Les mouvements féministes et leurs revendications prennent heureusement de plus en plus d’espace au Québec. Depuis le mouvement #moiaussi, il s’avère encore plus important de s’intéresser aux droits des femmes, à l’égalité des sexes ainsi qu’aux différentes relations de pouvoir dans la société. À ce propos, deux des fondatrices du club de lecture féministe de l’UQAM, Janie Houde et Juliette Roberge, ont généreusement accepté de nous parler de leur tout nouveau projet qui, bien qu’émergent, suscite déjà l’intérêt des fanatiques de littérature.
Logo du club de lecture féminisme de l’UQAM. Source: page facebook du club
Marie-Andrée Labonté-Dupuis: Qui êtes-vous? Parlez-moi de l’équipe derrière ce projet.
Janie Houde: Juliette et moi venons toutes deux de la Mauricie. On est en deuxième année au bac en études littéraires, concentration études féministes.
Qu’est-ce qui vous a mené à créer ce club de lecture ?
Juliette Roberge: Cela fait un an qu’on parle de ce projet-là. On a constaté qu’il n’y avait pas d’activités qui nous intéressaient vraiment à l’UQAM. En études littéraires, les seules offertes étaient liées à l’implication dans des revues. Pourquoi ne pas démarrer notre propre projet alors? C’est là qu’on a parlé de faire un club de lecture. On s’est dit qu’il fallait que nous ayons une ligne éditoriale un peu plus affirmée et, surtout, qu’on le ferait pour nous ce projet-là, afin de répondre à un besoin qu’on avait : lire des œuvres à caractère féministe. De là est venue l’idée de commencer un club de lecture féministe.
Janie: Et il n’y a pas beaucoup de clubs de lectures féministes à Montréal.
Juliette: En général, ça coûte cher, ce n’est pas vraiment adapté pour les étudiants. On a donc commencé à regarder les clubs de lectures. Normalement, il faut faire affaire avec des bibliothèques ou des cafés et c’est quand même cher, car tu es obligé d’acheter les livres. On voulait offrir une option plus économique faite en fonction des horaires de l’UQAM. C’est pour ça qu’on est le club de lecture féministe de l’UQAM.
M.-A.: Êtes-vous juste deux dans ce projet-là ? Qui sont les autres, des amies, des collègues ?
Juliette: On est cinq en tout, en études littéraires.
Janie: Malorie Trocadero est à la maîtrise, Rosemarie Savignac est au doctorat, et Andréanne Dufour est au bac.
Juliette: On côtoyait déjà Andréanne donc il a été facile de la joindre à notre groupe. Pour trouver les deux autres administrateurs (on s’appelle « les cinq admins » entre nous), on a parlé avec Alice Van Der Klei qui est chargée de cours au département d’études littéraires de l’UQAM et qui travaille à l’IREF. Par elle, on a lancé un « appel à tous » à ceux qui sont inscrits à l’IREF (Institut de recherche en études féministes). Ils ont donc reçu un message comme quoi on cherchait des bénévoles pour faire partie du comité et qu’on avait quelques rôles spécifiques à remplir. On a passé des entrevues et sélectionné les personnes qui correspondaient le mieux à ce qu’on cherchait.
M.-A.: Que proposez-vous dans le club de lecture féministe de l’UQAM et quelle différence désirez-vous apporter ?
Janie: Le fait que ce soit un club de lecture et qu’il n’y en avait pas à l’UQAM. Aussi, le fait qu’il soit féministe alors qu’en ce moment, tout le monde en parle. Bien sûr que c’est à la mode, mais en même temps, c’est nécessaire. C’est un projet tout nouveau, tout beau.
Juliette: Je pense que ce qui va être intéressant, c’est que c’est ouvert à tout le monde : à tous les programmes, à tous les niveaux, aux filles, aux gars, bref à tout le monde. Le but est de créer un espace qui est inclusif et diversifié autant sur le plan des programmes, des genres que des identités. C’est là que réside la force de notre projet, car le but est de créer un espace de discussion.
Janie: On veut créer un « safe space » pour les gens qui souhaitent participer à la discussion et partager leur l’expérience. On veut présenter des livres qui vont vraiment nous amener à toucher à des thématiques différentes et à entamer des discussions avec les lecteurs sur les sujets abordés comme la santé mentale, l’homosexualité, etc.
Juliette: Dans les cours, on n’a pas l’occasion de parler des œuvres en profondeur, d’explorer la manière dont elles nous ont changés, alors que c’est pour ça qu’on lit : pour nous amener ailleurs. Je pense que de discuter de nos lectures dans un espace sécuritaire et respectueux, où l’on sait qu’on ne sera pas jugé et où tout le monde est là pour apprendre, est important.
M.-A.: Vous parlez d’espace ; avez-vous décidé de l’endroit où auront lieu les rencontres ?
Juliette: On a un partenariat avec l’Euguélionne, librairie féministe les mardis soir à leur local, puis au café des arts et design de l’UQAM les jeudis midi, mais c’est sujet à changement. Avec l’Euguélionne, ça fait un moment que c’est décidé. L’année passée, on leur a proposé le projet et nous nous sommes entendus afin de louer leur espace les mardis soir pour le club de lecture.
Janie: On voulait vraiment avoir ce partenariat-là, car oui c’est bien de se rencontrer à l’UQAM, mais on désirait sortir du cadre académique. C’est une belle librairie féministe, qui vient toucher nos cordes.
Juliette: C’est proche de l’UQAM, c’est accessible à une station de métro d’ici. Les libraires sont super fins, ils sont dynamiques ; ils nous ont aidés à choisir nos livres et nous offrent même 10% de rabais quand on commande nos livres là-bas.
M.-A.: Avez-vous déjà fait une présélection de livres qui sera partagée pendant le club de lecture ?
Juliette: Pour l’instant, le seul livre déterminé c’est La Cloche de détresse de Sylvia Plath. Les autres livres devraient l’être au courant de la semaine.
M.-A.: Quel sera le fonctionnement du club de lecture ? Combien de rencontres par mois prévoyez-vous et acceptez-vous les recommandations des membres ?
Juliette: Il y a deux rencontres par mois sur le même livre afin d’accommoder le plus de gens possible. Ils peuvent donc se présenter à l’une ou l’autre de nos plages horaires, soit le mardi ou le jeudi. Il y a quinze places pour chaque rencontre, alors trente places au total.
Janie: On n’a pas parlé [de la possibilité que les membres du club proposent des œuvres littéraires], mais c’est vrai que ce serait bien s’ils s’entendent sur un choix de livre à leur goût.
Juliette: Nous sommes ouvertes à faire des modifications en cours de route. C’est sûr ; c’est un projet pilote. Quand on va parler d’un livre en particulier, il y a plein d’autres titres qui vont sortir, donc c’est sûr qu’à chaque rencontre il va y avoir des lectures complémentaires. On va dresser une liste qui sera sur Facebook. Notre but est d’offrir des œuvres diversifiées avec des thèmes diversifiés. Pourvu que ce soit respecté, je ne vois pas le problème, mais les propositions devront être dites d’avance, pour qu’on puisse commander les livres.
M.-A.: À quoi vous servira principalement votre page Facebook ?
Juliette: [Elle servira] aux inscriptions, à la promotion des événements, des livres et des invités.
Janie: C’est surtout notre façon de communiquer.
M.-A.: Quand sera votre première séance ?
Juliette: Le mardi 6 février à l’Euguélionne.
M.-A.: Avez-vous un commentaire à ajouter, un mot pour les lecteurs ?
Janie: Ça va être le fun, il va y avoir des collations, du café, du thé, de belles personnes.
Juliette: [C’est une] occasion de socialiser avec des gens qui ont un intérêt commun pour la littérature, le féminisme ou les deux. Si les gens se cherchent une activité à faire à l’UQAM, je pense que ce qu’on propose…
Janie: …permet de décrocher, de laisser de côté les lectures obligatoires.
Juliette: [Il y a] deux options pour les inscriptions : les inscriptions à la carte, donc 5 $ payées à chaque rencontre, ou bien de payer 20 $ pour les cinq prochaines rencontres.
Nous remercions Janie Houde et Juliette Roberge d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Les inscriptions sont offertes dès maintenant sur Facebook.
Article par Marie-Andrée Labonté-Dupuis.