APPEL AUX CONTRIBUTIONS | NUMÉRO PAPIER 2019
THÉMATIQUE : LA PARADE
Oyez, oyez, aux écrivain.e.s, artistes, philosophes, créat.eur.rice.s en tous genres. C’est en grandes pompes que l’Artichaut vous annonce le thème de son prochain numéro papier : « la parade ».
En retenant la définition du carnavalesque proposée par le penseur russe Mikhaïl Bakhtine, celui-ci définit le carnaval comme étant « une forme particulière de la vie, à la fois effective et idéale » (16). Le carnaval ouvre donc une brèche dans l’espace-temps. Plus qu’un simple spectacle, « le carnaval, c’est la vie même qui joue et, pendant un certain temps, le jeu se transforme en vie même » (idem). Ainsi, à l’inverse d’un monde trop sérieux régi par une série de normes et de lois, le grotesque se fait « la vérité carnavalesque » (57) et « offre la possibilité d’un monde totalement autre, d’un autre ordre mondial, d’une autre structure de la vie. Il fait franchir les limites de l’indiscutabilité, de l’immuabilité factices du monde existant » (idem). Pensé de cette manière, le carnaval offre un espace liminaire de révélation, où l’être peut prendre le pas sur le paraître et où tous les tabous et autres impensables peuvent se retrouver projetés dans la sphère publique. Cependant, le carnavalesque n’existe que selon une temporalité éminemment provisoire, signifiant que, si le carnaval permet au fou de devenir roi, ce n’est que pour un temps limité.
Nous aimerions ainsi penser le carnavalesque dans son incarnation plus contemporaine qui serait celle de la parade. Dans son aspect formel, la parade permet aux identités de défiler autour d’une cause commune et de se faire célébrer. Se réclamant du pouvoir scopique propre à la place publique, toutes et tous vont dans la rue afin de s’exprimer, de revendiquer ou d’imposer une présence identitaire qui n’est plus reléguée à la sphère privée. En revanche, cette grande chaîne humaine se doit de respecter un trajet et, une fois arrivée à destination, ne subsistent que des traces de son passage, une survivance photographique ou purement nostalgique.
Pensons à la parade et ses différents pendants, soient le défilé militaire, la manifestation, la procession, le cortège funèbre, le défilé de mode, etc.
Plusieurs avenues s’offrent également à vous; pensez au renversement, au bas corporel, au monde à l’envers, au déplacement, au canular ou encore à la farce, la monstruosité, l’apparat, la nostalgie, la cartographie, la brèche, la liminalité…
L’Artichaut est un magazine multidisciplinaire et c’est pourquoi cet appel est ouvert à tous les champs allant des arts à la sociologie : histoire, littérature, cinéma, arts visuels, théâtre philosophie, danse, politique, études féministes, queer studies, musique, anthropologie, droit…
Seront accueillis autant les œuvres de fiction, de poésie que les textes de réflexion (n’excédant par les 2500 mots). Si vous aimeriez soumettre une œuvre visuelle, prière de nous la faire parvenir en haute résolution ou de nous fournir des photos qui permettront de la considérer dans son ensemble. Puisqu’il s’agira d’un comité à l’aveugle, nous vous demandons de bien inclure un titre à votre texte et/ou création.