Après avoir réalisé Souterrain en 2020, la Québécoise Sophie Dupuis revient en force avec son dernier film, Solo. L’univers de cette œuvre nous enveloppe de couleurs fluorescentes, de musique de toute sorte, d’humour et surtout de relations tumultueuses. Nous nous voyons transporté·e·s sur la scène du drag à Montréal par l’entremise du personnage principal, Simon (Théodore Pellerin). Jeune, bruyant et passionné, Simon tente de faire sa place dans le milieu aux côtés de sa sœur Maude (Alice Moreault), designer de métier, qui fabrique ses robes. Fusionnel·le·s, le frère et la soeur font déborder le sisterhood de l’écran. Dès le début du film, nous sommes en mesure de voir, surtout par le biais de la belle-mère Aline (Josée Deschênes), une famille acceptant le parcours de Simon au sein du monde de la drag ; c’est une vraie joie de voir un modèle parental inclusif. L’aisance de vivre qui exsude de Simon est d’une beauté unique. Le regarder se décontracter et se déhancher est délicieux. L’histoire prend une nouvelle tournure lorsqu’un nouveau membre, Olivier (Félix Maritaud), se joint à la troupe. Peu à peu, nous assistons au développement d’une histoire d’amour entre Simon et Olivier, où tous deux partagent une effervescence créative qui se traduit sur scène à travers leur nouveau duo. Parallèlement à leur high artistique, nous rencontrons la mère de Simon et Maude, Claire (Anne-Marie Cadieux), une grande chanteuse d’opéra renommée en Europe qui revient au Québec faire une tournée. Le film établit rapidement la relation des amoureux comme étant passionnelle et gourmande de vices. Solo met en lumière des gens qui aiment le nightlife et qui raffolent d’intensité, d’émotions fortes et de drogues. Le personnage principal crève l’écran lorsqu’il dit « j’ai envie que ça explose, pis qu’il y ait des feux d’artifices […] si c’est pas intense, j’ai juste envie de mourir ». Par ailleurs, Charles Lavoie, directeur musical, applique sa touche musicale lors d’une scène instrumentale incroyable: illuminée de projecteurs, cette scène propage une ambiance festive palpable. Plus le film avance, plus l’atmosphère du couple devient malsaine: Olivier commence à être méprisant et critique envers Simon et la toxicité envenime leur relation. Après maladies d’amour et renouements, la fin nous réserve une renaissance. Un empouvoirement qui brille sur scène pour une dernière fois souligne la fin d’un chapitre trouble pour Simon. Habillé d’une robe rouge, au sommet de l’extravagance, Simon nous offre une dernière danse. Bref, je vous conseille fortement de regarder ce film, ce gemme québécois qui nous en fait voir de toutes les couleurs et qui nous plonge de manière plus intime dans le monde de la drag à Montréal. Si vous êtes à la recherche d’un regard sensible sur les relations toxiques au travers de personnages complexes trop souvent mal compris, vous serez servi·e·s.