David Clerson verra paraitre sa quatrième œuvre aux éditions Héliotrope le 1er février prochain. Dans Mon fils ne revint que sept jours, les lecteur·rice·s s’immergent au sein de la flore de la Mauricie et sont entrainé·e·s dans un récit à la fois d’enracinement et d’errance. Clerson emploie un vocabulaire recherché de la nature qui permet de la voir à travers les yeux de ses personnages. À travers son écriture, l’auteur nous garde à proximité de la nature tout au long de l’œuvre. En effet, celle-ci se retrouve à la fois chez ses personnages, jusqu’à se faufiler dans l’album photo de la famille et dans le portrait des lieux. Cela fait en sorte qu’en fermant les paupières, les lecteur·rice·s se croiraient elleux-mêmes au cœur de cette végétation abondante. Iels peuvent aller jusqu’à sentir leurs pieds s’enfoncer dans la sphaigne et entendre le doux frémissement des ailes de libellules virevoltant autour de leur tête. Iels perçoivent la chaleur étouffante de l’été et sont aveuglé.e.s par le reflet du soleil sur l’étang.
C’est dans cette atmosphère mystérieuse que les lecteur·rice·s ont accès à l’histoire d’une femme qui vit dans la solitude et l’attente. Cette protagoniste est enracinée dans des coutumes répétitives, passées de génération en génération. Tous les étés, elle se rend au chalet familial, s’y isolant des mois durant malgré les souvenirs douloureux qu’il renferme. Elle s’y remémore ses étés en famille à profiter de la fraicheur du lac et à cueillir les différents champignons qui peuplent cette forêt dense. C’était avant que son mari ne disparaisse sans laisser de traces et avant que son fils ne fasse de même pendant près d’une décennie. Pourtant, elle s’entête à y retourner chaque mois de mai. Jusqu’au jour où son fils, aux traits désormais marqués par l’âge, se tient sur son paillasson. Ce fils qui, sans jamais être saisissable, l’a entrainée par correspondance dans ses divagations et aux quatre coins de l’Amérique. Ce fils aux lettres étranges et inquiétantes, transmettant « […] une peur constante du réel, un désir persistant de s’enfuir, de s’enfoncer et peut-être de mourir[1] ». Cedont la réalité s’enchevêtre aux histoires que lui racontait sa mère pour l’endormir. Un homme dont les pensées sont envahies par la pourriture de la végétation, elle-même infestée de champignons et de sphaigne.
C’est le récit d’une décomposition du corps, d’une famille qui se désagrège, d’une mère constamment dans l’attente et dans le regret.
Clerson, David, Mon fils ne revint que sept jours, Montréal, Héliotrope, 2023, 126p.
[1] David Clerson, Mon fils ne revint que sept jours, Montréal, Héliotrope, 2023, p. 74.