La Pastèque a célébré en 2013 ses 15 ans d’existence. «Quinze ans, ça peut paraître anodin, mais dans le monde de l’édition au Québec, surtout en bande dessinée, il s’agit ni plus ni moins d’un exploit.» C’est sur ces mots de Martin Brault, un des deux fondateurs de La Pastèque, que commence la lecture du charmant livre La Pastèque 15 ans d’édition qui souligne le parcours effervescent de l’estimée maison d’édition québécoise, spécialisée en bandes dessinées.
Fondée en 1998 par Frédéric Gauthier et Martin Brault, alors libraires à La Mouette rieuse, La Pastèque en a fait du chemin en 15 ans. Les deux futurs éditeurs souhaitaient fonder une maison d’édition qui égalerait ce qui ce faisait à l’époque en France, tout en permettant à la bande dessinée québécoise (BDQ) de rayonner, longtemps associée aux magazines et aux fanzines. Leur première publication fut la revue de bande dessinée Spoutnik 1, suivie en 1999 de la traduction de Chère Julia de Brian Biggs. Grâce à sa ligne éditoriale claire mettant l’accent sur une facture graphique raffinée et un professionnalisme irréprochable, La Pastèque a su se tailler une place de choix dans le paysage éditorial québécois en publiant à ce jour plus de 140 titres de qualité, dont la très encensée série Paul de Michel Rabagliati.
La Pastèque 15 ans d’édition propose donc un condensé de ces 15 années d’acharnement, insérant dans ses 272 pages archives, photographies, documents inédits et extraits de bandes dessinées. Le tout, bien entendu, s’appuyant sur une présentation aussi colorée qu’élégante. Le beau livre contient également une section remémorant l’exposition au Musée des beaux-arts de Montréal consacrée à La Pastèque, née de la collaboration entre le musée et la maison d’édition à l’occasion de son 15e anniversaire.
Un des aspects les plus intéressants de l’ouvrage est la longue entrevue réalisée par Jean-Dominique Leduc avec Frédéric Gauthier et Martin Brault. Au-delà des précisions sur les circonstances entourant la création de La Pastèque et son évolution, on en apprend davantage sur le monde obscur de l’édition, de la sélection à la distribution, en passant par les étapes de l’exportation et de la promotion. Par exemple, Spoutnik 1 s’est davantage vendu aux États-Unis qu’au Québec en raison de la volonté des éditeurs d’exporter leurs livres pour agrandir leur marché. Également, les interviewés font humblement le point sur le fleurissement de la BDQ et sur la recette du succès de leur maison d’édition. Ce côté humain de l’entreprise est renforcé par les bons mots des textes de Pierre Fournier (dessinateur et créateur de Capitaine Kébec) qui signe l’introduction, et de Bart Beaty sur la création de Spoutnik. Mélanie Vincelette (fondatrice des éditions Marchand de feuilles) livre aussi un touchant témoignage sur le caractère inspirant des livres de La Pastèque, «précurseurs d’un mouvement culturel et économique qu’il est encore difficile de nommer.» (p.60)
«Nous récoltons le fruit de nos efforts. C’est beaucoup plus facile de faire notre boulot d’éditeur aujourd’hui que ça l’était il y a huit ans seulement. Cela dit, nous avons encore beaucoup de pain sur la planche…» (p. 53)
La Pastèque 15 ans d’édition c’est aussi, et surtout, le plaisir de feuilleter des dizaines de pages remplies d’illustrations des bédéistes de talent du Québec. Un vrai livre d’art qui se plaît à insérer des images des artéfacts de la maison d’édition. On pense aux nombreux objets (signet, sac, boîtier, coffret, autocollants) confectionnés à l’occasion de la parution des Paul, immense succès ici comme ailleurs, en partie responsable de la renommée de La Pastèque.
Bref, La Pastèque 15 ans d’édition est la remarquable et nécessaire célébration des 15 années d’existence de la maison d’édition québécoise qui, toujours, offrira le meilleur de la BD.
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La Pastèque 15 ans d’édition, Montréal, La Pastèque, 2013, 270 p.
Article par Sarah Daoust-Braun. Étudiante au baccalauréat en journalisme à l’UQÀM. Passionnée de culture, surtout de cinéma et de littérature, et consommatrice excessive de chocolat.
