Il n’y a pas que le tourisme qui a la cote aux Îles-de-la-Madeleine depuis les dernières années: la vie culturelle de l’archipel connaît aussi une expansion fulgurante. La renommée du Festival international de contes , qui se déroule chaque année à l’automne et dont j’ai fait le compte-rendu en 2016, n’est d’ailleurs plus à faire. Du 8 au 11 juillet dernier se tenait un tout premier Festival littéraire. En ces jours chauds et ensoleillés, les Madelinots et visiteurs ont pu participer à une pléthore d’activités liées à la lecture et à la création. Après un émouvant spectacle d’ouverture en hommage à Félix Leclerc, se sont enchaînés soupers littéraires, ateliers d’écriture, randonnées littéraires gourmandes, cercles d’écrivain.e.s, lancements de livres, et j’en passe. J’étais sur les lieux afin de prendre part à la fête et d’y rencontrer les organisateurs et auteur.e.s participant.e.s.
« L’idée était de créer un espace de rencontre entre les artistes d’ici et ceux du reste du Québec, mais aussi de mettre en valeur et de célébrer la richesse littéraire des Îles», explique Céline Lafrance, qui a signé l’orchestration de cette programmation d’envergure réunissant plus d’une vingtaine d’auteur.e.s insulaires et québécois.e.s, dont Jean-Paul Daoust, India Desjardins, Virginie Blanchette-Doucet, Suzanne Richard, et Jocelyn Boisvert. Mme Lafrance, passionnée de livres et organisatrice née, a été approchée l’hiver dernier afin de créer un festival qui permettrait d’animer davantage le Site de la Côte à l’Étang du Nord (Cap-aux-Meules) en début d’été. L’idée du Festival littéraire lui est apparue comme une évidence, car, comme elle le souligne, les Îles regorgent d’un nombre impressionnant d’auteur.e.s. En effet, les mots ont toujours occupé une place importante dans les us et coutumes des Madelinots, reconnus pour la richesse de leur parole conteuse. La culture littéraire des Îles est plus vivante que jamais, souligne India Desjardins, auteure de la série Le Journal d’Aurélie Laflamme (2006-2011) et porte-parole de l’évènement: «Lorsque Céline Lafrance, l’organisatrice du Festival, m’a contactée pour me demander de présider, j’ai accepté sans hésitation. J’avais un doux souvenir de l’archipel et de ses gens, que j’avais visités il y a de cela plusieurs années. Je suis ravie de constater l’effervescence actuelle de sa culture littéraire et de ses auteur.e.s.»
Si l’art des mots est l’une des forces des gens des Îles, l’art culinaire n’est certainement pas en reste, ce qui justifiait l’omniprésence d’activités «gourmandes» dans la programmation. Toujours dans l’idée de faire découvrir la culture locale, de nombreux artisans du palais (fromages, poissons, fruits de mer, etc) ont pu faire goûter leurs créations lors de lectures publiques et soupers gastronomiques. Il s’agissait, bien entendu, d’activités payantes, mais celles-ci, comme les autres, ont connu un taux de participation enviable.
Le Festival a également été l’occasion de célébrer le 10e anniversaire de la splendide maison d’édition madelinienne La Morue verte, dont j’ai fait le recensement de la plupart des titres de fiction, les magnifiques Le sel et le goémon (Christine Arseneault-Boucher), La mer, trois kilomètres à gauche (Suzanne Richard) et il n’y aura pas d’autre saison (Nathaël Molaison). La Morue verte s’est donnée pour mandat la publication et la diffusion des créatrices et créateurs madelinots, toutes disciplines confondues, afin de faire rayonner la riche culture insulaire. En cette soirée de réjouissances, les écrivain.e.s issu.e.s de ce banc de poissons littéraire ont gratifié une foule attentive de délicieux extraits de leur cru.
L’auteure du roman 117 Nord, Virginie Blanchette-Doucet, originaire d’Abitibi, est enchantée de sa participation à cette première édition d’un évènement qu’elle juge fort valorisant pour la relève: «Je me trouve choyée d’avoir été invitée à cette première édition. Et c’est vraiment beau de voir que ce festival donne beaucoup de visibilité aux jeunes auteurs, qu’il nous permet de côtoyer des écrivains d’expérience, comme Jean-Paul Daoust. Qu’il nous laisse aussi une place pour faire les choses à notre manière. En effet, j’ai pu animer un atelier d’écriture le mardi matin et je trouve que c’est une belle preuve de confiance de la part des membres de l’organisation!»
Céline Lafrance me confirme qu’une seconde édition du Festival sera mise en place pour l’été 2018. Celle-ci comptera davantage d’activités destinées au jeune public, car elles manquaient un peu à l’appel. À suivre sur la page Facebook officielle du Festival littéraire des Îles-de-la-Madeleine. Rendez-vous, donc, en début juillet prochain pour vivre d’autres festivités livresques hors du commun en terre océanique.
Propos recueillis en entrevues personnelles le 11 juillet 2017.
Article par Fanie Demeule.