On se souvient du tollé créé par Carla Bruni en scandant que le féminisme en 2012 n’a plus lieu d’être. Comme quoi, même pour une ex-Première dame, une langue tournée sept fois vaut mieux qu’une vague d’indignation chez les femmes du monde entier. C’est vrai que les droits des femmes ont fait du chemin depuis la crémation des soutiens-gorge de nos grands-mères. Seulement, ce n’est pas en continuant de violer des jeunes filles sans vergogne en Inde ou d’accepter socialement une différence flagrante de salaires entre des travailleurs de sexe opposé avec la même tâche à remplir que la lutte féministe est terminée, bien au contraire.
Au Québec, un organisme artistique féminin préconise, avec beaucoup de peine, l’égalité entre les femmes réalisatrices et leurs confrères réalisateurs, Réalisatrices équitables (RÉ). RÉ vient de publier une étude, à laquelle il a collaboré avec la sociologue Anna Lupien, sur l’influence du sexe des cinéastes dans la représentation des hommes et des femmes au cinéma québécois. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : on observe un manque flagrant de la représentativité des réalisatrices, et ce, sans amélioration grandiloquente depuis les 10 dernières années.

En cette journée de la femme, l’ONF présente de son côté un éventail intéressant de films sur la gent féminine. La plupart réalisés par cette dernière, il n’en reste pas moins que des noms de réalisateurs se glissent dans le choix des films. Ainsi, les œuvres Folle de Dieu de Jean-Daniel Lafond ou Françoise Durocher, waitress d’André Brassard, s’y retrouvent. Sans rien enlever à la qualité cinématographique des films, il va s’en dire qu’il reste difficile, même pour l’ONF, de favoriser une sélection de cinéastes entièrement féminines. N’empêche que la programmation vaut le détour.
Afin de démystifier la sous-représentation des femmes au grand écran, je vous propose sous peu un reportage parsemé d’entrevues d’artisans de notre cinéma. Les chiffres derrière l’étude d’Anna Lupien seront élucidés et des pistes de solution seront trouvées (ou au contraire, peut-être que la situation est sans espoir et qu’il ne reste plus aux cinéastes femmes qu’à oublier leurs rêves de longs-métrages). Toujours à la lumière de l’étude, les différences entre les personnages portés à l’écran par les réalisateurs versus ceux des réalisatrices seront analysées.
D’ici là, voici quelques liens pour visionner les films sélectionnés sur le site de l’ONF à propos de femmes et réalisés par elles.
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Les Filles du Roy
Anne Claire Poirier, 1974, 56 min 11 s
Les épouses de l’armée
Claire Corriveau, 2007, 52 min 2 s
5 pieds 2 – 80 000 livres
Nathalie Trépanier, 1999, 51 min 48 s
Article par Ariane Thibault-Vanasse – L’hiver est sa page blanche / L’encre sèche, repaire tranquille / Ne tuera pas l’écrivaine.