Hugo Meunier publiait en octobre dernier son troisième roman chez Stanké. Cette nouvelle œuvre plonge les lecteur·rice·s en plein cœur de l’émotion et de la souffrance humaine. Tourbillonnant entre la solitude, le désespoir, la tristesse et la colère, Raté met en valeur la force du pardon lorsque surviennent les temps difficiles.
Christian est intense, il réfléchit trop, tout le temps. Entre autres, il est effrayé d’avoir rencontré l’amour de sa vie à 20 ans. Dès les premiers moments, il sait qu’il ne peut vivre sans Marilyn. Ensemble, ils donnent vie au deuxième être qu’il aime plus que tout au monde, leur fils Robin. Christian fait tout pour plaire à son entourage, jusqu’au jour où il commence à déraper. Coincé dans sa quête obsessionnelle pour le succès et dans son besoin continuel d’être validé par ceux et celles qui l’entourent, Christian s’encline de plus en plus dans la dépression. Lorsqu’il voit déchoir sa popularité en tant que comédien et qu’il perçoit Marilyn trouver réconfort dans les bras d’un autre, c’en est trop pour lui. Christian commet alors l’irréparable, se disant que sa vie ne peut être pire. Du moins, c’est ce qu’il pense jusqu’à ce qu’il se réveille tétraplégique après avoir passé quatre mois et six jours dans le coma. Coincé dans son propre corps, le protagoniste doit trouver le courage d’apprendre à vivre avec sa nouvelle réalité, mais, surtout, de se faire pardonner et se pardonner à lui-même.
Hugo Meunier plonge les lecteur·rice·s dans le quotidien de Christian, qui doit faire de la rééducation pour apprendre à vivre avec la tétraplégie. L’auteur met ainsi en lumière la facilité de tenir pour acquis notre santé, nos proches et une multitude d’autres facteurs qui contribuent à notre bonheur. Confiné dans sa propre peau, le protagoniste entraine les lecteur·rice·s dans ses souvenirs douloureux. Le personnage dévoile alors qu’il a toujours eu un comportement autodestructeur, qui le mènera à sa perte. Ayant conscience que ses proches se sentent trahi·e·s à la suite de son geste, Christian tente tant bien que mal de se faire pardonner. Pour ce faire, il doit d’abord se pardonner de ne pas avoir eu la force de s’exprimer ; lui qui a pourtant habituellement tant de facilité à émettre ses commentaires ironiques. C’est d’ailleurs le côté cynique du protagoniste qui donne un peu de légèreté à cette œuvre aux thèmes sombres.
Que serait-il advenu de lui s’il n’avait pas mis fin à ses jours ? C’est ce que proposent les passages en italiques que l’on retrouve ici et là dans le roman et offre la chance qui d’imaginer une vie parallèle à divers·ses artistes qui se sont enlevé·e·s la vie. Le dernier passage révèle une fin de vie en douceur que Christian aurait aimé connaitre avec Marilyn et Robin. Par son cheminement, le personnage de Christian démontre que le suicide ne devrait pas être une option, qu’il est si important de parler et d’aller chercher de l’aide en cas de détresse.
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Meunier, Hugo, Raté, Montréal, Stanké, 2022, 304p.