médiation culturelle s’impose à leurs yeux comme la méthode à adopter afin d’enrichir le potentiel artistique et professionnel du champ culturel québécois.

Plusieurs stratégies de médiation culturelle ont été abordées: l’observation, le développement d’un esprit appréciatif et critique ainsi que la pratique même de la danse. D’ailleurs, le colloque proposait l’observation d’ateliers mettant à l’œuvre deux groupes d’élèves — un de 7-8 ans et l’autre de 10-11 ans — de l’école Lanaudière. Dirigés par les médiateurs Hélène Langevin et Pierre-Paul Savoie, tous deux chorégraphes, ces ateliers insistaient d’abord et avant tout sur le développement de l’expression personnelle de chacun des participants. À travers une expérience ludique et didactique, les jeunes étaient amenés à découvrir un espace de liberté, hors des cadres préétablis, de même qu’à valoriser leur potentiel créatif. L’activité était une occasion pour les participants d’apprivoiser  leur corps et celui des autres dans une ambiance de confiance et une latitude illimitée. Malgré leur gêne initiale, on pouvait constater que plus l’activité progressait, plus ils arboraient un fier sourire devant les applaudissements de la salle.

Cet exemple montre brillamment l’importance de considérer la médiation culturelle comme outil favorable au renforcement de l’estime de soi et aux développements de liens sociaux. Pour les deux médiateurs présents, ces ateliers sont essentiels pour engendrer un premier contact avec la danse, pour valoriser sa pratique et donc engager un dialogue entre les artistes et leurs publics.

Un terrain encore méconnu
Si la place de la danse demeure faiblement représentée, notamment dans les médias ou l’éducation, l’objectif du colloque était de réaffirmer la contribution et l’écho positif de sa pratique chez les jeunes et adolescents. Cependant, la question persiste: quelle stratégie de médiation culturelle faut-il privilégier?

Plusieurs problématiques et pistes de solution ont été soulevées. Certains ont déploré la sclérose de l’assistance et des publics, les coupes éventuelles des gouvernements dans la culture de même que le manque de communication des divers agents dans le champ culturel de la danse. Cette distance semble fondamentalement présente entre le milieu éducatif du primaire et du secondaire et les agents de médiation culturelle. Les professeurs éprouvent des difficultés à organiser des sorties et des activités culturelles puisqu’ils ne connaissent pas les outils de médiation offerts par les organismes tels que l’Agora de la danse, mais aussi en raison des carences budgétaires dans le secteur public de l’éducation. Ces problèmes s’observent davantage dans les régions, où l’offre culturelle est moins diversifiée qu’à Montréal.

Opter pour une vision pluridisciplinaire et enrichir la diversité des stratégies, par la création de liens entre les artistes, les diffuseurs et le milieu éducatif, sont quelques unes des réponses apportées par le colloque. La question de la place de la danse au sein de la société québécoise dépasse la simple sphère culturelle: elle touche à des aspects politiques, sociaux et économiques.

Cette belle initiative, visant à rassembler pour la première fois sous cette thématique les différents acteurs du champ artistique de la danse, nous laisse du moins croire à un avenir culturellement riche et diversifié. Il est indéniable que les principaux acteurs ont la volonté de créer de nouvelles associations et de rapprocher la danse des jeunes publics. La question de la médiation culturelle et les pistes de solution pour la valorisation de la danse restent encore en suspens. De prochains colloques sont à souhaiter pour continuer à enrichir ces discussions et repenser les relations entre les artistes et leurs publics. La danse, mais aussi la culture en général, est indispensable pour une société en santé.

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Le colloque sur la danse dédiée aux jeunes publics s’est tenu au Pavillon de danse de l’UQAM les 25 et 26 septembre 2014. 

Article par Juliette Marzano.

Artichaut magazine

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