Notre nouvelle collaboratrice, Marianne Iezzoni, nous partage un coup de cœur théâtre: l’adaptation d’une pièce de Tchekhov par le théâtre Prospero
Dès notre arrivée dans la salle, nous entrons dans une aire carnavalesque, remplie de barbe à papa et de maïs soufflé, digne d’une fête foraine. Sous un bain de serpentins et de confettis, les spectateur·rices sont invité·es sur la scène en attendant le début de la pièce. L’atmosphère festive, brisant le quatrième mur, permet aux spectateur·rices de partager un moment avec les comédien·nes. Pour ce qui est de la pièce, le théâtre Prospero a su nous offrir une production digne de l’œuvre de Tchekhov. Traduite par André Markovich et Françoise Morvan, la pièce est adaptée au public québécois par Guillaume Corbeil et mise en scène par Catherine Vidal. La pièce démarre et l’ambiance qui se dégage est tragicomique. En effet, des clins d’œil à la vie contemporaine par l’entremise de commentaires sarcastiques vis-à-vis de l’actualité agrémentent le ton de la pièce de manière très amusante. Nous embarquons dans un univers où valsent l’utopie et les exigences brutes de la vie. Dès les premières paroles prononcées sur scène, nous nous retrouvons à l’intérieur d’un espace familial où fourmillent des histoires qui s’entremêlent. D’une histoire d’amour à un cœur qui se brise, d’une relation mère-fils complexe à une bromance, d’artistes tourmenté·es à des infidèles troublé·es, La Mouette est une pièce multigénérationnelle qui met en lumière des aspirations, des maux, de la réciprocité, de l’illusion et de la jeunesse. Constantin (Mattis Savard Verhoeven), le poète maudit, se voit confronté à sa mère, qui n’a jamais cru à son talent. D’ailleurs, Arkadina, la mère de Constantin, est brillamment jouée par Macha Limonchik. Le rêve prend beaucoup de place dans la pièce et l’on se rend compte que celui-ci fuit le personnage peu à peu. Amoureux de Nina (Madeleine Sarr), jeune aspirante actrice, Constantin commence à perdre sa lucidité alors que Trigorine (Renaud Lacelle-Bourdon), le conjoint d’Arkadina, s’apprête à saccager Nina psychologiquement. Aux côtés du triangle amoureux que forment Trigorine, Nina et Constantin se trouve Macha (Olivia Palacci), qui a le mal de vivre. À travers des illusions perdues et la tristesse des personnages, la pièce nous amène à comprendre la complexité de l’artiste et du processus de création, ce dernier étant vécu par plusieurs des personnages. En plus du rôle obnubilé de Constantin, on nous montre l’amour passionnel qu’il porte à Nina : une relation à fort accent féérique qui graduellement se dégrade. La mouette qu’il a chassée… un symbole d’amour perdu dans l’innocence d’une jeunesse ambitieuse. Bref, le spectacle nous plonge dans la frivolité et le désœuvrement. Sans oublier les fabuleuses performances des comédien·nes qui m’ont laissée sur ma faim. Cette œuvre est inévitablement un coup de cœur. Il y a une liste d’attente pour des billets pour les représentations supplémentaires, dépêchez-vous de vous inscrire!
Article rédigé par Marianne Iezzoni.