Le 18 février dernier, les Rendez-vous du cinéma québécois (RVCQ) présentaient le long métrage Enfin l’automne, écrit et réalisé par Olivier Roberge et Patrick Boivin. Fait important à souligner, le projet a été produit sans aide financière. Le tout tourné avec les moyens du bord, ce qui en soi représente une réussite. Le film a d’abord été téléversé sur Internet, vous pouvez d’ailleurs toujours le visionner sur YouTube.
Enfin l’automne raconte l’histoire de deux amis, Jérôme et Jack. Tous deux tombent amoureux de la même fille, Maude. Finalement, Jérôme obtient le gros lot et une sorte de triangle amoureux s’installe entre les trois personnages. Parallèlement, Jack écrit une pièce de théâtre pour marionnettes qui fait office de mise en abîme de ce triangle amoureux. Le principe est efficace, mais n’amène pas de profondeur au récit, d’autant plus qu’il est très peu exploité. Cette situation qui devrait être conflictuelle (le triangle amoureux) ne semble en rien affecter les personnages. On comprend mal la volonté de chacun ; qui ils sont, ce qu’ils veulent réellement. De plus, le film nous mène dans des directions parfois inutiles qui, encore une fois, n’ajoutent rien ou sont trop peu exploitées. Il est vrai qu’on aurait pu y voir une volonté de représenter la réalité, de rendre à l’écran l’authentique des relations amoureuses et amicales. Cependant, certains aspects du scénario sont trop évidents, trop écrits. Le personnage du prêtre en est un très bon exemple : le vieil homme sage qui apporte ses réflexions sur la vie à travers de belles anecdotes. C’est sympathique, mais on fait le tour assez rapidement. De plus, l’utilisation des quatre saisons pour rythmer ou ponctuer le récit reste faible et floue. En définitive, trop d’éléments semblent être exploités de façon trop peu convaincante.
Il n’y a pas que du mauvais tout de même. Les acteurs campent bien leurs rôles. Le budget étant absent, les temps de répétitions avant le tournage sont souvent courts, voire inexistants. Réussir à avoir des acteurs convaincants dans ces conditions mérite d’être félicité. Techniquement, le film fonctionne bien. La direction photo réussie la plus part du temps à bien gérer les difficultés et les limites du numérique. La réalisation n’abuse pas de moyens techniques superflus, malgré que le choix de musique m’ait semblé par moment étrange et surtout accessoire. Par-dessus tout, aucun problème majeur de son ; aucun bruit de perche, problème de mixage ou de prise de son (ce qui est assez commun dans les films autofinancés).
Au final, le scénario aurait peut-être mérité une réécriture. Le tout reste superficiel et s’essouffle trop rapidement. Cependant, on ne peut nier le talent et la passion des artisans de ce projet. Enfin l’automne donne en fait l’impression d’être un long projet destiné à un Kino, avec tous les bons et les mauvais côtés.
Enfin l’automne / Réal : Patrick Boivin, Olivier Roberge / HD / 01h10m00s / Couleur / 2011 / v.o. : française, anglaise / s-t : français
Article par Mathieu Rolland. Centipède urbain qui se questionne actuellement sur l’aspect inéluctable de l’échec à travers l’archétype du voyou.