« Tenir en dépit des malgré. » En plus d’être l’une des citations phares du nouveau spectacle Gaëtan (Pièces à assembler à la maison) présenté au théâtre de Quat’Sous jusqu’au 17 décembre, il s’agit également de la phrase la décortiquant le mieux. Mise en scène, adaptée et jouée par l’artiste Marcel Pomerlo, la pièce dépeint le portrait de Gaëtan Blanc, sorte d’homme enfant à la recherche de lui-même, à la recherche de sa vie.
D’entrée de jeu, le décor semi-minimaliste plonge le spectateur au cœur d’un monde ambigu, à la croisée des générations. D’un côté se trouve un tableau géant aux couleurs multicolores, recouvert d’un drap; de l’autre se trouve un décor plus rustique : deux chaises et une table en bois sur laquelle sont déposés théières, nappes et autres objets réconfortants par temps froids. À l’arrière se trouve un immense écran où sont projetées, par intervalles irréguliers, quelques bribes de pensées et citations.
Gaëtan (Pièces à assembler à la maison) c’est l’histoire touchante de Gaëtan Blanc, jeune garçon au tempérament inquiet ayant vécu son enfance dans un orphelinat. Dès son plus jeune âge, il est abandonné par sa mère car porteur d’une grave maladie : il était doté de deux cœurs. C’est dans cet univers entre l’absurde, l’onirique et le mélancolique que Marcel Pomerlo trace le portrait de ce personnage singulier. La pièce est divisée en deux principales parties : la première où le héros s’illustre comme Gaëtan Blanc jeune garçon âgé de cinq ans; et la deuxième où le héros devient Gaëtan Blanc adulte et gardien de nuit dans un musée. L’histoire évolue davantage autour de ce dernier. Passionné d’art comme d’autres sont obnubilés par l’espace, Gaëtan tombe tour à tour amoureux de plusieurs œuvres d’art et nous parle de vie, de liberté et surtout d’espoir.
Tantôt grave, tantôt dramatique, tantôt drôle, la pièce frappe, tant le jeu du comédien transporte réellement le spectateur vers diverses contrées. Hic néanmoins persistant, par bouts, le jeu de Pomerlo était intensifié, voire exagéré, comme s’il tenait à transmettre l’«émotion du moment » avec tant de ferveur que celle-ci se perdait dans une marée de « trop-plein ».
Deux éléments centraux marquent la pièce. Le premier tient à l’importance de la musique au cours des différentes scènes, tandis que le second se fait sentir dans le mélange ingénieux entre l’art et la littérature s’opérant tout au long du monologue. Tous les tableaux présentés lors du spectacle sont tirés de l’œuvre du peintre québécois Marc Tremblay.
Avec Gaëtan (Pièces à assembler à la maison), Marcel Pomerlo a tout de même réussi à créer, seul, une pièce de théâtre touchante, en usant d’un ton mi-doux, mi-amer, multipliant les références artistiques. Tout ce bric-à-brac contribue à édifier une œuvre où simplicité et complexité cohabitent. En somme, une œuvre proche du public, bien que se déployant dans un univers peu commun.
Article par Marie-Ange Zibi.