Idiot : du Iggy Pop à la manière d’Helen Simard

Engagée dans une trilogie de spectacles inspirée du populaire chanteur et musicien précurseur du genre punk, l’excentrique Iggy Pop, la…
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Engagée dans une trilogie de spectacles inspirée du populaire chanteur et musicien précurseur du genre punk, l’excentrique Iggy Pop, la chorégraphe Helen Simard a dernièrement créé la pièce Idiot, qui s’inspire de l’album solo éponyme du chanteur sorti à la fin des années 70. Présenté au Théâtre La Chapelle, ce spectacle bruyant, énergique et perturbateur était réalisé par quatre interprètes et trois musiciens.

Laissant quelque peu de côté son bagage stylistique de b-girl, la candidate au doctorat en études et pratiques des arts à l’UQAM, Helen Simard tente encore une fois d’allier sur scène son amour de la musique live, de l’absurde, de la subversion ainsi que du mouvement dansé. Bien qu’encore légèrement confuse, sa proposition se démarque nettement du premier épisode de sa trilogie, la pièce NO FUN qui a eu lieu à Tangente à l’automne 2015. Un travail de précision, de chorégraphie et de clarification des idées semble avoir été effectué depuis. Plus articulés et moins déchainés, ses interprètes mettent l’accent sur l’attitude performative et la précision des corps et arrivent à embrasser le chaos qui règne immanquablement dans cette recherche sur l’âme du punk rock, parfois sensuelle, parfois sombre, toujours insolite et exagérée.

À l’arrivée du public, les performeurs portent tous et toutes des chemisiers blancs et des gilets de cowboy. Ils tiennent la pose. Roger White est à la guitare, Ted Yates au synthétiseur et Jackie Gallant à la batterie. Ils portent un chapeau de cowboy et sont de plus en plus enveloppés de fumée.

Les éclairages proviennent du mur du fond de la salle, faisant apparaitre les danseurs et danseuses en contre-jour. Stacey Désilier, Stéphanie Fromentin, Sébastien Provencher et Emmalie Ruest prennent le temps d’installer l’ambiance, de répéter la séquence de mouvements au sol, ensemble ou en décalé. La gestuelle, sans être très originale, est dynamique et puissante, mais les interprètes s’interrompent abruptement pour changer de costumes ou réciter des textes au micro. Ces textes, dont on ne perçoit pas toujours le sens, sont en fait les paroles de certaines chansons de l’album Idiot passées et repassées à Google traduction. Ils ne sont pas vraiment inspirants ou éclairants, mais l’action de parler au micro et la déconstruction symboliquement absurde des paroles dynamisent le déroulement de la pièce.

Crédit photographique: Claudia Chan Tak

Le choix de la distribution est excellent, les quatre corps et les quatre personnalités s’agencent parfaitement, tous très expressifs. La chorégraphe semble chercher à les mener vers un visuel subversif, ce qui donne des poses aguichantes, une fesse nue, un bassin provocant ou un regard suggestif.

C’est donc muni de bouchons d’oreilles que le public assiste au spectacle, et il doit, en alternance, les enlever pour comprendre les textes et les exclamations, et les remettre lorsque les trois musiciens montent le son. Ceux-ci cherchent d’ailleurs leurs façons propres de participer à cette décadence théâtrale. Seulement, l’interaction entre les musiciens et les danseurs semble parfois forcée et donc quelque peu artificielle. La rencontre est spatiale, mais n’est pas intentionnelle.

Helen Simard ne cherche dorénavant plus à construire son univers, mais plutôt à jouer à l’intérieur, à l’explorer. Comme elle l’écrit dans le programme, ce n’est pas un spectacle sur Iggy Pop, mais comme Iggy Pop. S’éloignant légèrement d’une interprétation davantage brute et sauvage, elle parvient avec l’abondance d’objets, de mouvements, de costumes et la surcharge de sens, à mettre en forme cette atmosphère absurde et rebelle.

La pièce d’Helen Simard, Idiot, est présentée au Théâtre La Chapelle du 27 février au 3 mars 2017.

Artichaut magazine

— LE MAGAZINE DES ÉTUDIANT·E·S EN ART DE L'UQAM