
ARTICHAUT MAGAZINE: Qui êtes-vous?
Jessica Perry : Je suis Jessica Perry ou interprète, chorégraphe, artiste et beaucoup d’autres choses aussi. Je suis d’ailleurs diplômée en interprétation à l’École de danse contemporaine de Montréal.
AM: Qu’est-ce que vous proposez à Vous êtes ici?
JP: Je présenterai les différentes facettes et les univers sombres de trois femmes à travers une mise en scène où le corps est l’objet principal. Celui-ci sera présenté sous toutes ses formes. J’aimerais présenter le corps et l’esprit en union, libérant le corps de toute inquiétude, de toute peur. Offrir la découverte de l’autre et de soi dans un imaginaire utopique créé pour l’occasion. Sous forme performative, les femmes nous dévoileront un peu plus d’elles à chaque minute, en se déprogrammant et en oubliant peu à peu les règles et les conformités qui leur ont été imposées au fil des années.
Je veux peu à peu enlever le déguisement que l’on se met tous les jours pour voir s’il est possible d’accéder au plus profond de nous et d’apprendre à connaître la peau. Comment cela se traduirait-il dans un salon éclairé aux chandelles, des bières qui ont été bues et la soirée de promesses qui brille dans le fond de leurs yeux?
AM: Qu’est-ce que tu/vous dites/faites/vivez avec/dans votre proposition?
JP: C’est d’abord une idée venue lors d’une soirée avec Gabrielle Roy et Amélie Grondin. On avait une discussion sur la vision de notre corps, de la pression que nous renvoie la société et des idéaux physiques que beaucoup cherchent à atteindre. Comme nous avons trois corps complètement différents, on trouvait intéressant de voir à quel point notre vision sur notre corps et la vision des autres sur celui-ci étaient complètement différentes. Puis comment, malgré ces différences, on avait finalement les mêmes pensées négatives et la même pression qui nous obsédaient, jour après jour.
Je me rends compte, à travers les projets de création sur lesquels je travaille depuis la fin de mes études, que je m’intéresse aux jugements, à la pression que nous renvoie la société et qui devient, au fil du temps, des blocages et des jugements que l’on se crée nous-mêmes. Ceux-ci causent ensuite un tas de conséquences en chaîne; jugement de l’autre, problème de communication, individualité, anxiété et angoisse, troubles alimentaires, manque de confiance en soi…
Pour ce projet, pourquoi ne pas parler du corps? De la peau? De ces pensées sombres qui tiraillent la majorité des femmes? De ce qui provoque tous ces jugements envers nous-mêmes? C’est alors qu’un petit univers est apparu dans nos têtes. J’ai eu des idées pour en faire une expérience performative, je l’ai envoyé à Vous êtes ici… Puis voilà! Apprendre la peau, mon nouveau projet de création, fera partie de cette programmation. J’ai envie de parler de la superficialité qui entoure la vision du corps, en contrastant avec toute la profondeur que celui-ci peut dégager. Car le corps n’est-il pas le reflet de qui nous sommes et de tout ce qui a traversé nos vies?
AM: Pour vous, la courte forme, c’est contraignant/stimulant/aucun changement?
JP: C’est super excitant! Je suis habituée à travailler sur une plus longue haleine, de creuser et de laisser «vivre» mes propositions, de prendre mon temps, d’une certaine manière… Il sera intéressant et stimulant de voir comment je peux arriver à produire aussi rapidement et dans une forme aussi courte ce qui traverse mon esprit, mais, surtout, de voir comment je peux pousser mes interprètes (Ariane Famelart, Mélissa Merlo et Amélie Grondin) dans une profondeur et une vérité de soi qui me sont chers.
AM: Comment on se sent en tant que jeune diplômé(e)s en arts à Montréal?
JP: Je me sens libre, libre de pouvoir accomplir une multitude de projets! J’ai des idées plein la tête, je fais des rencontres merveilleuses et stimulantes, je pousse dans ce qui m’est cher et ce en quoi je crois profondément. Je me sens outillée, entourée, confiante et prête à affronter les défis qui croiseront ma route.
J’ai terminé l’école le 21 mai et j’ai déjà 2 créations à mon actif et une troisième qui s’en vient, avec Apprendre la peau, qui prendra vie durant la semaine de l’évènement Vous êtes ici. J’ai participé à titre d’interprète dans la pièce MA(G)MA du collectif Castel Blast, un autre projet qui me tenait vraiment à cœur. Tant de belles choses en si peu de temps et ce n’est que le début!
Autrement dit, en tant que jeune diplômée en arts à Montréal, je n’ai jamais été aussi occupée, motivée, vibrante et pleine de vie! J’ai envie de partager beaucoup à travers l’art, un médium qui est pour moi un moyen de communication qui va au-delà de la parole et des actions, qui touche les gens de façon unique.
AM: Ce que tu souhaites aux diplômé(e)s qui suivront?
JP: Être inspiré(e)s! Suivez votre instinct et faites briller fort ce que vous êtes profondément. C’est en apprenant à s’aimer, en se faisant confiance et en étant passionné(e) et rempli(e)s d’ambitions que l’on peut changer les choses, tranquillement, mais sûrement, pour nous-mêmes et pour les autres. Je vous souhaite que votre art vous surprenne et que vous vous laissiez toucher par ces nouvelles sensations. Les découvertes et les surprises sont riches d’apprentissages si l’on sait ouvrir son être. Osez!
AM: Une parole sage pour la route?
JP: Faites-vous confiance; c’est la base de toutes vos réussites!
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Vous êtes ici, une initiative de création par LA SERRE – arts vivants, sera présenté du 29 septembre au 1er octobre à 19h au Théâtre Aux Écuries.