Romances. Musique classique et relève féminine de l’UQAM

Le 8 juillet dernier, grâce à Jeunesses Musicales Canada, on passait un agréable moment en compagnie de cinq merveilleuses femmes…
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Le 8 juillet dernier, grâce à Jeunesses Musicales Canada, on passait un agréable moment en compagnie de cinq merveilleuses femmes de la relève classique lors d’un concert organisé par la mezzo-soprano Corinne Cardinal. Placé sous le signe de la féminité, le spectacle a été mené de bout en bout par ces artistes, aux âges et aux expériences musicales différentes, toutes ayant posé le pied à l’UQAM au cours de leur cheminement professionnel. Qu’elles soient au début ou à l’apogée de leur carrière, jouant du piano ou faisant osciller leur voix sur scène, elles nous ont toutes éblouis par leur prestance et leur désir de nous faire découvrir une vraie passion pour la musique. Durant une heure passée en leur compagnie, nous avons pu découvrir ensemble l’étendue de leurs talents, au travers de la redécouverte d’œuvres célébrant les périodes romantiques et post-romantiques de la musique classique.

Vicky Tremblay et Frédérique Girard

Le piano

Seul ou accompagné de voix, est un parfait instrument pour exprimer les préoccupations et l’état d’esprit tourmenté des artistes du 19e siècle. Joué par trois des cinq artistes, il passe successivement dans les mains de Vicky Tremblay, Sylviane Trofimoff et Eugénie David au cours du spectacle.

Le premier solo nous est offert par Vicky Tremblay. Cette jeune artiste native de la région de Charlevoix est finalement revenue à ses premiers amours en s’inscrivant au département de musique de l’UQAM, concentration enseignement, après avoir complété un baccalauréat en littérature. Elle interprète le 1er d’une série de nocturnes écrits par Francis Poulenc, compositeur et pianiste français. Le nocturne est une forme musicale classique très connue du mouvement romantique, étant une de ses plus célèbres expressions. Plongé dans une ambiance de nuit qu’affectionnent particulièrement les romantiques, le nocturne est une pièce de courte durée dont le rythme ordinairement lent est composé d’une partie centrale plus vive. Frédéric Chopin en est le meilleur représentant, avec la composition de plus d’une vingtaine de ces formes musicales à son actif. Eugénie David nous fait d’ailleurs découvrir le Nocturne op.72, no.1 dans une de ses interprétations individuelles. Publié après la mort du compositeur, le morceau aux tonalités dramatiques est teinté d’une mélancolie lancinante accompagnée de belles envolées paradisiaques à la main droite qui redonnent une touche positive et mélodieuse à l’ensemble de la pièce. Eugénie signe ici une très belle interprétation au piano, marquant un temps fort du spectacle. Suivi du morceau de Johannes Brahms, Intermezzo op.118, no.2, elle continue à capter notre attention en jouant une pièce riche en amplitudes émotives. Au ton parfois grave et très romantique, on ressent les tourments amoureux du compositeur face à l’élue de son cœur, Clara Schumann, dans cette pièce qui lui est dédiée. Au fur et à mesure que les notes sortent du piano, Eugénie s’applique à y mettre toute l’émotion que contient l’œuvre originale. Les pièces travaillées par l’interprète démontrent l’étendue de son talent.

Détenant un baccalauréat en piano classique obtenu à l’UQAM, Eugénie continue aujourd’hui de construire sa carrière au travers de nombreuses représentations, mais également de l’enseignement qu’elle exerce grâce à la création de sa propre école de musique. La dernière artiste au piano, Sylviane Trofimoff, interprète plusieurs pièces dont une marquante d’Alexandre Scriabine. Sylviane joue de cet instrument depuis son plus jeune âge, multipliant les expériences et les styles. L’année dernière, elle complète sa formation en enseignement à l’UQAM, et nous fait découvrir ici, un artiste qui laisse derrière lui une œuvre très originale et longtemps incomprise de ses contemporains. Dans l’Étude op.8, no.4, Sylviane nous fait entrer dans le monde du compositeur, empreint d’une touche de mysticisme et de spiritualité, où on le découvre à vouloir associer des couleurs aux sons qui sortent de son instrument. Dans ce morceau très aérien, les notes volent dans tous les sens, et le rythme reste présent en arrière-plan.

 

Les voix

Le piano prend toute son importance lors des interprétations solos; il accompagne et laisse la place aux artistes lyriques lorsque ces dernières prennent le devant de la scène. Corinne Cardinal, mezzo-soprano, dirige sa carrière d’une main de fer. Le parcours qu’elle mène autour de sa voix depuis ses débuts saisit par sa force et sa vitalité. À la tête du projet musical Valfreya, groupe alliant métal, classique et folklorique, elle est également interprète, compositrice et productrice, avec l’organisation d’un grand nombre de concerts durant les dernières années. En 2017, elle se recentre sur sa carrière professionnelle en mettant de l’avant ses talents de chanteuse lyrique et décide de compléter un baccalauréat en musique à l’UQAM, concentration pratique artistique.

On retrouve clairement la force et la détermination dans la voix mezzo-soprano de l’artiste, lorsqu’elle décide de nous faire découvrir Gretchen am Spinnrade de Franz Schubert, magnifiquement accompagnée au piano par Sylviane. La pièce, un poème de Goethe mis en musique par le célèbre compositeur, raconte l’histoire de Marguerite, délaissée par l’élu de son cœur. Le rythme choisi par Schubert met en lumière l’action répétitive entamée par Marguerite, bercée de solitude, filant la laine, alors que la pédale du rouet s’emballe au fil de ses mouvements. Corinne nous livre une interprétation pleine d’ardeur et d’impétuosité en laissant jaillir sa voix hors de son abdomen. Le duo voix-piano laisse entendre la détresse et l’émotion présente dans la pièce.

Dans les autres morceaux, l’artiste donne la réplique à sa coéquipière, la soprano Frédérique Girard, qui offre une belle expérience auditive tout au long de la représentation. La voix fine et délicate de la chanteuse est ouverte vers le public et amène une belle énergie pleine de fraîcheur. Dans Elle a fui la tourterelle, elle nous livre une magnifique interprétation d’un extrait de l’opéra fantastique de Jules Barbier et Jacques Offenbach, Les Contes d’Hoffmann. Après avoir touché à plusieurs genres musicaux tels que le rock et la pop, cette artiste polyvalente croise finalement la route du classique. Elle fait actuellement ses armes à l’UQAM, où elle complète un baccalauréat en musique classique. Nos deux chanteuses s’allient pour la seconde fois en toute fin de concert et revisitent la Barcarolle, excellent duo pour soprano et mezzo-soprano, tiré également des Contes d’Hoffmann. Cette belle interprétation de ce grand classique lyrique, où les voix des deux artistes se complètent merveilleusement bien, vient clôturer ce très beau moment passé en compagnie de ces femmes de grand talent.

Article par Marie-Blanche Rossi.

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