Le cancer en guise de conte. Un neurinome sur une balançoire d’Alain Doom

Il y a de ces événements qui chamboulent une vie, de ces événements qui viennent changer totalement notre vision du…
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Crédit photographique: Lévy L Marquis
Crédit photographique: Lévy L Marquis

Il y a de ces événements qui chamboulent une vie, de ces événements qui viennent changer totalement notre vision du monde. Ça a été le cas pour le comédien et auteur Alain Doom, qui a vu tomber sur sa tête en 2002 un diagnostic de cancer, à l’âge de 35 ans. Dans sa pièce Un neurinome sur une balançoire, celui qui est également à la tête de la direction du programme de théâtre de l’Université Laurentienne nous raconte pendant 1h20 la façon dont une maladie qui chamboule la vie peut réussir, après tout, à l’enjoliver. 

Alain Doom était vêtu d’une resplendissante chemise dans la salle de la Petite Licorne le 5 octobre. Une chemise sur laquelle était brodée une fleur flamboyante, qui suscite l’attention du regard. Seul, Doom est entré sur scène très calme ce soir-là, il a regardé le public, l’a contemplé, a ri, comme s’il prenait le pouls des gens auxquels il allait se confier.

Ce qu’allait nous raconter Alain Doom, c’était, oui, la tumeur qui a commencé à attaquer son cerveau au début des années 2000, mais aussi un récit autobiographique et fictionnel, teinté de beauté et de poésie. Un récit touchant, humain et empreint d’humour, que Doom interprète même à l’occasion avec un air bon enfant, un air rieur. Pour montrer que la vie, c’est tellement beau au fond. Et qu’elle devient, paradoxalement, encore plus belle peut-être quand un cancer nous frappe, parce que ça remet les choses en perspective: les souvenirs d’enfance, la famille, la perception des choses.

Neurinome, c’est l’appellation qui est donnée à la tumeur d’Alain Doom. Quand il a reçu le diagnostic, il n’a pas voulu l’entendre, nous dira-t-il. Il était alors en pleine tournée et sa tumeur devait progressivement affecter son ouïe. Pas très pratique quand on est comédien. Cette expérience a amené l’auteur à écrire, on peut désormais le dire, un monologue franc et bien ficelé.

Dans son histoire, il ira à Sudbury rencontrer un ami poète, pour ensuite vivre ses traitements aux États-Unis, pour finir par se remémorer des souvenirs d’enfance avec son père. Il est sourd d’une oreille, mais il a toute sa tête. Alain Doom dégage lucidité et lumière; il nous livre une histoire captivante et émouvante. Les souvenirs et le présent de la maladie s’entrecroisent, ce qui forme une belle fresque de vie pour le spectateur.

Entretemps, Alain Doom discutera avec son coquelicot, une fleur à laquelle il se confiera, posera des questions. Tout en chantant la comptine Gentil Coquelicot, comme un hymne à l’enfance.

Extrait – Alain Doom au coquelicot

«C’est comme si j’avais un marteau dans la tête. Un marteau qui me frappe, là. À l’intérieur de la tête! On se parlait de tout avant, alors pourquoi maintenant tu ne dis plus rien? Parce que tu veux me laisser, c’est ça? Je suis pathétique, c’est ça?  Oui, je te mets des mots dans la bouche, mais qu’est-ce que tu veux que je fasse?»

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Un neurinome sur une balançoire, écrit et interprété par Alain Doom. Mise en scène de Joël Beddows. La pièce a été présentée du 5 au 10 octobre 2015 au Théâtre La Licorne. Prochainement, elle sera montée au Théâtre du Nouvel-Ontario (12 au 21 novembre) et au Théâtre français de Toronto (2 au 6 décembre). Production du Théâtre du Nouvel-Ontario. 

Article par Alexandre Graton – étudiant à l’UQAM, au baccalauréat Communication (journalisme). Alexandre est passionné par la culture, la radio, la philosophie, la psychologie de l’humain et adore le théâtre et le cinéma québécois.

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