Entrevue avec les créateurs de Ça a l’air synthétique ok bye – Vous êtes ici

L’une de nos principale piste de recherche est la participation dans la performance. Nous avons commencé par partager plusieurs expériences de participation qui ont servi de base pour une installation sonore. Sur scène, le son est souvent centralisé, nous voulions éclater la narration dans l’espace, mettant en valeur certain de ses aspects à des moments précis, un peu à la manière du live editing.
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L’équipe de Ça a l’air synthétique ok bye est composée de Roxa Hy, Burcu Emeç, Michael Martini et Nien Tzu Weng. Leur travail sera présenté du 28 au 30 septembre prochain au Théâtre Aux Écuries dans le cadre de l’événement Vous êtes ici produit par LA SERRE — arts vivants.

Photo gracieuseté de l'équipe de Ça a l'air synthétique ok bye.
Photo gracieuseté de l’équipe de Ça a l’air synthétique ok bye.

AM: Qui êtes-vous?

Équipe de Ça a l’air synthétique ok bye: On est Burcu, Michael, Nien Tzu et Roxa, quatres artistes venant de pratiques et formations différentes en théâtre, danse et arts numériques avec un même goût pour la performance transdisciplinaire.

AM: Qu’est-ce que vous proposez à Vous êtes ici?

ÉÇALSOB: L’une de nos principale piste de recherche est la participation dans la performance. Nous avons commencé par partager plusieurs expériences de participation qui ont servi de base pour une installation sonore. Sur scène, le son est souvent centralisé, nous voulions éclater la narration dans l’espace, mettant en valeur certain de ses aspects à des moments précis, un peu à la manière du live editing.

La scène est avant tout un espace ludique. Nous évoluons au sein d’une scénographie d’objets quotidiens qui suggèrent la participation du public. Ils présentent des images banales et incomplètes, évoquant un travail à faire. C’est aussi l’occasion de lier la notion de participation à une conversation plus large sur le travail invisible.

Du public qui observe à celui qui prend prendre part à l’action scénique, nous considérons la participation au sens large. On veut aussi réfléchir aux dynamiques de pouvoir et à la participation dans nos systèmes politiques et économiques. C’est peut-être un peu sérieux/vaste pour dix minutes, donc on vous invitera simplement trier nos chaussettes, gonfler un matelas et réparer un vélo pour faire avancer la performance. Comme nous pensons que tout travail doit être valorisé, vous serez rémunéré-e-s. En espérant que quelqu’un soit doué avec les vélos. On a très hâte de vous voir.

AM: Qu’est-ce que tu vous dites/faites/vivez avec/dans votre proposition?

ÉÇALSOB: En partageant nos expériences de performance participative, surtout au théâtre, on se rendait compte que plusieurs d’entre elles étaient plus ou moins consensuelles, voire problématiques. Nous souhaitons explorer le consentement dans l’oeuvre participative, les dynamiques de pouvoir ainsi que le climat politique et économique qui met en avant l’art interactif.

Nous venons tous-tes de différents pays, religions, sexualités et on se demande si la participation au théâtre n’est pas finalement que pour un certain type de personnes, venants de milieux et d’identités particulières. Ce public très « neutre » doit être en mesure de rapidement s’assimiler au spectacle et est évalué sur sa capacité à effectuer les tâches demandées. Ça pose parfois des problèmes en terme d’accessibilité tel que la barrière de la langue etc.

Nous ne prenons pas une position antagoniste contre l’art participatif, au contraire, nous sommes curieux-ses et voulons refléter sur nos propres recherches et expériences avec le public. Comment mettre en place une performance qui réfléchit et intègre des éléments de participation sans recréer des situations problématiques ?

AM: La courte forme pour vous, c’est contraignant/stimulant/aucun changement?

ÉÇALSOB: Nous avons terminé nos études avec beaucoup de réserves quant à la viabilité des modèles de production qu’on nous enseignait, leurs structures économique et hiérarchique.

Vous Êtes Ici propose un modèle de création, d’expérimentation et de présentation qui est plus en ligne avec la réalité des artistes émergents en arts vivants, et c’est ça qui nous a interpellé-e-s.

Nous ne sommes pas en mesure de réserver un théâtre pendant trois semaines, créer des productions de plusieurs heures avec une équipe de dix personnes. Nous voulons créer un travail qui s’adapte à différents contextes de présentation, quelque chose de malléable et réaliste quant à nos moyens.

Le vrai défi est probablement de ne pas surcharger la pièce, de la laisser respirer (et de laisser respirer le public), d’abandonner quelques idées en route. Un bon exercice d’editing, en somme.

Comment on se sent en tant que jeune diplômé-e en arts vivants?

ÉÇALSOB: On brise la bulle universitaire, on va chercher des ressources ailleurs et on rencontre tous ces gens qui appliqueront aux mêmes bourses que nous. C’est motivant.

Ce que vous souhaitez aux diplômé(e)s qui suivront?

ÉÇALSOB: Qu’ielles viennent de communautés un peu plus diverses, ne s’enferment pas dans une bulle des arts vivants et gardent en tête les questions d’accessibilité.

AM: Une parole sage pour la route?

ÉÇALSOB: Pas de budget ? Home Dépot a une politique de retour de 90 jours.

 

Vous êtes iciune initiative de création par LA SERRE – arts vivants, sera présentée du 28 au 30 septembre 2017 au Théâtre Aux Écuries.

Artichaut magazine

— LE MAGAZINE DES ÉTUDIANT·E·S EN ART DE L'UQAM