En août dernier, Christian Lambert publiait son premier roman aux Éditions de la maison en feu. Les pâtes est une œuvre surprenante qui entremêle astucieusement enquête policière et humour. Le roman nous plonge au cœur de la communauté des Pâtes, un petit patelin dont l’économie repose sur son usine de pâtes et de papiers… du moins jusqu’à ce que l’entreprise décide de fermer ses portes! Après cet événement, les habitants quittent peu à peu, laissant derrière eux une ville fantôme. C’est à ce moment que tout commence à tourner au vinaigre, notamment parce que le taux de criminalité augmente considérablement.
Christian Lambert décrit précisément une petite ville où tout le monde se connait. Il jongle habilement avec les divers personnages. Au fil du récit, nous prenons conscience qu’ils sont étroitement liés les uns aux autres et que chacun possède un rôle précis dans la municipalité. J’ai été intriguée par l’aura de mystère qui entoure la ville des Pâtes, ayant l’impression que les personnages avaient tous un petit jardin secret. En effet, nous constatons que les habitants se font beaucoup de cachoteries. Heureusement pour les lecteur·ice·s, les langues se délient au fil des chapitres alors que les cartes sont mises sur table au compte-gouttes. Cela permet d’obtenir des réponses, même si elles ne contribuent qu’à accroître notre curiosité.
La violence se révèle lentement dans le roman. D’abord, un habitant découvre des graffitis sur l’un de ses immeubles. Il pointe directement du doigt le Catelli gang, troupe de petits malfaiteurs qui prend de l’ampleur en ville depuis quelque temps. Ensuite, un corps inanimé est découvert dans l’une des chambres du motel, qui appartient depuis peu à Charlie, le beau-père de Jeanne. Puis, Jeanne disparait. Ce qui était d’abord une fugue tourne rapidement au cauchemar, alors que la planification prend une tournure inattendue. Enfin, plusieurs cadavres sont retrouvés dans les bassins d’eau de la ville. Bref, la vengeance, la vente de stupéfiants, la guerre des clans et le meurtre courent les rues de Pâtes, ce qui fait en sorte qu’une grande violence y règne. Désireux·ses d’attirer de nouveaux habitants, les villageois·e·s utilisent toutefois à leur avantage la visibilité que ces événements leur procurent dans les médias. Qu’elle soit bonne ou mauvaise, cela reste pour eux de la publicité.
En somme, Les Pâtes est une œuvre brillamment orchestrée. Sa tournure dramatique nous tient en haleine jusqu’à la dernière page.
Lambert, Christian, Les Pâtes, Montréal, La maison en feu, 2024, 200 p.