La 7e édition du Festival d’art contemporain émergent (ARTCH) a été lancée le 15 octobre dernier lors d’un vernissage réunissant 21 artistes visuels de la relève. C’est sous le thème Espaces d’artistes: affirmation et professionnalisation que les participant·e·s ont reçus l’appel à créer.
L’exposition a eu lieu à la Place Ville Marie; un endroit sobre et spacieux qui a su mettre en valeur l’éventail des oeuvres qui étaient sur place. Le spectateur pouvait se promener dans un parcours imitant la forme des flèches d’une boussole afin de découvrir les artistes. Ce parcours moins conventionnel était amusant, quoiqu’il dispersait un peu l’ambiance. Certains points cardinaux de la boussole étaient moins festives, notamment celle de l’entrée où le travail de Danica Olders, Tania Lara et Émile Riopel se trouvait. Toutefois, les œuvres des ces dernier·ère·s ont su capter l’œil du spectateur, qui aurait pu être attiré d’emblée par les discours et la musique au milieu de la croix.
Tania Lara a su accueillir les spectateurs avec son installation colorée d’articles du quotidien funky: une chaise brodée, des vases aux formes organiques et des affiches représentant les démons intérieurs, littéralement.
De l’autre côté du faux-mur, qui délimite les espaces de présentation des artistes, on entre directement dans l’atelier d’Émile Riopel, tout droit sorti d’une cabane en bois rond, accueillant et chaleureux, dont les murs arborent sculptures, morceaux de bois aux formes familières, le tout décoré de mots du jargon québécois, tsé.
L’étudiant au baccalauréat en arts visuels à l’UQAM était directement sur place afin de répondre aux questions en plus de nous laisser feuilleter de nombreux carnets de papier recyclé, renfermant des croquis et des bribes de sa vie. Pour compléter le trio de la première pointe, ce sont les œuvres de Tania Lara qui représentent une sorte de géographie. Une géographie parfois appariée avec l’anatomie, parfois avec le subconscient, parfois avec l’espace et le monde. C’est le textile qui est mis de l’avant dans ce petit carré d’art fortement poétique, comme le suggèrent les thèmes abordés. En plus, on peut y voir un attachement concret à son milieu natal, en plus d’une conscience de soi précise notamment par l’œuvre autogéographie 3 où elle personnifie ses émotions ainsi que certaines parties de son corps dans un contexte quotidien.
Photo: Tania Lara, autogéographie 3
« Et si mon utérus pouvait jouer aux cartes avec le cycle des saisons en jasant de leurs dérèglements hormonaux ? Et si la tristesse pouvait s’enfouir silencieusement au fond d’une sacoche Chanel ? Et si nous nous permettions de témoigner de ces rencontres improbables entre mondes intérieurs, extérieurs et d’entre-deux puis de les spatialiser pour mieux saisir leur complexité et leur interrelation ? », écrit Tania Lara au sujet de son autogéographie 3, sur son site web.
Performances, concepts, dessins, et peintures étaient au rendez-vous. Chacun des artistes a répondu à l’appel différemment. Certain·e·s se sont penché·e·s sur la vie familiale, notamment par biais de la fête, comme on le voit sur les peintures de Wendy Alexia Marvol. Pour Ophélie Lemay, médiatrice de l’exposition de Barbara Ottevaere, on aborde la famille par la mythologie grecque, mais également à travers le monde intérieur, dans sa collection de céramiques.
21 artistes, ça en fait du beau monde à découvrir. C’est pour cette raison qu’il faut profiter des quelques jours de l’exposition d’ARTCH, qui se déroule du 16 au 20 octobre à la place Ville Marie de midi à 19h. En plus de l’exposition, plusieurs ateliers font partie de la programmation à découvrir.