À la barre de la troupe Leitmotiv, Marie-Pier Simard, fondatrice et Adam Faucher, metteur en scène. Ensemble, ils se donnent la mission de promouvoir la relève et de mettre de l’avant des textes québécois. Rencontre avec Adam Faucher, le chef d’orchestre de la troupe.
C’est dans un café plutôt bruyant qu’Adam et moi nous rencontrons. Nous nous demandions par courriel comment nous allions faire pour nous reconnaître, en blaguant sur des accoutrements absurdes que nous pourrions porter pour nous faire remarquer. Rien de tout ça n’a été nécessaire pourtant, parce qu’en le voyant entrer, je l’ai tout de suite reconnu, merci Internet.
L’entrevue est décontractée, facile, parce que dès que je demande à Adam Faucher de me parler de son dernier projet, rien ne l’arrête et c’est un fleuve de paroles qui s’enclenche. Ceux qui l’ont connu, de Suzie Bastien, est le prochain défi qu’il entend relever : « C’est la première fois que la pièce est jouée, c’est important de bien la transmettre. » Cette histoire d’amour démesurée est celle des gens qui gravitent autour d’un écrivain tourmenté, étouffé par l’amour de tous ceux qui l’entourent. Cet amour qui le mènera au suicide se poursuit même après sa mort, quand les personnes qui l’adoraient reviennent dans son appartement suite à son décès, parler d’eux à travers lui. Seule témoin de son suicide, sa voisine, qui ne connaît pas l’amour, restera amère des derniers mots de l’auteur, qui lui demandera de lui dire la plus belle phrase au monde. Dans la mise en scène, Adam Faucher se donne un défi supplémentaire, soit celui de ne pas faire de coupures de texte : « C’est quelque chose que je fais beaucoup, des coupures. C’est un beau défi de faire en sorte que chaque mot ait sa place. »
Outre le travail des mots, celui du corps, présent non seulement dans la pièce en gestation, mais aussi à travers tout le travail du metteur en scène : « Je vais chaque année un peu plus loin dans le jeu avec le corps. Je ne prétends pas être la personne qui comprend mieux le corps, mais je l’aime, je trouve ça beau. Je ne peux pas dire encore pourquoi. » Et ce théâtre du mouvement, comme il l’appelle, sera vraiment à l’avant-plan cette année : « Cette année ça va être très corporel, c’est pour ça que je suis allé chercher des acteurs qui font tout : du trampoline, de la gymnastique, de la danse, du combat. »
Présenté du 26 au 30 juin prochain, à l’Espace Libre, le troisième projet de la troupe est encore à l’étape d’embryon, rien n’est coulé dans le béton, mais le tout semble déjà tout à fait prometteur. La passion de la mise en scène d’Adam Faucher est palpable. Prématuré de dire qu’on le reverra certainement bientôt? Non. Sans doute pas, parce qu’à le voir aujourd’hui, on ne peut qu’avoir hâte de savoir où il sera demain.
Article par Sandrine Champigny.