Le 20 février dernier, les Rendez-vous du cinéma québécois (RVCQ) présentaient à la cinémathèque québécoise huit films, de huit jeunes réalisateurs, inspirés de huit chansons d’Alexandre Désilets.
Détrompez-vous, il s’agit bien de vidéoclips et non de courts métrages. Difficile de faire autrement lorsque la musique occupe tout l’espace sonore d’un film. Cependant, ces huit vidéoclips ont le méritent de ne pas être que de vulgaires productions publicitaires, convenues et sans goûts comme celles qui pullulent notre univers médiatique. Au contraire, ces huit films ont chacun une couleur (malgré que certains soient en noir et blanc) et reflètent la vision de ces huit réalisateurs jeunes et fringants.
Ces huit réalisateurs, ce sont Thien Vu Dang, Ian Lagarde, Mario Galardo, Patrick Péris, Brigitte Henry, Nicolas Roy, Mathieu Jacques et Yan Giroux. Ce qui est fascinant et qui fait aussi la force de ce projet est qu’aucun des films ne se ressemble. La musique d’Alexandre Désilets suit une même logique et forme un tout cohérent, cependant, les films empruntent des directions complètement différentes les unes des autres. Chacun trouve, à sa façon, une manière de raconter une histoire. Certains, biens sûr, se démarquent du lot. Celui de Nicolas Roy, dont le court-métrage, ce n’est rien a été sélectionné au festival de Cannes et qui signe également le montage des deux derniers films de Denis Côté, dont Bestiaire, le film d’ouverture aux RVCQ, met en scène, et cela, avec un sens précis du rythme, une chorégraphie troublante et intrigante. Il y a aussi celui de Yan Giroux, un film qui brille par sa simplicité : un homme avec une boîte faite de miroirs marche dans la rue. L’effet donne une humanité étrange au personnage qui ne semble pourtant pas humain. De plus, on réussit à montrer à l’image la vision du personnage sans toute fois avoir recourt à une caméra subjective. Les jeux d’optiques, la lenteur des plans et l’étrangeté qui se dégage de cette petite vidéo collent parfaitement avec la pièce musicale d’Alexandre Désilets. Les autres films méritent aussi le détour, mais il m’est malheureusement impossible de tout couvrir.
Je ne peux que saluer ce genre d’initiative. Ce collectif permet non seulement de faire découvrir de nouveaux cinéastes, mais permet aussi d’élargir et de renforcer leur vision d’auteur. C’est une chose qui à mon avis manque au Québec; des collectifs d’auteurs et de réalisateurs. Prenez le temps de vous rendre sur le site Internet d’Alexandre Désilets, vous pourrez visionner les huit vidéoclips gratuitement. Ça vaut le détour!
Article par Mathieu Rolland. Centipède urbain qui se questionne actuellement sur l’aspect inéluctable de l’échec à travers l’archétype du voyou.