C’est avec leur caractéristique enthousiasme contagieux que l’équipe du Festival Fantasia accueillait les médias pour le dévoilement officiel de leur programmation le mercredi 5 juillet. De petit festival sans prétention à véritable incontournable du circuit festivalier international, Fantasia fêtera cette année son 21e anniversaire avec pas moins de 160 longs métrages et 300 courts métrages provenant de 40 pays. Survol d’une programmation qui s’annonce des plus prometteuses.
Cinéma asiatique
Fidèle à ses origines, Fantasia laisse une belle part de sa programmation au cinéma asiatique. The Villainess de Jung Byung-Gil (présenté en séance de minuit au dernier Festival de Cannes), haletant récit d’espionnage et de vengeance, ouvrira le festival avec une bonne dose d’action. Pour la clôture, ce sera A Taxi Driver de Jang Hoon, comédie dramatique traitant de la violente répression des manifestations de mai 1980 à Séoul vue à travers les yeux d’un humble chauffeur de taxi et du journaliste allemand qu’il transporte. Toujours en provenance de Corée du Sud, A Day de Cho Sun-ho, présenté en première internationale, propose un récit intrigant à la Groundhog Day où un homme est condamné à revivre sans fin la journée de la mort de sa fille.
Les prolifiques Sion Sono et Takashi Miike, habitués du festival, seront de retour une fois de plus au festival cette année, avec Shinjuku Swan II pour Sono et Jojo’s Bizarre Adventure : Diamond is unbreakable et The Mole Song : Hong Kong Capricio pour Miike. En provenance du Japon, nous aurons également droit à The Tokyo Night Sky is Always the Densest Shade of Blue de Yuya Ishii, mélancolique ode à la jeunesse solitaire tokyoïte, basé sur l’œuvre poétique de Tahi Saihate. Les amateurs de Godzilla, quant à eux, ne manqueront sous aucun prétexte la projection du nouvel épisode de la série culte Shin Godzilla, réalisé par Hideaki Anno et Shinji Higuchi.

The Villainess – Jung Byung-gil
Cinéma d’action
Au rayon du film d’action, les propositions de cette 21e édition incluent (entre autres) l’épique historique chinois God of War (Gordon Chan), l’explosif Atomic Blonde (David Leitch, réalisateur de John Wick) mettant en vedette Charlize Theron et Jailbreak (Jimmy Henderson), film d’action cambodgien promettant des séquences d’action chorégraphiées prêtes à rivaliser avec celles de l’indonésien The Raid, qui avait fait un tabac au festival il y a quelques années de cela.
Cette édition du festival serait cruellement en manque sans les traditionnels films de braquages foireux mis en œuvre par des criminels manquant cruellement de jugeote. Cette année, cette honorable case sera remplie par 68 Kill (Trent Hagaa), mettant en vedette Matthew Gray Gubler et AnnaLynne McCord (qui avaient tenu la vedette dans Excision et Suburban Gothic de Richard Bates Jr., présentés au festival il a quelques années avec un succès retentissant), dans le rôle des dits criminels. L’Argentine ne sera pas en reste avec You Only Live Once (Federico Cueva), une autre histoire d’escrocs de seconde zone empêtrés dans une série de catastrophes, avec nul autre que Gérard Depardieu dans le rôle du méchant. De l’autre côté de l’océan, le français Money’s Money (Gela Babluani) présentera un trio de loubards coincés dans une vaste machination politique aux répercussions dangereuses après avoir tenté de braquer le domicile d’un ministre influent.

Atomic Blonde – David Leitch
Programmation internationale
De la comédie au drame en passant par le film d’horreur, Fantasia présente une fois de plus une sélection internationale des plus variées. Pêle-mêle, on citera Good Times (Ben et Joshua Safdie), présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, sordide odyssée psychédélique mettant en vedette Robert Pattinson dans un rôle destiné à faire oublier pour de bon ses premiers rôles de vampire bellâtre.
Sélectionné au festival de Tribeca, My Friend Dahmer de Marc Meyers, adapté du roman graphique autobiographique de Derf Backderf, relate l’adolescence de Jeffrey Dahmer, jeune homme renfermé qui allait devenir un des tueurs en série les plus tristement célèbres de son époque. Décrit par sa réalisatrice Agnieszka Holland comme un « No Country for Old Women » le polonais Spoor s’intéressera quant à lui à une ingénieure retraitée confrontée à une série de meurtres mystérieux dans son petit village reculé. Fantasia présentera également en première mondiale Mohawk de Ted Geoghegan, thriller historique (défini comme « Home Alone… si l’Amérique était la maison ») mettant en vedette l’actrice Mohawk Kaniehtiio Horn (originaire de Kahnawake, qu’on a pu voir dans la série Hemlock Grove, entre autres) dans le rôle d’une courageuse guerrière luttant contre une troupe de soldats américains ivres de violence. Mentionnons aussi M.F.A. de Natalia Leite, thriller confrontant la culture du viol sur les campus américain, présenté au à SXSW cette année.
Dans le domaine animalier, on se précipitera vers Prey (Dick Maas) pour voir un lion assoiffé de sang rôdant dans les rues d’Amsterdam (!) et vers Animals (Greg Zglinski), qui relate la descente dans la folie d’un couple suivant une collision avec un mouton (!!).
Les amateurs de Luc Besson auront quant à eux le plaisir de retrouver ce dernier, manifestement en grande forme, avec Valerian and the city of a thousand planets, adapté de la bande dessinée culte de Christin et Mézières. Un retour à la science-fiction pure longuement attendu pour le réalisateur du célébré Cinquième élément.

Valerian and the city of a thousand planets – Luc Besson
Documentaires et inclassables
Malgré qu’il soit principalement consacré au cinéma de fiction, Fantasia présente chaque année quelques documentaires des singuliers. Les programmateurs ont frappé fort cette année avec Liberation Day (Ugis Otte et Morten Traavik), qui documente le premier concert d’un groupe rock occidental en Corée du Nord. Grincement de dents et rire jaune à prévoir! On mentionnera aussi la coproduction Royaume-Uni/Canada Tokyo Idols (Kyoko Miyake) sur le phénomène japonais des « idoles » et 78/52 (Alexandre Philippe, réalisateur de The People vs George Lucas) sur la fameuse séquence de la douche de Psycho.
Le cinéphile averti s’empressera aussi d’aller voir des films inusités tels que Bad Black (IGG Nabwana), film d’action ougandais bricolé (mais oh combien passionné) ou le bizarre Lowlife de Ryan Prows, incursion dans la double-vie désespérée d’un luchador surnommé El Munstruo. Quant à l’italien Laplace’s Demon (Giordano Giulivi), son noir et blanc graphique et son histoire baroque mêlant horreur gothique et réflexions philosophiques sur le destin sauront assurément plaire aux amateurs de propositions hors-norme.

Bad Black – IGG Nabwana
Cinéma québécois et rétrospectives
Bien évidemment, le cinéma québécois aura sa place au Festival, avec le retour des Fantastiques week-ends du cinéma québécois et leur programmation variée de courts métrages et longs métrages d’ici. Aux films déjantés comme Punk-Fu Zombie (Gabriel Claveau) succéderont les propositions plus dramatiques comme le Radius de Caroline Labrèche et Steeve Léonard, de retour au festival 8 ans après Sans Dessein.
Fantasia sera aussi l’occasion de la première très attendue du Problème d’infiltration de l’incontournable Robert Morin (Requiem pour un beau sans cœur, Les quatre soldats, Petit Pow-Pow Noël), anxiogène et expressionniste portrait de la crise morale d’un chirurgien plastique interprété par nul autre que Christian Bégin.
Le public aura aussi l’occasion de découvrir ou de redécouvrir plusieurs classiques méconnus du cinéma québécois avec des projections pour L’Ange et la Femme de Gilles Carles, Rafales d’André Melançon et Simon les Nuages de Roger Cantin. La place d’honneur revient toutefois à Karmina de Gabriel Pelletier, authentique film de vampire québécois mettant en vedette Yves Pelletier (!) dans le rôle de l’odieux buveur de sang. Autre événement psychotronique à ne pas manquer : la projection en plein air de La petite Aurore, l’enfant martyre, premier grand succès du cinéma québécois (on se demande encore pourquoi!).

Le problème d’infiltration – Robert Morin
Au chapitre des rétrospectives, le festival remettra au légendaire Larry Cohen le prix de carrière honorifique pour l’ensemble de son œuvre, qui bénéficiera d’une série de projections à la Cinémathèque québécoise — une occasion en or pour découvrir l’œuvre de ce cinéaste parmi les plus singuliers de son époque. Mentionnons aussi la projection des éditions restaurées de deux classiques indémodables, le Suspira de Dario Argento (avec une restauration en 4K supervisée par le directeur photo Luciano Tovoli) et Terminator 2 : Judgement Day de James Cameron (dans une toute nouvelle édition 3D chapeautée par Cameron en personne).
Tout cela sans oublier les nombreux événements et projections spéciales organisées par Concordia, des projections jeunesses Mon Premier Fantasia au Ciné-Concert L’Homme qui rit. On en passe, on en passe : la programmation de Fantasia est une fois de plus chargée, et encourage le cinéphile à une consommation rien de moins que gloutonne.
Pour cette 21e édition, vous pourrez compter sur les comptes-rendus de trois critiques de l’Artichaut, qui se chargeront de décortiquer les différents films de cette programmation chargée.
Il nous reste à vous souhaiter un bon festival à tous et à toutes!
Le Festival Fantasia aura lieu du 13 juillet au 2 août 2017. Consultez la programmation et achetez vos billets sur leur site web.