Expérience sensorielle avec Roscoe Mitchell pour clore l’OFF JAZZ

L’heure était aux remerciements à quelques instants du spectacle de clôture de l’OFF JAZZ, le samedi 15 octobre dernier au…
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L’heure était aux remerciements à quelques instants du spectacle de clôture de l’OFF JAZZ, le samedi 15 octobre dernier au Gesù. L’ultime spectacle du festival a définitivement su ravir le public qui s’était déplacé pour vivre «l’expérience Roscoe Mitchell».

Crédit photo: Michel Pinault
Crédit photo: Michel Pinault

En effet, pour clore dix soirs de festivités, les organisateurs de l’OFF JAZZ ont offert tout un spectacle aux amateurs de jazz présents au Gesù. 20 musiciens, 10 de Montréal, 10 de Toronto et le jazzman de renommée internationale Roscoe Mitchell étaient réunis sur scène. Le Chicagoan d’origine est reconnu pour ses improvisations multi-instrumentales depuis près de cinquante ans. De leur côté, les musiciens, tous professionnels, étaient issus du Toronto Creative Orchestra Projects et de Musique Rayonnante Montréal.

Dirigés par le chef d’orchestre Gregory Oh, les 20 musiciens ont tout d’abord interprété quelques pièces sous le regard attentif de Mitchell, assis, jambes croisées, sur une chaise dans l’ombre de la scène. Puis, après coup, dans un grand silence du public, le septuagénaire s’est levé pour prendre place au centre de la scène, sous les projecteurs. En compagnie de son traditionnel saxophone soprano, il s’est joint pour la première fois aux musiciens canadiens pour y interpréter entre autres, They Rode for Them, Ride the Wind ainsi que Splatters.

Roscoe Mitchell s’est ensuite adressé au public présent pour vulgariser le spectacle qui s’offrait devant eux depuis une soixantaine de minutes. Comme le jazzman l’explique, il s’agit de transcriptions de plusieurs de ses improvisations, aussi adaptées pour être jouées par un orchestre. De plus, il ajoute que chaque pièce est unique.

Unique, c’est le cas de le dire: chaque pièce est une expérience sensorielle différente. La musique du compositeur nous transporte dans des contrées lointaines, à un point de perdre tous ses repères. Par exemple, une des nombreuses pièces nous transporte dans la jungle amazonienne. Il est encore tôt, le soleil ne semble pas encore levé, c’est silence dans la salle du Gesù. Puis, tout à coup, la jungle s’anime : les oiseaux se mettent à gazouiller, les animaux à chanter. Avec leurs trombones, leurs bois, et plusieurs autres instruments, les musiciens répliquent ces sons exotiques. Peu à peu, la vie semble reprendre dans cet univers qui est maintenant beaucoup plus que simplement sonore pour l’auditeur. Les bruits semblent si réels qu’il est facile de visualiser l’environnement duquel ils proviennent, de ressentir l’humidité de la forêt, de sentir l’odeur de la nature, de ces plantes si vertes tout en observant les rayons du soleil filtrer à travers les gigantesques arbres.  Ne suffit que de fermer les paupières un instant pour s’inviter à ce merveilleux spectacle.

Concert terminé, le public s’est empressé de se lever de son siège pour ovationner Mitchell et ses musiciens. Dans la salle, certains scandent même son nom, visiblement comblé par la prestation du grand jazzman. Deux heures de jazz, ou plutôt deux heures de créations plus originales les unes que les autres auront finalement clos l’OFF JAZZ de Montréal qui promet d’être aussi divertissant l’an prochain.

C’est le président du festival, Lévy Bourbonnais, qui s’est avancé sur la scène durant la soirée pour y aller d’un bref bilan ainsi que de plusieurs remerciements. L’OFF JAZZ se porte bien, tient-il à préciser, le public est heureux de la qualité des spectacles offerts et les musiciens autant émergents qu’établis aiment s’y produire. Du moins, malgré les maigres cachets dont l’organisation du festival peut se permettre de verser. Ces cachets n’ont jamais été aussi bas, précise le président. Cependant, il dit vouloir travailler à une amélioration de ce point pour les prochaines années. Bourbonnais a aussi souligné l’excellent travail de tous les bénévoles qui font de l’OFF JAZZ une réussite depuis maintenant 17 ans. Ces bénévoles contribuent grandement à ce que ce festival créé par des musiciens, pour des musiciens, continue de briller sur la scène jazz montréalaise.

Article par Ludovic Théberge.

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