À la veille de la parution de notre numéro PROFANATIONS, nous vous présentons un artiste de Montréal dont les œuvres seront publiées dans ce prochain opus qui s’annonce très occulte. Les créations de Mathieu Vaillancourt ont rapidement attiré notre regard et notre intérêt. Ses créatures très charmantes bien qu’un peu terrifiantes, nous rappellent certainement les bébittes de l’univers de Lovecraft ou encore celles des films de la populaire série Aliens. Cet artiste émergent qui partage régulièrement sa démarche sur les réseaux sociaux vous dévoile, dans ce billet, ses inspirations et les secrets de sa démarche.
Krystel Bertrand: Tu es un artiste émergent et multidisciplinaire qui a une formation en Design d’Animation 3D. Selon toi, quels sont les principaux défis d’un artiste qui fait ses débuts officiels dans le milieu des arts visuels ou musicaux?
Mathieu Vaillancourt: Selon moi, le défi principal est d’être original (bien que tout a déjà été fait). Il faut se faire connaitre pour son intégrité et éviter de faire de l’art juste pour plaire à la masse et ayant comme but principal, la vente d’œuvres. Je crois qu’il est important de faire ce que l’on aime. Un autre enjeu important, c’est celui de se faire un nom dans cet océan de requins. Tout est question de visibilité et c’est exigeant. Réussir à mettre son énergie de façon équivalente pour la promotion et la création, c’est difficile à gérer. À la longue, il est possible de découvrir des moyens pour que ça fonctionne.
KB: Ta pratique se situe entre le classique et le contemporain: tes images dessinées à la main nous rappellent certainement les gravures de Gustave Doré et de Goya, mais tu retouches numériquement certaines de tes œuvres pour rehausser les couleurs. Cette démarche est très intéressante, car elle honore l’héritage de l’histoire de l’art, tout en démontrant une ouverture aux nouveaux médias. Peux-tu nous parler un peu de ta démarche?
MV: L’utilisation de médiums digitaux m’aide à accéder à un éventail plus étendu de possibilités pour aborder certaines thématiques inspirées d’artistes de l’âge d’or. Tout d’abord, j’esquisse mon croquis avec un crayon bleu. Quand je suis satisfait, j’ajoute des traits avec un crayon rouge. Ceux-ci servent à délimiter les hachures pour l’ombrage. Ensuite, j’utilise une table lumineuse pour encrer avec une plume la version finale. Avec l’aide de l’ordinateur, j’ajoute parfois quelques couleurs et j’ajuste le contraste de mes illustrations pour que le noir soit parfaitement opaque.
KB: Un de tes projets en cours s’inspire de l’un des grands classiques de la littérature américaine, Le mythe de Cthulhu de H.P. Lovecraft. Ce qui est fascinant avec ce projet, c’est que tu partages les étapes de ta création sur ton site web ainsi que sur tes différents réseaux sociaux. Cela nous permet réellement d’entrer dans ton univers et du coup dans l’univers lovecraftien. Tu as aussi participé au défi Lovecraftuary. Qu’est-ce qui t’a inspiré à créer une série hommage à H.P. Lovecraft et pourquoi as-tu choisi de partager ta démarche avec ton public?
MV: En lisant les écrits de Lovecraft, je me suis familiarisé avec l’auteur. Récemment, j’ai découvert le jeu de rôle nommé Call of Cthulhu, la septième édition pour être précis. L’index des créatures du livre m’a inspiré et j’ai décidé d’en faire ma propre interprétation. En général, je trouve que ce genre d’illustrations puisent leurs imageries dans une esthétique se rapprochant trop du type comic book. Selon moi, elles ne rendent pas justice à l’atmosphère des écrits. Pour cette raison, j’ai choisi de rendre en images l’œuvre de Lovecraft sans utiliser de couleurs et dans un style plus sombre et réaliste.
Je partage ma démarche pour ceux et celles qui pratiquent la même technique que moi. Personnellement, je préfère souvent voir le procédé de création d’une œuvre que le résultat final, car j’apprends à perfectionner mes connaissances en voyant d’autres artistes travailler. Aussi, je partage ma démarche pour les curieux et curieuses qui, comme moi, veulent savoir comment les choses fonctionnent en création artistique sans uniquement s’intéresser au résultat final.
KB: Tu n’es pas seulement un artiste visuel, tu es aussi derrière le projet musical Duvet du Diable qui s’inscrit dans la branche particulière de la musique médiévale dite Dungeon Synth. Pour nos lecteurs et lectrices, expliquons que le Dungeon Synth est un genre musical généralement électronique caractérisé par des mélodies plus ambiantes.
Il y a très certainement un rapport entre tes œuvres visuelles qui présentent toutes sortes de créatures fantastiques parfois cauchemardesques et tes œuvres musicales inspirées de sombres récits. Comment as-tu découvert le Dungeon Synth et comment cette musique fait écho à ta démarche artistique actuelle?
MV: Ma musique évoque un donjon émotionnel plus qu’un réel donjon médiéval. Elle puise ses racines du mouvement romantique et du mal du siècle. J’ai découvert le Dungeon Synth à travers le métal noir plus précisément avec le groupe Burzum et son album Hliðskjálf et par la suite avec Mortiis. Cette musique reflète bien mon intériorité; par réaction de cause à effet, elle transparait comme de la bile noire dans mes projets en arts visuels.
KB: On sait que tu animes différents réseaux sociaux. On peut te suivre sur ton site web et ton compte Instagram où tu sembles très actif. Aimerais-tu nous dire, en terminant, quels sont tes prochains projets? Est-ce que tu cherches à exposer tes œuvres? As-tu d’autres pistes de création dont tu voudrais nous parler?
MV: Cette année, j’ai commencé à apprendre la peinture à l’huile et je veux perfectionner mes créations 3D. J’ai aussi l’intention de faire plus d’imprimés de mes œuvres. Je projette aussi monter une exposition l’année prochaine.
Nous remercions Mathieu Vaillancourt d’avoir généreusement accepté de nous parler de son travail. Nous lui souhaitons beaucoup de succès pour ses projets à venir.
Vous pourrez découvrir d’autres œuvres de Mathieu Vaillancourt dans le prochain numéro de l’Artichaut Magazine: PROFANATIONS. En attendant, vous pouvez le suivre sur son site web, son compte Instagram ou encore sur son profil Art Station.
Pour toutes les informations sur le lancement de PROFANATIONS, c’est ici