Mélodramatique. Totalement et complètement baignée dans un mélodrame excessif. Ce sont les premières impressions qui me sont venues à l’esprit après la représentation de la pièce Jaz, présentée en première au Théâtre des Écuries mardi dernier.
Le monologue est celui d’une femme qui raconte l’histoire d’une certaine Jaz qui, on le découvrira plus tard sans grande surprise, n’est autre qu’elle-même. Attachée à une plate-forme, Jaz se fait torturer pendant qu’elle livre l’histoire de sa vie, mais surtout de son viol.
Le décor dans lequel évolue Jaz semble tout droit sorti d’un film d’épouvante post-moderne. Outre la plate-forme mouvante, le décor est constitué de télévisions qui présentent différentes images qui franchement, sont plus ou moins utiles dans la pièce. Personnellement, je n’y ai pratiquement jamais jeté un regard. On ne s’en sert vraiment qu’à un moment où Jaz, dos au public, se fait interroger et que son visage est présenté sur les écrans. Mis à part ce court moment, les télévisions n’apportent absolument rien au décor déjà surchargé par l’énorme plate-forme principale.
Crédit photo: Nicolas Descoteaux
Au-delà du décor, c’est malheureusement le jeu de l’actrice, Amélie Chérubin-Soulières qui laisse à désirer. Un jeu larmoyant qui n’est pas assez fin, à mon avis, pour rendre un propos aussi intime que celui d’une histoire de viol. Ses propos sont crus, réalistes, mais livrés de façon presque caricaturale.
Le problème n’est pas dans le propos, qui est pertinent et sensible, honnête aussi, et certainement actuel; c’est plutôt dans le rendu que se trouve la faille. L’essence de l’histoire se perd parmi le décor industriel cauchemardesque et la sonorisation déficiente. Parce que si la sonorisation n’était pas déficiente, elle est certainement à retravailler. L’idée de la création d’une tension dramatique par le bruit n’est pas mauvaise a priori, mais quand la salle bondit de son siège trois fois parce qu’un énorme vacarme surgi d’on ne sait où perturbe la pièce, on se permet de questionner la pertinence desdits effets sonores.
Une vulgarité dans le rendu fait mal à Jaz, une pièce qui pourrait facilement être bouleversante, mais qui se transforme en cirque. Sans fioritures, une confession intime livrée au spectateur serait sans doute beaucoup plus efficace et certainement beaucoup plus touchante.
Jaz est présenté par la compagnie Les Deux Mondes Aux Écuries jusqu’au 12 novembre 2011.
Article par Sandrine Champigny.