En 2022, j’ai eu la chance de découvrir la plume d’Isabelle Grégoire dans le livre Vert comme l’enfer, publié chez Québec Amérique. Lorsque j’ai eu vent de la réédition de son roman Fille de fer, d’abord paru en 2019, j’étais très enthousiaste à l’idée de le lire.
Je ne savais pas tout à fait à quoi m’attendre de cette lecture entourant le monde ferroviaire. Je savais toutefois qu’Isabelle Grégoire sait habilement nous faire plonger dans l’univers de ses œuvres. Je ne suis pas une grande connaisseuse des trains, mais l’autrice était sans aucun doute très bien renseignée et m’a fait découvrir cette thématique de manière divertissante. La protagoniste de son roman, Marie, est une femme au fort caractère qui déplace beaucoup d’air. Après avoir été chauffeuse de camion pendant quelques années, elle poursuit son chemin parmi le boys club des transports et devient chauffeuse de train. Comme ils sont considérés des métiers d’homme, elle est constamment discriminée et rejetée. Elle est cependant loin de se laisser marcher sur les pieds.
À la suite de ses études, Marie traverse constamment le pays avec son train. Selon les nouvelles procédures, elle conduit seule. Lorsqu’un pépin surgit, elle est donc l’unique responsable des vérifications et des réparations. Alors qu’elle traverse le pays au cœur d’une tempête hivernale – et émotionnelle –, son train déraille. Elle sort donc vérifier l’état du train, sans prendre le temps d’avertir son contrôleur ferroviaire comme le veut le protocole. Dans son empressement, Marie tombe et se blesse. Par miracle, un homme, grand comme une bête, la trouve et la ramène chez lui pour la soigner. Elle est, à ce moment, loin de se douter que tout le Québec est à sa recherche. En pleine convalescence au milieu des bois, elle s’amourache de cet homme qui l’a secourue. Cet homme cachotier est-il réellement celui qu’il prétend être ?
Le roman débute sur une scène d’action qui laisse présager que nous serons intrigué·e·s tout au long de notre lecture. Pour ma part, j’ai tourné les pages à un rythme fou, ayant bien hâte de découvrir le fond de cette histoire mystérieuse. Le récit en lui-même possède une cadence rapide. On craint sans cesse pour le bien-être et la sécurité de Marie, surtout lorsqu’elle fouine dans des effets personnels.
En plus de nous exposer au monde ferroviaire, le roman nous immerge à la fois dans les coutumes autochtones et dans l’univers littéraire. En effet, Marie est une métisse née d’une mère crie et d’un père français. Bien que sa mère l’ait quittée à sa naissance, son père habite toujours la communauté autochtone. Cela fait donc en sorte que nous avons accès à plusieurs coutumes autochtones, comme les rêves et les tentes de sudation. Certains enjeux autochtones, notamment en lien avec la santé environnementale, se taillent aussi une place dans le roman. Par ailleurs, cette œuvre plaira aux littéraires puisqu’on y retrouve plusieurs références à de grand·e·s auteur·ice·s, comme Zola, Melville et Guèvremont. Celles-ci nous incitent à déterrer nos classiques afin de les lire à nouveau.
Grégoire, Isabelle, Fille de fer, Montréal, Québec Amérique, coll. « QA », 2023, 240p.