Le 7 octobre dernier avait lieu le lancement de Rachel Therrien au Quai des Brumes de Montréal. La jeune trompettiste montréalaise a présenté son nouvel opus intitulé Home Inspiration. Elle a fait résonner son jazz teinté d’influences latines et afro-cubaines dans le petit bar de la rue St-Denis.
Les membres du quintet, formé de Benjamin Deschamps au saxophone alto, de Charles Trudel aux claviers, de Simon Pagé à la basse, d’Alain Bourgeois à la batterie et bien sûr de Rachel Therrien à la trompette, ont tour à tour montré leur grande habileté technique et leur créativité. Comme la majorité des œuvres du genre, sa musique laisse beaucoup de place à l’improvisation: les musiciens se sont laissés aller.
La chimie entre les membres du groupe est impressionnante. Toujours à l’écoute, les accompagnateurs suivent les idées du soliste en le mettant en valeur. Ils changent les dynamiques et en varient le rythme. Les pièces présentent beaucoup de relief, passant du très doux au très fort et du très simple au très complexe.
Trois pièces ont été présentées lors du lancement. La première, To John, étonne au départ. Elle commence avec le groupe qui tape des mains, chacun à un rythme différent. La batterie et la basse enchainent avec un groove très latin, puis les autres instrumentistes entrent en scène. Deschamps s’impose rapidement avec un long solo au saxophone; il décoiffe avec des tirades rapides et agiles qui font penser à John Coltrane et Charlie Parker. Dans l’ensemble, la pièce est entrainante et facile à retenir avec sa ligne de basse simple et sa mélodie enjouée.
La deuxième pièce, Ploma, est selon Rachel Therrien le hit de l’album. Composée par son bassiste, Simon Pagé, c’est une chanson très énergique, à tempo rapide. La mélodie jouée à l’unisson à la trompette et au saxophone nous transporte dans les Caraïbes. Encore une fois, les musiciens démontrent leur grand talent d’improvisateurs. Alain Bourgeois impressionne avec un solo de batterie très solide. Le clavier apporte une dimension un peu plus psychédélique cette fois, avec des sons plus ambiants et travaillés. Difficile de dire maintenant si ce sera un hit comme le prédit la trompettiste, mais c’est tout de même le morceau qui a été le plus apprécié par l’assistance.
La soirée s’est terminée tout en douceur avec la pièce Thelxinoe, une pièce jouée en duo piano et trompette. Dès les premières notes de cette balade, la salle est plongée dans une mélancolie. La mélodie de Therrien donne des frissons. Son improvisation nous rappelle le grand Miles Davis, qui savait transmettre beaucoup d’émotions en peu de notes. Cette pièce très introspective contraste avec les deux pièces précédentes et montre un côté plus triste, plus doux de la jeune compositrice-interprète. Le jeu de Trudel au piano, qui délaisse le son électronique du Rhoads pour ce morceau, laisse entrevoir des influences de la musique classique. Mais il se laisse, lui aussi, emporter dans l’improvisation.
L’album Home Inspiration est à découvrir. Les amateurs de jazz se régaleront des prouesses techniques des musiciens et de leur sens mélodique, mais les non-initiés y trouveront aussi leur compte. Bien que riche, la musique reste accessible, car Rachel Therrien mélange le jazz à la musique latine et y ajoute même un style un peu populaire. Bref, il s’agit d’un album haut en couleurs et en sonorités agréables.
—— Home Inspirationest disponible sur la page Bandcamp de Rachel Therrien. On y trouve aussi son premier album intitulé On Track, paru en 2011.
Article par Philippe Lemelin. Étudiant en journalisme et musicien, passionné de cinéma et d’art en général, curieux de nature et friand de nouvelles découvertes.
