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Corps et âme pour l’amour du mime

Critiques Danse Théâtre

22 septembre 2011

par Frédéricke Chong

Lundi dernier débutait à l’Espace Libre la cinquième édition triennale des rencontres internationales du mime de Montréal (RIMM5). L’hôte de l’évènement et directeur artistique de la compagnie Omnibus, Jean Asselin, lançait la programmation bien chargée qui promet une riche  diversité.

Jusqu’au 1er octobre, sept compagnies d’Europe et d’Amérique proposeront une petite et une grande forme artistique chaque soir, toutes liées d’une quelconque façon à cet art muet grandement popularisé par Marcel Marceau. Si ce comique s’est bien fait connaître grâce à son personnage de Bip et sa figure blanche, il faut savoir que les spectacles au programme développent des horizons beaucoup plus vastes. Dans les propositions artistiques, le mime demeure immuablement l’art du corps dans toute sa pureté et son éclat, mais d’autres formes telles la danse, la musique, le théâtre, la marionnette et diverses variations teintent les créations, magnifiant de plus belle la silhouette humaine.

Crédit: Antonio Maniscalco

Crédit: Antonio Maniscalco

Ainsi, Jocelyne Montpetit, danseuse émérite reconnue pour son influence du butô, présentera La danseuse malade tandis que le collectif Point de rupture offrira Le Vestibule, première création interprétée par Anne Sabourin, mime de la relève à Montréal. L’art de la marionnette prendra une place importante avec le célèbre spectacle Twin Houses des Belges Mossoux-Bonté qui tourne depuis plus de 15 ans. La prestation-conférence Les vertus de la marionnette idéale par la Française Claire Heggen évoluera également en ce sens par son travail sur la vision qu’avait Étienne Decroux (l’un des piliers du mime) sur la théorie de la sur-marionnette d’Edward Gordon Craig. La compagnie du Saguenay La Tortue Noire offre de son côté deux petites formes de théâtre d’objet soit Vie et mort du petit chaperon rouge en 8 minutes ralenties et Le grand œuvre. Les deux autres spectacles, dont la première avait lieu le soir de l’inauguration des rencontres, ont donné le ton à la qualité des propositions artistiques. Tout d’abord la Cie Mâle | Femelle avec Jusqu’à la dernière minute j’ai pensé que je ne mourrais jamais, une réflexion sur la mort interprétée par la comédienne Mariane Lamare, seule sur scène. Puis, un mélange d’humour et de corps sur des musiques qui évoquent plusieurs souvenirs dans Au-delà du temps et Si un jour je te quitte je te garderai en moi à nu à vif à jamais de la compagnie française à fleur de peau.

En plus d’offrir deux spectacles par soir, RIMM5 propose des classes de maîtres, plusieurs rencontres avec les artistes, des conférences ainsi que des projections d’œuvres de répertoires. Si le titre des œuvres peut paraître d’une longueur insolite, la durée des présentations, elle, dépasse rarement les soixante minutes. Autant les novices que les adeptes pourront s’y plaire dans cette combinaison fructueuse de spectacles qui valorisent la beauté du mime à sa juste valeur.

La programmation complète est disponible sur http://www.espacelibre.qc.ca/rimm5-5e-edition-des-rencontres-internationales-du-mime-de-montreal

Frédéricke Chong

Quand les nez pleurent l’encre, les lettres partent à la dérive

Critiques Littérature

20 septembre 2011

par Sébastien Ste-Croix Dubé

Le 18 septembre dernier s’est amarré au Port de Tête le tout nouveau Bathyscaphe. Septième numéro de cette revue qui s’attache peu à la chose actuelle et qui nous offre encore un superbe amalgame de textes et d’images, de français et d’anglais, de sérieux et de jeux. Les lettres s’y égarent parfois, tombent et remontent, et les articles explorent autant les limbes artistiques que la surface houleuse du médiatique. Les images, propres à l’imaginaire de Jules Verne, épousent parfois le propos et parfois se perdent dans les marges, livrées à elles-mêmes. C’est donc un objet papier qui trouve sa plus grande conviction dans son orchestration, dans son édition. Pas besoin d’en dire davantage pour comprendre pourquoi l’artichaut l’aime bien…

couverture du Bathyscaphe 7

En collaboration avec l’Oie de Cravan, cette revue « publiée contre vents et marées » tapisse les rayons grâce à l’équipage hétéroclite que forment Alexandre Sánchez, Hermine Ortega, Antoine Peuchmaurd et Benoit Chaput. Aux mots de ce dernier, ce numéro « au-delà d’une couleur (bleu) on ne peut plus réussie fut un vrai plaisir à assembler. Les textes sont passionnants et j’aimerais qu’ils aient une plus grande portée. Notamment dans le monde anglophone non seulement montréalais et même canadien, mais aussi outre frontière, aux États-Unis. Plusieurs voix, idées et cultures se rencontrent dans cette revue, il faut continuer à étendre son souffle ».

Le lancement gorgeait de rires et d’échanges, quelques enfants couraient dans tous les sens (c’était un dimanche!) et il y eut même un solo de tuba dans la cour arrière, mené par Sasha Johnson, un musicien qui pratique son art sur les rails du Mile-End et à qui un article du Bathyscaphe est consacré.

Typographie inusuelle, par Marc Pantanella

C’était aussi l’occasion de lancer le nouveau numéro de Der Stein, le fanzine allemand de Julie Doucet, et Typographie inusuelle, de Marc Pantanella. Ce dernier ouvrage est un petit recueil au format attrayant qui m’a séduit par sa couverture fraîche aux lettres gonflées, bizarres et sympathiquement colorées. C’est un objet de collection « parfaitement inutile » qui prend d’assaut notre alphabet et sa ponctuation afin de les détourner. Ce sont des lettres égarées qui se chargent d’un tout autre signifié (pour celles qui en possédaient un!) à l’abord de leur signifiant dérouté. Entre ses « Consonnes pour dyslexiques » et son « E à réserve d’accents », Typographie insuelle tient lieu d’un véritable travail visuel à la sauce humoristique. D’ailleurs, le livre se résume par les mots de Maximilien Vox, pour qui « la typographie est simple, aussi simple que de jouer du violon! »

Der Stein, par Julie Doucet

En somme, ce sont-là des mondes livresques intéressant à explorer qui sauront sans doute trouver leurs lecteurs en cette rentrée littéraire 2011.

Sébastien Ste-Croix Dubé

Un mois de cinéma japonais à la Cinémathèque

Cinéma Critiques

16 septembre 2011

par Mathieu Rolland

Ce mois-ci et jusqu’au 9 octobre prochain, la Cinémathèque Québécoise propose Un mois de cinéma japonais. En tout, la programmation compte 72 projections déclinées en trois volets thématiques ainsi qu’une exposition pour compléter cette rétrospective riche, variée et complexe, à l’instar de la culture dont elle découle.

Passant autant par le documentaire, le cinéma de fiction que le cinéma expérimental de l’ATG – Art Theatre Guild, la compagnie de production et de distribution de cinéma indépendant la plus importante du Japon – la rétrospective s’intéresse à des artistes souvent méconnus du public occidental dû au caractère underground de leurs films, du moins pour certains d’entres-eux. Il s’agit donc d’une occasion unique de découvrir des œuvres brillantes qui, dans certains cas, ne peuvent être vues nulle part ailleurs. Pas même sur Internet! Et de toute façon, tout cinéphile qui se respecte se doit de consommer le cinéma en salle.

La liste des films est si vaste qu’il m’est impossible de vous faire des suggestions éclairées et représentatives de ce qui est projeté. Matsumoto Toshio reste cependant un incontournable dans le domaine du film expérimental (cerveaux sensibles s’abstenir). Dans un tout autre registre, Tokyo sonata, de Kyoshi Kurosawa,  présente avec intelligence et subtilité un portrait sincère d’une famille japonaise. Certains films sont plus arides, d’autres plus accessibles, l’éventail proposé est énorme. Informez-vous de la programmation en ligne ou à la cinémathèque pour mieux vous orienter.

Image tirée du film Tokyo Sonata (2008) de Kiyoshi Kurosawa
Au final, il y en a pour tous les goûts. Connaisseurs, amateurs et néophytes profiteront de cette merveilleuse occasion de voir, revoir ou découvrir ces films singuliers qui tracent le portrait d’une société riche et complexe. Alors, courez (tout autre moyen de transport est aussi valable) à la cinémathèque québécoise et plongez «yeux» premiers dans cette rétrospective qui nous présente une des faces cachées de la cinématographie nippone.

Si toutefois, vous n’avez pas le temps de vous rendre aux projections, quelque soit la raison (travail, école, mort subite), prenez au moins le temps de vous rendre sur le site Internet de la Cinémathèque Québécoise pour lire la documentation sur le cinéma japonais. J’espère qu’elle vous donnera l’envie, tout comme moi, de vous rendre à au moins une ou deux projections.

Téléchargez le document de la programmation ici : http://bit.ly/nTKj56

Le cinéma japonais s’expose – Affiches de l’Art Theatre Guild (ATG) [entrée libre] : http://bit.ly/qTiKIR

Mathieu Rolland Centipède urbain qui se questionne actuellement sur l’aspect inéluctable de l’échec à travers l’archétype du voyou.

EXPO LINO au Centre de Design de l’UQAM

Arts visuels Critiques Design/Archi UQAM

14 septembre 2011

par Simon Levesque

L’Artichaut était au vernissage d’EXPO LINO!

Présentée au Centre Design de l’UQAM du 30 août au 30 octobre 2011, l’exposition produite en collaboration avec la Grande Bibliothèque (BAnQ) offre au public une quarantaine d’affiches en plus d’une quarantaine de planches graphiques originales, des publicités, des livres, des brochures et des animations de l’artiste et designer LINO.

À l'extérieur du Centre de Design, la tour de l'UQAM se réflète dans l'invitation. Crédit photo : Simon Levesque

LINO, dont le vrai nom est Alain Lebrun, est né le 9 avril 1967, à Montréal. Il est connu notamment pour ses nombreuses affiches pour diverses compagnies de théâtres (et particulièrement ses illustrations de l’œuvre de Wajdi Mouawad), ainsi que pour plusieurs réalisations à titre d’illustrateur pour diverses œuvres littéraires jeunesse (surtout aux 400 coups).

Cependant, la force et l’originalité de l’exposition, produite sous le commissariat de Marc H. Choko, professeur titulaire à l’École de design de l’UQAM et ancien directeur du Centre de design, est d’avoir été conçue sous la direction artistique de LINO lui-même, qui a choisi de nous plonger dans l’intimité de son processus de création en partageant un bout de sa bibliothèque et de son atelier afin de mieux nous plonger dans son univers de force brute et d’expressivité primitive – et tout à la fois raffiné, par la réflexion que convoque la richesse de son trait et des annotations qui parsèment ses dessins, lesquels figurent le plus souvent d’obscurs animaux et d’inélégants visages pourtant attrayants.

Muraille LINO, manifeste de sa pensée. Crédit photo : Simon Levesque.

Certainement, l’intérêt principal de cette exposition demeure la présentation de toiles originales de l’artiste. De très grands formats, ces toiles n’ont pas su se laisser contempler à leur juste mesure dans un Centre de Design bondé en cette soirée de vernissage. Un coin croqué sur le vif, un format géant aux ombrages mouvant au gré des passants qui se multiplient… Non rassasié, je compte bien retourner en période de moindre affluence pour prendre le temps d’admirer ces œuvres d’envergure, mais également chacune des illustrations sur papier format 8 1/2 x 11 accolées en mosaïques. Je vous invite à en faire tout autant, d’autant que vous avez encore jusqu’au 30 octobre pour y passer, toujours gratuitement.

Centre de Design de l’UQAM
1440, rue Sanguinet

HEURES D’OUVERTURE
Mercredi au dimanche, de midi à 18h.

Simon Levesque Tigres de papier & autres créatures sibyllines occupent son esprit amusé par l’objet inexistant.

Publications reliées

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Connexion intermittente. Electronic City de Éric Jean
Dévorés par les cafards. Les amis de Louis-Karl Tremblay
Quelques lieux de Constance de Catherine Lavarenne. De l’art de la fuite et de la rencontre de soi

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