Au pays du désespoir tranquille, premier roman de Marie-Pierre Duval, est inspiré de son expérience en tant que recherchiste dans le milieu de la télévision québécoise. L’autrice utilise dans son livre ses propres questionnements et émotions, ce qui en fait une œuvre réaliste dans laquelle il est aisé de se reconnaitre. Marie-Pierre Duval illustre le mal-être qui résulte des demandes excessives faites aux femmes. La femme, l’amie, l’amante et la mère brûlent la chandelle par les deux bouts jusqu’à tomber au combat contre les attentes de performance, de productivité, de culpabilité et de perfection.
Au pays du désespoir tranquille met en scène Marie qui est une amie difficile à booker, une amoureuse peu présente, une mère trop occupée, une recherchiste débordée et une femme qui n’a pas une seule seconde pour elle-même. Marie n’a jamais l’impression d’être à la hauteur, malgré le fait qu’elle se surmène dans les différentes sphères de sa vie. Cette pression sociale la mène inévitablement vers un burn-out, qu’elle ressent autant émotionnellement, professionnellement que physiquement. Marie essaie tant bien que mal de retrouver sa joie de vivre, ce qui l’entraine incessamment vers de nouveaux questionnements. À l’aide de différentes expérimentations, elle tente de retrouver la capacité de se concentrer sur le moment présent et d’apprécier les choses simples de la vie, alors qu’elle réalise ne pas avoir ressenti ce vrai sentiment de bien-être depuis des années. C’est au bout de lectures, de thérapies et d’expériences qu’elle reprend lentement sa vie en main et retrouve de petites parcelles de bonheur dans son quotidien.
L’œuvre de Marie-Pierre Duval a su refléter avec brio les réalités des femmes d’aujourd’hui qui jonglent avec leurs nombreuses obligations sociales et professionnelles. L’autrice met en scène la pression de performance exercée sur les femmes, ce qui peut les amener malheureusement et trop souvent à vivre de l’anxiété, du burn-out, voire même de la dépression. Plusieurs femmes se reconnaitront dans les propos du personnage principal, dont la charge mentale et émotionnelle lui ont fait perdre à la fois son identité et son bonheur.
Du haut de mes 24 ans, j’ai déjà pu me reconnaitre vis-à-vis des pressions de la société dont il est question dans le roman. En effet, ces pressions de performance, de perfection et de conformisme sont bien présentes au 21e siècle et elles sont certainement responsables des maux de plusieurs femmes. Ce roman m’a permis d’ouvrir les yeux sur notre tendance à toujours vouloir surpasser les attentes pour contrer le patriarcat. Nous voulons performer dans tout, nous repoussons sans cesse nos limites à en devenir « excellentes jusque dans l’autodestruction[1] ».
[1] Marie-Pier Duval, Au pays du désespoir tranquille, Montréal, STANKE, 21 février 2022, p.90
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Duval, Marie-Pierre, Au pays du désespoir tranquille, Montréal, STANKE, 21 février 2022, 304p.
Article rédigé par Mégane Therrien.