De son propre aveu nerveuse et excitée, la chanteuse et harpiste montréalaise Emilie Kahn en a fait rêver plus d’un, le 2 octobre dernier, alors qu’elle a présenté dans son entièreté son tout premier disque intitulé 10 000 devant une salle comble au Gesù de Montréal.
Avec l’aide d’Ogden, sa harpe, elle a offert une prestation en trio d’un peu moins d’une heure mêlant pop, baroque et indie. Il est facile de comparer son œuvre à celle de Joanna Newsom, probablement la plus célèbre harpiste à avoir émergé depuis 10 ans. Toutefois, sa musique a un côté plus rythmé et plus pop qui la rapproche d’artistes comme Feist ou Julia Holter. Elle semble aussi aimer faire planer son auditoire avec plusieurs envolées musicales durant le spectacle, comparables au Karkwa des Chemins de verre.
Le quatuor à cordes de Monogrenade a accompagné Emilie Kahn sur deux morceaux plus mélancoliques pour leur donner plus de profondeur, dont la très appréciée finale, White Lies. Le claviériste Clément Leduc, du groupe électronique montréalais Hologramme, a quant à lui apporté une texture plus riche et un son plus rock sur certaines pièces. Si elle chantait en anglais, la jeune artiste s’est exprimée dans les deux langues officielles lorsqu’elle conversait avec la foule, alternant parfois au sein d’une même phrase.
Le public a semblé conquis dès les premières secondes de la prestation, offrant un silence radio pendant chaque pièce et de bons applaudissements à leur conclusion. Il était d’ailleurs assez intéressant de constater la diversité de la foule: on y voyait tantôt de jeunes punks, tantôt des personnes âgées. Chose certaine, la musique chaleureuse a fait plaisir aux nombreux spectateurs qui étaient venus en couple au spectacle.
Parmi les moments marquants, il est difficile d’ignorer la pièce Hold Me Down. Pour celle-ci, Emilie a fait appel à un séquenceur pour faire jouer sa harpe en boucle, lui permettant ainsi de se lever pour se consacrer entièrement au chant. La pièce s’est conclue sur un long passage instrumental à la fois groovy et atmosphérique, les synthétiseurs étant utilisés à leur plein potentiel.
La mise en scène reposait sur un contraste entre la lumière et la noirceur. Dès l’arrivée des spectateurs, une toute petite lumière dans une cage accompagnait Ogden dans un décor complètement noir. À mesure que la soirée a progressé, d’autres ampoules se sont allumées au rythme de la musique, certaines placées au sol et d’autres suspendues dans les airs en ribambelle. La pièce Long Gone, placée en plein milieu de la prestation, a grandement profité de ces effets.
Emilie & Ogden voyageront ensemble en Europe ce mois-ci pour des spectacles en Allemagne, en Irlande, en Islande et au Royaume-Uni avant de donner quelques concerts aux États-Unis. Ils reviendront au Québec le 21 novembre pour un spectacle à Sherbrooke et s’arrêteront à Shawinigan, à Trois-Rivières, à Laval et à Lévis.
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Le lancement d’Emilie & Ogden a eu lieu le 2 octobre dernier au Gesù, à Montréal. Son premier album, 10 000, est disponible en magasin, sur iTunes et sur Spotify sous l’étiquette Secret City Records.
Article par Estelle Grignon.