Le 12 août est la journée parfaite pour aller faire un petit tour dans une librairie afin de dénicher une nouvelle lecture. L’événement « le 12 août, je lis québécois » permet de soutenir les maisons d’édition de la belle province en encourageant la production locale. Comme nos librairies regorgent d’œuvres québécoises plus intéressantes les unes que les autres, il peut être difficile d’arrêter son choix – au grand dam de notre porte-monnaie. L’équipe du Pupitre littérature vous conseille donc 12 œuvres récentes issues de la grande variété qui nous est offerte sur les tablettes. ATTENTION : L’Artichaut décline toute responsabilité quant aux désirs que cet article peut susciter.
S’enjailler de Stephie Mazunya
Cette pièce rédigée par Stephie Mazunya est une production de Porte débarrée, présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui du 16 avril au 11 mai 2024. S’enjailler met en scène les luttes quotidiennes de quatre Québécoises afro-descendantes d’origines différentes. À travers les différentes scènes, elles discutent de tout et de rien : leur dernière soirée au bar, les amoureux, les expériences sexuelles. Leur discours est entrecoupé d’expressions, de mœurs et de coutumes qui reflètent la complexité de leur identité. La pièce, publiée aux Éditions remue-ménage, soulève également plusieurs enjeux à la fois raciaux et féministes.
En bref, c’est une pièce captivante qui explore de manière légère les diverses formes de discrimination auxquelles font face les jeunes femmes afro-descendantes et met en évidence le pouvoir unificateur de l’adversité. Elle termine d’ailleurs en beauté avec une postface de Chloé Savoir-Bernard.
Les certitudes vagabondes de Valérie Chevalier
Valérie Chevalier revient en force avec sa nouvelle œuvre Les certitudes vagabondes, qui propose une réflexion approfondie sur les relations amoureuses. Le texte, paru chez Hurtubise, prend la forme de fragments qui entremêlent autofiction et essai. Il peut être lu d’un seul coup, comme il peut être décomposé afin de bien mijoter sur chacune des réflexions. Nous y suivons une protagoniste dans la mi-trentaine qui jongle avec les souvenirs de ses différentes relations amoureuses et qui se questionne sur le grand amour. La certitude d’avoir trouvé LE bon existe-t-elle ?
C’est une œuvre très personnelle dans laquelle la plume poétique de Valérie Chevalier brille de mille feux.
Le fugitif, le flic et Bill Ballantine d’Éric Forbes
Après plusieurs années d’attente, Éric Forbes revient en force en publiant chez Héliotrope la suite de son tout premier roman, Amqui. Alors que le premier tome nous réservait une quête assassine et sanguinaire, Le fugitif, le flic et Bill Ballantine nous plonge quant à lui dans une poursuite infernale dans laquelle les assaillants sont sans pitié. L’étrange alliance entre un libraire impitoyable, un policier retraité et un jeune homme effronté fait tanguer le livre entre le genre humoristique et le roman noir. Difficile de ne pas s’attacher à ces personnages surprenants, mais surtout de ne pas s’inquiéter pour leur sort alors qu’ils sont traqués sans relâche.
Une course-poursuite qui nous laisse hors d’haleine.
Hanter Villeray de Gabrielle Caron
Maude vient de mourir. Du moins, c’est ce qu’elle suppose puisqu’elle se retrouve dans son appartement de Villeray… sous forme de fantôme. En quête de réponses, elle déambule dans son ancien appartement. Au fil des heures, des jours, des mois, des années qui passent – la notion du temps n’étant pas évidente en tant que fantôme, Maude réalise que son départ lui permet de réfléchir différemment à sa vie et, tranquillement, de faire la paix avec elle-même.
Publié chez Stanké, ce livre de Gabrielle Caron permet une réflexion pertinente sur la vie, tout en étant divertissant à souhait. Entre les nombreuses références tirées des millénariaux – comme les Spice girls, Occupation double et le Titanic, la protagoniste nous rappelle l’importance de prendre le temps alors que notre époque nous impose un rythme de vie effréné.
Un ciel sans étoiles de Gabrielle English
Le nouveau roman de Gabrielle English, publié chez Lux et Nox, et un parfait mélange entre le fantastique et la romance. Celui-ci nous invite à entrer dans les ruines de l’Ancien Monde où les clans rescapés s’affrontent sans merci. Wendy, réputée pour sa générosité et son absence totale de réticence à accueillir des enfants orphelins sous son aile, fait la connaissance de X, un redoutable combattant. Ils mettront leurs caractères complémentaires en action afin d’assurer la survie de leur ile.
Un ciel sans étoiles est en quelque sorte une version moderne de Peter Pan dans laquelle l’entraide est le seul moyen de survivre.
Quand t’es tombé de Jessyca David
Les Éditions Kairos, fondées par Geneviève Simard et Jessyca David, ont fait leur entrée sur le marché juste à temps pour la journée du 12 août avec la publication de leurs trois premiers romans. Jessyca David, connue pour sa série La note brisée, a publié Quand t’es tombé le 7 août dernier. On y suit l’histoire chamboulante d’Ellie. Promise à son fiancé Anthony, Ellie voit tout son monde s’effondrer lorsque celui-ci décède subitement d’un accident d’escalade. En deuil, elle blâme son meilleur ami, Jackson, pour la mort de son grand amour. Lorsqu’elle trouve une bucketlist dont elle ignorait l’existence, Ellie se met en tête de tout réaliser en l’honneur d’Anthony. Elle ne se doutait pas que chaque étape pour atteindre cet objectif mettrait Jackson sur son chemin.
Cette romance contemporaine nous plonge dans une histoire d’amour interdit qui donne chaud!
Jouissive de Natalie-Ann Roy
Cette œuvre publiée chez Québec Amérique est haute en couleur – non seulement par la présence de pages colorées, mais surtout par son contenu. Natalie-Ann Roy nous plonge dans un univers de sexualité festive à travers diverses nouvelles érotiques. Elle explique en préface qu’il s’agit pour elle d’une manière de reprendre le contrôle sur sa sexualité. L’autrice de Libérer la colère et Libérer la culotte nous offre donc encore une fois une œuvre politique dans laquelle la sexualité féminine est explorée sous différentes facettes.
Loin d’être écrite pour le male gaze, l’œuvre propose des textes dans lesquels les protagonistes féminines ont une vie sexuelle saine dans laquelle il n’y a ni retenue ni tabou.
Fanny de Rébecca Déraspe
La nouvelle pièce de Rébecca Déraspe, présentée au Théâtre du Bic à Rimouski du 16 juillet au 17 août, met en lumière le vieillissement et le conflit des générations. Fanny et Dorian, un couple entre la cinquantaine et la soixantaine, accueillent une étudiante, Alice, à leur domicile. Alice étant très engagée, voire provocatrice par moment, elle argumente sans retenue avec ses hôtes, un couple blanc privilégié. L’entrecroisement des générations permet de voir l’évolution de la pensée quant à divers sujets, ce qui donne lieu à des discussions enflammées intéressantes.
Impossible de ne pas être complètement charmé·e par le personnage de Fanny, un petit paquet de nerfs qui n’a pas la langue dans sa poche.
Toronto jamais bleue de Marie-Hélène Larochelle
Dans ce roman de Marie-Hélène Larochelle, publié chez Leméac, nous suivons le quotidien de quelques femmes qui n’ont pas la vie facile. Nous rencontrons Hannah, une jeune itinérante qui se retrouve entre les griffes d’un profiteur, Carol, une itinérante corpulente qui donne naissance dans une ruelle, et quatre colocataires dont la sécurité est menacée par leur métier de prostituées. Ce roman troublant nous met face aux multiples enjeux de la prostitution, n’ayant aucune pitié pour les âmes sensibles.
Une œuvre qui nous empêche de détourner le regard et qui nous contraint d’être témoin de la misère.
Peuple de verre de Catherine Leroux
Dans une autre vie, Sidonie était journaliste. Elle racontait entre autres des histoires d’éviction, mettant en lumière le manque de logements. Alors que des campements s’érigent, certaines personnes commencent à manquer à l’appel. Dans un journal destiné à Régine, Sidonie raconte comment son propre monde s’est effondré et comment elle s’est, elle aussi, retrouvée enfermée dans ce lieu où sont hébergés les « inlogés ».
Une dystopie si près de la réalité – vu la crise de logement actuelle – qu’elle donne froid dans le dos. Ce roman publié chez Alto nous pousse à réfléchir au sujet de l’espace, la liberté et la manipulation.
La terre maternelle d’Anne-Marie Turcotte
Le nouveau roman d’Anne-Marie Turcotte, publié chez XYZ, nous replonge au cœur des années 2000. On y feuillette le catalogue Sears, on y écoute La Fureur, on y joue à Mario Kart et on y magasine chez Korvette. Outre ces nombreuses activités quotidiennes, nous suivons Anne qui quitte le Témiscouata pour aller étudier en ville. Toutefois, elle a beau quitter son village natal, il est encré en elle à tout jamais. Le vocabulaire du Bas-Saint-Laurent et les légendes rurales nous immergent dans l’univers de la petite ville de Dégelis.
Doux mélange entre l’autofiction, le conte et la légende, le roman met de l’avant l’importance des racines familiales dans le développement de notre identité.
Congé de Cassie Bérard
Clémence est policière. Plutôt, Clémence est une policière en congé de maternité. Vivant sur la terre familiale où son père est décédé d’un bête accident, elle ressent soudainement le besoin irrépressible de s’en éloigner. Elle quitte alors sa petite communauté de Mystic, dans les Cantons-de-l’Est, pour retrouver son amant à Portland afin de lui rendre son manuscrit incomplet. Débute alors un récit sens dessus dessous qui se délie lentement au fil des pages et nous surprend à chaque nouvelle révélation.
Ce roman, publié chez La Mèche, illustre comment le passé peut, malgré nous, façonner le présent.
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Bérard, Cassie, Congé, Montréal, La Mèche, 2024, 132 p.
Caron, Gabrielle, Hanter Villeray, Montréal, Stanké, 2024, 272 p.
Chevalier, Valérie, Les certitudes vagabondes, Montréal, Hurtubise, 2024, 260 p.
David, Jessyca, Quand t’es tombé, Montréal, Kairos, 2024, 278 p.
Déraspe, Rébecca, Fanny, Montréal, Ta mère, 2024, 248 p.
English, Gabrielle, Un ciel sans étoiles, Montréal, Lux & Nox, 2024, 354 p.
Forbes, Éric, Le fugitif, le flic et Bill Ballantine, Montréal, Héliotrope, coll. « Noir », 2024, 280 p.
Larochelle, Marie-Hélène, Toronto jamais bleue, Montréal, Leméac, 2024, 200 p.
Leroux, Catherine, Peuple de verre, Québec, Alto, 2024, 288 p.
Mazunya, Stephie, S’enjailler, Montréal, Remue-ménage, coll. « la nef », 2024, 152 p.
Roy, Natalie-Ann, Jouissive, Montréal, Québec Amérique, coll. « QA Fiction », 2024, 192 p.
Turcotte, Anne-Marie, La terre maternelle, Montréal, XYZ, coll. « Romanichels », 2024, 208 p.