Thursday

17-04-2025 Vol 19

Uncommon Good. Un album hors du commun pour Busty and the Bass

Busty and the Bass peut être fier de son nouvel album, Uncommon Good, sorti le 8 septembre dernier. La barre était haute après le dernier EP du groupe, intitulé Lift, et il réussit à livrer du bon matériel, révélant son coté plus polyvalent!

Pochette de Uncommon Good, le nouvel album du groupe montréalais Busty and the Bass (source: Facebook officiel du groupe)

Moins agressif et rythmé que son dernier EP, l’album Uncommon Good offre une ambiance davantage soul et jazz qui va à merveille à Busty and the Bass. Ce groupe de musique montréalais est composé de neuf musiciens : le claviériste Evan Crefton, le bassiste Milo Johnson, le guitariste Louis Stein, les trompettistes Scott Bevins et Mike McCann, le tromboniste Chris Vincent, le chanteur Nick Ferraro, le batteur Julian Trivers ainsi que le pianiste Éric Haynes. Ils offrent, dans ce tout récent album, un mélange de soul, de rap, de R&B, de jazz et de hip-hop. Misant davantage sur la qualité plutôt que la quantité, l’album offre un total de dix chansons dont la durée varie entre quatre et cinq minutes. La qualité des arrangements vocaux et musicaux démontre la créativité du groupe.

Uncommon Good commence par la pièce Children, une brève introduction toute en douceur. Elle évolue dans un lent crescendo pour finalement introduire le second morceau, Up Top, plus rythmé. Dans sa structure, Uncommon Good n’est pas sans rappeler l’album Mylo Xyloto, du groupe pop rock britannique Coldplay, qui insère plusieurs petites intro musicales entre chacune des chansons, ce qui permet de créer un certain effet d’unité entre les pièces à travers l’album. La piste Up Top offre un agencement des voix de plusieurs chanteurs pour une ambiance plus soul. La phrase « Up top reaching », entêtante, est répétée à travers le refrain. C’est sans doute là la clé de son succès.

Pochette du single Up Top (source: Facebook officiel du groupe)

L’album enchaîne avec la chanson Memories and Melodies. Avec une introduction plus électro qu’Up Top, elle offre un bel arrangement de voix, mais son style soul s’harmonise difficilement avec les éléments rap. Plus loin sur l’album, la pièce Common Ground présente un mélange de rap et de soul mieux réussi. Rythmée grâce au son de la batterie de Julian Trivers et jumelée à la voix soul du chanteur Nick Ferraro, Common Ground est sans doute la chanson qui rend le mieux justice aux qualités vocales des chanteurs par la juxtaposition du rythme rapide du rap avec celui plus lent du soul.

La quatrième chanson de l’album, Things Change, se distingue deux chansons précédentes en raison de son rythme beaucoup plus lent. Dès le début, les sons de trompette combinés à la voix du chanteur plus soul, plus chaude, proposent un univers plus doux. Things Change et Dead Poet, la dernière pièce de l’album, se complètent bien. Toutes deux offrent un rythme plus lent que les autres pièces de l’album. Tandis que Things Change laisse entendre une voix douce accompagnée d’effets sonores de trompette plus graves, Dead Poet offre une voix plus grave harmonisée à une musicalité plus douce, grâce aux arrangements au piano d’Eric Hayne.

La chanson suivante, Free Shoes, aux refrains en vocoder qui contrastent avec les couplets rap, est, avec la chanson Dance with Someone, davantage rythmée et entrainante. L’arrangement des voix de ces deux pistes est unique, notamment grâce à la présence d’un vocoder dans les deux chansonsAinsi, on crée un univers d’avantage pop et rythmé.

Busty and the Bass (Crédit photographie: Greg McCahon)

La pièce Closer donne le goût de danser grâce au rythme jazzy de la trompette et à ses arrangements au clavier. Elle est, comme Bad trip qui lui succède, une avenue intéressante pour présenter les inspirations jazz de Busty and the Bass. Bad trip se distingue malgré tout de Closer en raison d’une présence plus marquée d’éléments rap et R&B.

Ce dernier album de Busty and the Bass donne l’impression que le groupe a voulu explorer un côté rap éparpillé, sans nécessairement toujours réussir à trouver un fil conducteur pour les relier. Les pièces, toutes très travaillées, sont très hétéroclites : elles ne réussissent pas toujours à créer une harmonie entre elles. Peut-être vaudrait-il la peine pour ce jeune groupe de limiter ses styles musicaux ?  Ainsi, la qualité des chansons en serait augmentée, quitte à utiliser certains styles avec parcimonie. Malgré tout, Busty and the Bass réussit son pari à bien des égards, entre autres en combinant avec brio les éléments soul, jazz et R&B. Les éléments jazz, présents en bonne dose à travers l’entièreté de l’album Uncommon Good, me plaisent particulièrement. Busty and the Bass semble encore être à la recherche d’une identité propre. Le groupe démontre tout de même une grande polyvalence quant aux genres musicaux qu’il sait combiner dans ses compositions, en plus de savoir mettre de l’avant le talent de chacun des musiciens du groupe. Il ne lui reste qu’à parvenir à trouver le ton juste tout en continuant de mettre de l’avant sa cette polyvalence musicale.

Uncommon Good, Busty and the Bass, Indica Records, Montréal, 2017.

Article par Marie-Andrée Labonté-Dupuis.

Artichaut magazine

— LE MAGAZINE DES ÉTUDIANT·E·S EN ART DE L'UQAM