Revendication d’un nouveau regard. Les Vaillants de Pascal Sanchez

Un an dans un HLM au coeur du quartier St-Michel. Avec Les Vaillants, Pascal Sanchez s’éloigne des clichés et se rapproche…
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Un an dans un HLM au coeur du quartier St-Michel. Avec Les Vaillants, Pascal Sanchez s’éloigne des clichés et se rapproche des gens. Présenté en première mondiale le 12 novembre dernier à l’ouverture des 18e Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal, le film a lancé le festival qui bat son plein jusqu’au 22 novembre.

Filmé à St-Michel, le documentaire Les Vaillants se refuse aux idées reçues sur la vie dans les quartiers «difficiles» de Montréal. Dans ce portrait de groupe, c’est la solidarité qui est mise au premier plan. Le résultat est un collage de petits moments d’humanité glanés pendant plus d’un an de tournage. Le sensationnalisme de la violence laisse place à l’édification de la bienveillance. Moins vendeur, peut-être. Mais nécessaire, absolument.

Le spectateur est confronté à la violence une seule fois, au tout début du film. Une note de tournage griffonné par le réalisateur l’informe que, quelques jours avant que l’on y pose les caméras, le quartier a été témoin d’une fusillade. Un jeune homme est mort. On n’en saura pas plus.

Crédit photographique: Les Films de l'Autre
Crédit photographique: Les Films de l’Autre

Malgré ce rappel de la dure réalité de la violence souvent engendrée par la pauvreté, Sanchez fait le choix de tourner sa caméra vers les gens, tout simplement. Ainsi, lorsqu’il sera question de violence, ce sera par discours rapporté. S’attardant à des locataires de tout âge, Sanchez capte une diversités de témoignages sur la vie en habitations à loyer modique (HLM). Les plus jeunes abordent la violence imminente, omniprésente. Ils s’émerveillent lorsque qu’une semaine complète passe sans la visite de la police. Chez les plus âgés, le discours est plus optimiste. Ils habitent l’endroit depuis 10, 20, même 30 ans. Ceux-ci témoignent presque à l’unisson: c’est mieux maintenant.

Le film chorale fait écho à cette idée. Il renvoie l’image d’une communauté qui s’est bâtie laborieusement et du combat journalier qu’elle livre pour persister. L’association des locataires, créée il y a une dizaine d’années, organise des sorties aux pommes et à la cabane à sucre, des épluchettes de blé d’Inde, des soupers de Noël.

Le film s’ouvre sur Yimga cognant à toutes les portes, espérant obtenir le quorum à la prochaine assemblée générale. On sert du jus. On offre un cadeau à une locataire qui déménage. Il ne se passe rien. Deux adolescents parlent de filles, assis sur un perron. On joue au ping pong à la maison des jeunes. On organise les paniers de nourritures. Monique prend soin de ses oiseaux. Il ne se passe rien… Et pourtant, ça grouille. C’est par cette accumulation de petits moments que Sanchez réussit à peindre un portrait d’une profondeur rafraichissante. Tous ces moments sont marqués par l’entraide, la solidarité et la fierté. La patience du tournage prend tout son sens lorsqu’elle est mesurée à la persévérance des acteurs de cette communauté qui se transforme, petit à petit.

Le film résonne si ce n’est que par la proximité du sujet. Par une utilisation efficace du cinéma direct, Pascal Sanchez peint un portrait qui mêle intimité et communauté. En posant sa caméra, il revendique un nouveau regard. Il faut voir Les Vaillants.

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Les Vaillants de Patrick Sanchez était présenté en première mondiale lors des Rencontres internationales du documentaire de Montréal, du 12 au 22 novembre. En salle au Québec au printemps 2016.

Article par Brigitte Voisard.

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