Guillaume Corbeil, jeune dramaturge et auteur présente effectivement une nouvelle pièce cette année, mais elle ne s’appelle pas « In your face ». Il a préparé une belle affiche et un programme plein de promesses, mais il ne figure pas dessus, en photo de casting noir et blanc, l’air songeur. Il y aura peut-être un lancement et un cocktail avec plein de gens brillants ou brillants en société, mais Misteur Valaire n’y cassera pas la baraque. Et pour financer ce nouveau spectacle, il n’y aura pas de souper à mille piastres et encore moins de vente aux enchères d’objets scéniques. C’est plate, mais c’est comme ça. Guillaume n’aime pas le standing du milieu théâtral et aux mots du metteur en scène ressassant les mêmes inepties, il préfère le bruit que fait son poisson rouge et le doux grondement de son réfrigérateur. Guillaume n’est pas encore invité au Théâtre du Nouveau-Monde et pour se consoler, il prend la parole Aux Écuries, à l’occasion du lancement de la programmation de la Carte Prem1ères qui se tenait mardi dernier, 28 août. Tant mieux, parce qu’au prix que nous aurait coûté une soirée au TNM, on ne l’aurait pas vu.
Si vous ne savez pas encore ce qu’est la Carte Prem1ères, il est temps de le découvrir. C’est fait exactement pour toi, ô lecteur assidu du légume étrange, étudiant et pauvre par définition. Mode d’emploi.
- Quête 20 dollars à tes parents, c’est pour t’éduquer que tu vas au théâtre (pas seulement, mais bon, ils n’ont pas besoin de le savoir).
- Achète ta carte sur la toile.
- Retrouve toi avec des billets à moitié prix pour la quarantaine de spectacles proposés, en autant que tu y vas au cours de la première semaine de représentation.
- Profite de la saison théâtrale!
Vous pensiez ne plus pouvoir aller au théâtre à cause de la hausse? Ce n’est plus une excuse valable!
Vous l’aurez deviné, c’est toute la saison théâtrale que l’on lance présentement, pas uniquement celle des Carte Prem1ères. Encore une fois cette année, un buffet gargantuesque de mots, de corps et d’émotions s’offre à nous. Personnellement, je vous conseille d’aller voir quelque chose au hasard, du moins pour votre première pièce. Ça fait du bien, comme ça, de prendre le risque d’être déçu quand on sait le bonheur de la découverte si grand. Mais enfin, si vous m’y forcez, je veux bien donner quelques pistes aux frileux.
Crédit photo: Thomas Dupont-Buist
C’était d’ailleurs le but de la soirée Carte Prem1res (outre le punch bleu, ma foi excellent): orienter les pauvres spectateurs et critiques dépourvus d’imagination que nous sommes. Pour se faire, un concept d’elevator pitch. Si vous vous sentez mal de ne pas savoir c’est quoi, je vous rassure, je n’en avais non plus aucune idée. C’est assez simple finalement, bien qu’astucieux. On fait monter un groupe d’une dizaine de spectateurs dans un ascenseur en compagnie du sympathique opérateur George. À chaque étage, une porte s’ouvre et la compagnie théâtrale, munie de ses acteurs, a deux minutes pour susciter votre curiosité pour leur nouveau spectacle. Les gens de Carte Prem1ères appellent ça « mettre leurs abonnés en boîte ».
On se serait attendu à une présentation un peu plus longue de ce qu’a à offrir la quarantaine de compagnies représentés par l’organisateur de l’évènement, mais comme on était beaucoup et que l’ascenseur était petit, on leur pardonne de bon cœur. Surtout avec la programmation qu’ils nous promettent.
Mais allons-y avec ces propositions. Tout d’abord, les quelques malades qui nous ont sauté dessus dans un ascenseur déjà plein, hurlant et gesticulant comme des damnés : Mtl_apk ou Montréal Apokalypse si vous n’aimez pas les abréviations. La fin du monde à Montréal sans décor ni trame sonore est annoncée pour le 4 septembre à la Sala Rossa. Ça promet!
Autre compagnie ayant bien su se vendre en nous licenciant d’entrée de jeu; l’énigmatique Le projet bocal à la Petite Licorne du 11 au 15 mars. Je ne m’étais jamais fait renvoyer, encore moins en groupe, mais heureusement, il y avait ce vieux proverbe africain prononcé par un homme en complet pour nous aider à tenir le coup : « le vieil éléphant sait toujours où trouver l’eau ». Merci.
Pour un aperçu du talent maskoutain (vous excuserez ma partialité d’ancien cégepien), vous avez le choix entre un nouveau texte de David Paquet (révélé par l’excellente pièce Porc-épic en 2010), un autre de Jean-Philippe Baril-Guérard (et ses contes urbains, récemment Ménageries) ou encore une adaptation d’À quelle heure on meurt de Réjean Ducharme, portée par les finissants de l’École de théâtre de St-Hyacinthe. 2H14 de Paquet risque d’être aussi déjanté et surréaliste que d’habitude, bien que pour les tout-petits. Le temps s’inversera à la Maison Théâtre du 30 janvier au 9 février. Quant à Baril-Gérard, il délaisse cette fois-ci le conte pour monter Warwick, avec plusieurs anciens de St-Hyacinthe qui n’ont pas à rougir de leur talent. Les traumatismes de la guerre d’Afghanistan envahiront la salle Fred-Barry dès le 30 janvier, jusqu’au 16 février. Finalement, la plus récente mouture maskoutaine de comédiennes et comédiens refusera de vieillir du 13 au 30 mars, aussi à Fred-Barry.
Oh, j’allais oublier, la vraie nouvelle pièce de Guillaume Corbeil qui ne s’appelle pas « In Your Face », mais bien Le mécanicien, sera présentée du 11 au 19 septembre à la salle Claude Germain du théâtre d’Aujourd’hui. Bonne saison, sous le signe de l’émergence et de la création.
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Pour l’intégral de la programmation de la Carte Prem1ères : http://www.carteprem1eres.com/1res/