Après un premier volume couronné du prix Expozine 2010 pour le meilleur « livre » francophone, la revue Qui vive – Ouvroir d’indépendance lançait son 2e numéro le 8 novembre dernier.
Je me promenais, les pieds sous les feuilles, comme ça, pour rien. J’étais à l’entrée de Laurier via St-Laurent et par un hasard explicable je suis tombé sur le Dieu du ciel ! « Juste un verre ou quatre » me suis-je dit. J’entre et vlam! Le lancement du deuxième numéro de la farouche revue Qui vive. Mais qui dit farouche ne veut pas dire borné ni entêté, quoique… Je rencontre l’équipe et quelques sympathiques matelots, tout me semble en ordre. J’ouvre la revue et vlam! #2, l’intérieur est non seulement bien fait, mais l’éditorial est prenant. « D’accord, d’accord, t’en bois une et tu t’en vas peinard chez vous », me suis-je redit. Trois bières plus tard, j’avais dévoré la revue en question.
Cet « ouvroir d’indépendance » marque ses points : les textes sont bien ficelés, les images sont impeccables, les sujets sont plurisectoriels et son engagement est indéniable. C’est un mélange entre l’art et la politique, entre la création et la destruction d’un discours. Encore une fois, la revue se propose de brasser les « fonds de tiroirs de notre mémoire collective », de les confronter ou de les nettoyer.
Son thème est le Reflux Global. Reflux : Mouvement de personnes qui reviennent en arrière, qui reculent. C’est l’éternel retour des glorieuses québécoises, mais nuancées. Certains textes s’opposent carrément. À quoi? c’est un peu plus difficile de le savoir. Des paradoxes en couvrent quelques-uns, plus enragés cette fois. C’est le propre des doxa qui s’excitent le pathos.
J’arrête ici le branlage gréco-intelligent et clos sur l’extrait d’un remarquable texte d’Élise Lafontaine et Guillaume Martel Lasalle qui ne désirent au fond qu’une discussion : « il n’appartient pas à l’artiste créateur sans public sur le marché des cotes d’artistes masturbateurs de susciter l’extase. L’extase est le résultat partagé d’une sensualité collective, libérée, indépendante de toute autorité. » C’est bien dit, ça rejoint ma vision de l’art marchand qui n’a pas grand-chose à communiquer, mais que fait-on durant l’acte créateur – le vrai –, si ce n’est être obsédé par le spectateur ou le lecteur? L’extase n’est pas immédiate, elle prend du temps et avant d’assouvir l’orgasme, le créateur est profondément seul. Et c’est justement cette solitude qui pousse à dire, à dénoncer et plus largement, à créer. Enfin, il me semble.
Site officiel : www.revuequivive.net/
Article par Sébastien Ste-Croix Dubé.