
Le projet Architecture hostile est mis en oeuvre par Guillaume Loslier-Pinard. Son travail sera présenté du 27 au 29 septembre 2018 au Théâtre Aux Écuries dans le cadre de l’événement VOUS ÊTES ICI produit par LA SERRE — arts vivants.
Artichaut Magazine: Qui êtes-vous?
Guillaume Loslier-Pinard: Moi c’est Guillaume. Guillaume Loslier-Pinard. Je suis danseur et chorégraphe. Voici d’autres rôles que j’ai exercés : ramoneur, éleveur de chameaux, libraire, commis dans une épicerie, des boulangeries, des cafés, préposé aux résidus domestiques dangereux dans un centre de recyclage, fermier, tuteur en lecture, aide-cuisinier, constructeur de silos à grains, entrepreneur dans le domaine du sandwich, préposé aux remonte-pentes pour le ski, enseignant d’anglais, soldat dans la réserve des Forces Canadiennes, solliciteur pour Amnistie internationale, réalisateur de films pour une agence de l’UNESCO au Brésil, concierge, conteur, cowboy, plongeur, chef d’une équipe de nettoyage des berges de la rivière des Outaouais, cobaye pour un médicament contre le diabète.
AM: Que proposez-vous dans le cadre de l’évènement VOUS ÊTES ICI?
GLP: Architecture hostile est un projet de danse dans des endroits repoussants. L’architecture hostile est conçue pour qu’on ne s’y attarde pas, qu’on continue son chemin, ou pour contraindre nos possibilités de mouvement. En dansant dans ces lieux, j’agis en quelque sorte à l’envers du design proposé. J’insiste en trouvant des possibilités de mouvement où il peut paraître en avoir moins.
AM: Qu’est-ce que tu vous dites/faites/vivez dans votre proposition?
GLP: Je danse! Dans le cadre de ma résidence au théâtre des Écuries, j’ai demandé quel était le lieu le plus hostile. On m’a proposé le quai de chargement, utilisé surtout pour y laisser des déchets, un endroit en béton, illuminé par des néons qui me semble, ma foi, bien hostile, et qui convient très bien à mon projet.
AM: Les arts vivants sont-ils sous-estimés dans notre société?
GLP: À Montréal, les citoyens sont plus en contact avec l’art et les artistes qu’en région et ça donne une certaine qualité de vie à ses habitants, qui aiment bien aller aux événements publics et aux festivals, même s’ils ne sont peut-être pas tous au courant de tout ce qui se passe en art contemporain. En région, l’art vivant a de la misère à se tailler une place dans le quotidien des citoyens. Je suis allé à Ipswich au Royaume-Uni cette année pour faire un spectacle avec la compagnie Casson and Friends. Là-bas, pour une ville de 130 000 habitants, il y a un grand centre de danse, DanceEast, avec de superbes studios, un théâtre avec des spectacles d’envergure, des résidences d’artistes à l’année, des cours de danse pour les préprofessionnels et pour la communauté, alouette! Pendant ce temps, dans ma ville natale à Gatineau, ville de 300 000 habitants, il manque les institutions pour soutenir les jeunes artistes, alors ils partent à Montréal. C’est une question de priorités.
AM: Comment se sent-on en tant que jeune diplômé-e en art vivant?
GLP: On n’arrête pas d’apprendre, même une fois gradué. Surtout que comme la plupart des danseurs professionnels, je continue de prendre des classes de danse, alors, il y a une certaine continuité. J’apprends pas juste en danse. Là je lis des livres de vulgarisation scientifique, la théorie du chaos, l’invention de la pompe à air, le problème de démarcation entre la science et la pseudoscience. C’est super intéressant, et ça me nourrit.
AM: L’éducation que vous avez reçue dans votre programme était-elle adéquate?
GLP: J’ai gradué de Concordia, où on a appris à être créatif et autonomes, à collaborer avec nos pairs, à avoir un sens critique et ainsi grandir avec chaque création artistique. Alors oui, c’était une bonne éducation, de belles années.
AM: Un conseil pour de futurs étudiants en arts vivants?
GLP: Prenez le temps d’expérimenter. Apprenez de gens qui sont différents de vous.
AM: Un dernier mot?
GLP: Shwhoopidou!
VOUS ÊTES ICI, une initiative de création par LA SERRE – arts vivants, sera présentée du 27 au 29 septembre 2018 au Théâtre Aux Écuries.