À chaque année depuis 1994, Montréal accueille le Festival international de la littérature (FIL). Prenant place du 22 septembre au 1er octobre, ce festival permet à la littérature de s’animer à chaque rentrée littéraire. Lectures, performances, musiques et théâtre sont au rendez-vous afin de dynamiser la programmation dont on vous a parlé dans un billet précédent. Mettant en scène plusieurs écrivaines et écrivains québécois et francophones, le FIL donne corps et voix aux œuvres à la fois actuelles et classiques du paysage littéraire d’ici. La programmation promet donc cette année de nous faire découvrir les mots de Juliana Léveillé-Trudel, de Delphine de Vigan, de la Grande Sophie et du collectif Larguer les amours, mais aussi de nous faire réentendre ceux de Jacques Godbout, d’Herménégilde Chiasson, de Réjean Ducharme et de Marie Uguay.
Pour cette 23e édition, le FIL présente une relecture de l’œuvre de Marie Uguay. Intitulé Marie Uguay, la sauvagerie de l’orange, ce spectacle est signé par quatre artistes de disciplines différentes. Performance et musique se rencontrent afin de faire résonner les mots de cette poète trop tôt disparue.
Marie Uguay publie en 1976, à l’âge de 21 ans, son premier recueil Signe et rumeur. On voit paraître en 1979, soit deux ans avant que celle-ci ne soit emportée par le cancer, L’outre-vie, alors que son troisième et dernier recueil, Autoportraits, est publié de manière posthume en 1982. Poète au destin tragique, Marie Uguay pourrait se placer au rang de mythe, si celle-ci n’avait pas constamment repoussé ce piédestal. Adhérant plutôt à ce qu’elle énonce comme la « très silencieuse mythologie des petites filles » (Poèmes, p. 182), elle n’a cessé d’écrire la beauté et de la chercher dans le quotidien.
Loin de la mythologie poussiéreuse, c’est parmi les vivants que voulait s’inscrire Marie Uguay. L’outre-vie, définit-elle, « c’est quand on n’est pas encore dans la vie, qu’on la regarde, que l’on cherche à y entrer » (p. 39). Comme en témoigne l’introduction en prose poétique de son deuxième recueil, il semble que dans son écriture se profile une quête : celle de « traverser la rigidité des évidences, des préjugés, des peurs, des habitudes » (p. 39) afin d’accéder à la vie. Ses poèmes, fragments d’un projet trop tôt achevé, donnent un aperçu de cette vie sans jamais nous y donner complètement accès, puisqu’avec les mots de Marie Uguay nous la cherchons aussi.
Marie Uguay, la sauvagerie de l’orange mettra en scène, pour une journée seulement, le 1er octobre prochain, les trois recueils et plusieurs rééditions de l’auteure éponyme. De manière à ranimer cette voix singulière, ce spectacle sera présenté sur la scène du Théâtre La Chapelle. Si la promesse tenue par les artistes qui l’interprèteront est de nous permettre d’accéder à son œuvre, il faut espérer que ce spectacle, l’espace d’un bref moment, devienne ce lieu « où il n’y a plus de fatalité d’aucune sorte » (p. 39).
Critique du spectacle à suivre, restez à l’affût!
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Marie Uguay, la sauvagerie de l’orange, Festival international de littérature de Montréal, La Chapelle, 1er octobre 2017.
Article par Annie Gaudet.