29 septembre, 18 h – Port de Tête – double lancement de Pour de vrai de Patrice Desbiens et de Entre la ville et l’écorce de Robin Aubert.
De l’intérieur, on voyait la pluie embrasser les baies vitrées, toujours aussi magnifiquement habitées d’objets livresques. À l’arrière, dans la cour, il y avait Éric Blackburn sous sa bâche, s’exécutant avec péril, grillant saucisses et légumes sur le barbecue; un vrai libraire multidisciplinaire. Et partout, il y avait de la poésie. Certes, comme d’habitude, il y a eu discours et lectures, mais rarement les rires et les applaudissements se sont faits aussi énergiques.
Deux gros morceaux pour les éditions de l’Oie de Cravan, Patrice Desbiens et Robin Aubert marquent l’automne littéraire de leurs poèmes affriolants. Nul besoin de présenter davantage les hommes, je m’en tiens aux mots de l’éditeur : « L’un est un vieux routier du poème, plein de jeunesse; l’autre est un jeune poète qui est déjà un vétéran du cinéma. »
Entre la ville et l’écorce est le premier recueil de poésie de Robin Aubert. Sa langue est simple et puissante. Elle évoque les thèmes du territoire québécois, son urbanité comme sa nature. Et à l’instar de son cinéma, l’imaginaire onirique rencontre un réalisme cru dans des envolées lyriques directes.
Pour de vrai de Desbiens est un manifeste poétique dédié aux grands opposants de la société mensongère et du nivellement par le bas que la culture a récemment perdu. De Pierre Falardeau à Captain Beefheart en passant par Dennis Hopper et bien d’autres, l’auteur leur rend hommage en mettant en lumière une « vérité de l’expérience poétique » qui conserve tout son sens dans le monde actuel. Comme l’indiquent les vers de sa page de garde, c’est un monde où : « il faut apprendre à / se fermer la gueule et / à respirer par / le trou du cul ». Humour satirique et critique impétueuse se rencontrent encore dans un style unique au souffle inépuisable livré par un éminent artiste québécois.
Article par Sébastien Ste-Croix Dubé.
