Dès les premières minutes, on sent que l’atmosphère sera conviviale. Pas de chichi ici. La mère du marié nous souhaite la bienvenue en se promenant dans la salle et en interpellant tout le monde ou presque en Allemand. Comme si nous étions des invités légitimes de la réception qui allait se tenir.
La disposition de la salle propose d’ailleurs cette espèce d’inclusion du spectateur dans la représentation. Celle de La noce de Bertolt Brecht, présentée au théâtre Prospero.
Ce n’est pas une noce bourgeoise, mais pas du tout. C’est une noce de gens du peuple. Une noce où on sort les vieilles histoires, où on pique le marié parce qu’il construit des meubles qui brisent les uns après les autres. Une noce où le vin coule à flots et où les orgies sont les bienvenues, sous toutes les formes possibles. Parce que oui, la noce, c’est définitivement sexuel. Pas sexy, pas sensuel, sexuel. De la mariée lascive qui embrasse tout ce qui bouge et enjambe son beau-père, à l’ami qui copule avec une des invités du mariage en arrière-scène, la noce est tout sauf classique. La scène finale où la mariée est nue à l’exception d’une petite culotte blanche est représentative de l’ensemble la pièce : toujours à la limite entre drôlerie et mauvais goût.
Les scènes vulgaires de cabinets, très peu pour moi, je l’avoue. Il reste cependant que l’esprit festif et déjanté de cette noce prolétaire est transmis sans équivoque aux spectateurs.
La mise en scène de Gregory Hlady est variée, remplie. On en a plein les yeux. Peut-être un peu trop à certains moments. Dans des instants de folie où tous les personnages se mettent à chanter, du typique Brecht, on est un peu bourré visuellement. La fin de la pièce, tout à fait décousue, est trop éparpillée. Les personnages s’entraînent les uns les autres dans un délire collectif où masque à gaz et nudité se croisent.
Des effets lumineux qui ont cours tout au long de la pièce m’ont semblé intéressants, mais certainement pas utiles. Pas utiles du tout en fait.
Cinq étoiles pour La noce? Sans doute pas. Mais 1 h 45 de divertissement, oui, sûrement. Étrange peut-être, mais honnêtement amusant.
La noce de Brecht, au théâtre Prospero jusqu’au 11 février 2012.
Article par Sandrine Champigny.