Par Mathieu Rolland
Jeudi passé, je me suis rendu à la projection des films des finissants de l’UQAM. Au menu, sept courts métrages : trois fictions et quatre documentaires. Personnellement, je trouve la tâche de bien évaluer ce genre de compilation ardue. Face à un tel buffet, il demeure difficile d’apprécier chacun des goûts qui est offert et comme dans n’importe quel buffet, on n’est jamais certain de pouvoir tout digérer.
J’ai été agréablement surpris de voir la place importante que le documentaire a occupée durant cette soirée. Plus de la moitié. Fait surprenant, car il s’agit généralement d’un genre généralement minoritaire dans les productions étudiantes. C’est d’ailleurs le documentaire qui ressort gagnant de cette soirée, et cela, non pas par sa quantité, mais sa qualité. Le premier film, California Dreamin’ de Patrick Bilodeau, a su démontrer un véritable talent de mise en scène. Un portrait simple et efficace doté d’images à la fois bien filmées et bien montées. Peut-être manquait-il à ce film une profondeur qui nous aurait permis de mieux comprendre son personnage principal.
Le deuxième documentaire projeté, Féminitude, fut le plus faible. Malheureusement, l’absence de direction à la fois du sujet et des intervenants, le manque de profondeur dans les propos des femmes présentées (trop de sujets sont abordés sans jamais être approfondis) ainsi que les problèmes techniques du montage et de l’image ont empêché ce film de se démarquer. Ce qui est dommage, car l’idée initiale étant de mettre dans un contexte cinématographie la parole, et dans ce cas précis celle des femmes, me semblait intéressante et audacieuse, mais encore une fois, l’inégalité du film vient gâcher sa prémisse. Vueltas – allers-retours, le troisième documentaire, a su présenter un sujet déjà connu et souvent exploité (celui des travailleurs immigrants) d’une manière sensible et personnelle. À noter aussi : un très beau travail, à la fois juste et cohérent entre le contenu présenté et son aspect formel.
Enfin, Zabal fut projeté. Il s’agit d’un documentaire tourné en Égypte et présenté sans aucun sous-titre. Est-ce par choix ou parce qu’il n’y avait pas de traducteur disponible? Je n’ai pu obtenir de réponse. Néanmoins, le résultat reste intéressant. Toutefois, cependant que la caméra nous donne accès à l’intimité des personnages, leur langage nous reste inaccessible. On assiste donc passivement à cette chronique de vie à la fois partagé entre la fascination et le questionnement. À souligner : le travail remarquable du montage qui permet de raconter cette histoire sans d’autres artifices que les images brutes de l’Égypte.
Coté fiction, ce fut généralement plus décevant. L’arbre au cœur qui bat, qui est une véritable réussite au point de vue formel, perd des plumes avec son contenu. L’histoire parait ne servir qu’à justifier les images, malgré tout très belles. Bref, le résultat semble plus proche du clip que du court-métrage. Trou noir reste encore pour moi un mystère. Difficile de savoir où ce film voulait aller. Les pistes sont multiples, mais ne mènent nulle part. Les images sont cependant réussies, on sent par moment l’influence d’un certain David Lynch, mais il reste que Trou noir aurait eu besoin d’un scénario…
Heureusement que le dernier film projeté, Nœud papillon, est venu sauver la face de la fiction. La réalisation, la direction photo et artistique, tout fonctionnait parfaitement et donnait à ce film un ton juste. Voici un court-métrage qui ne se prend pas pour autre chose que ce qu’il est véritablement, à savoir un divertissement de qualité fait avec intelligence.
Au final, du talent j’en ai vu, et cela, autant au niveau de la réalisation, de la direction photo et artistique ou du montage et de la prise de son, qui d’ailleurs était toujours impeccable. Cependant, je ne peux qu’être déçu face à l’absence de scénario béton. Pour le reste, le cinéma québécois peut dormir tranquille, la relève existe.
Article par Mathieu Rolland. Centipède urbain qui se questionne actuellement sur l’aspect inéluctable de l’échec à travers l’archétype du voyou.