On dit souvent que la force d’un groupe réside dans la pluralité de ce dernier. Cette pluralité grandissante a d’ailleurs été constatée dans le mouvement étudiant du printemps dernier : une banane rebelle, un panda anarchiste, le « Rabbit Crew », des étudiants, des familles, des mères en colère et autres. Ce printemps étudiant a su rassembler des gens, de tous les âges et de tous les milieux, sur la place publique, afin de contester la hausse des frais de scolarité annoncée par le gouvernement libéral. Cependant, c’est d’une manière différente qu’un mystérieux groupe d’étudiants en design graphique de l’UQAM a décidé de s’impliquer.

Maël Demarcy-Arnaud, armé d’une caméra, a donc suivi ce groupe qui a créé l’École de la montagne rouge durant ce qu’on a appelé le printemps érable. Sans toutefois vouloir résumer le mouvement, Maël désirait  immortaliser quelques séquences dans la vie d’un collectif qui allait se politiser par la force des choses. C’est en suivant cette crise qui a frappé le Québec de plein fouet que l’idée d’en faire un film est apparue. Ce documentaire Aujourd’hui pour moi demain pour toi, présenté pour la première fois aux Rendez-vous du cinéma québécois, s’inscrit à la hauteur de ce mouvement : inspirant, fort et plein d’espoir.

Pendant ce documentaire de 1 h 45, s’étalant du début de la grève étudiante aux élections de septembre dernier, le spectateur est invité dans l’univers d’un collectif. Créée pour et par la grève étudiante, l’École de la montagne rouge a désiré s’impliquer par l’imaginaire plutôt qu’uniquement dans la rue. Créateurs de divers slogans et d’images reliées au printemps dernier, ce collectif d’étudiants en design de l’UQAM a préféré rester discret, mais son implication n’en a pas été moins importante.

Entrecoupé de diverses séquences de manifestations, d’évènements, de points de presses, ce documentaire éveille toutes les émotions qui ont été reliées au mouvement. De l’empathie à la frustration, Maël a su rapatrier tous les moments forts. Chaudement reçu par l’assistance, ce documentaire a de quoi réveiller les ardeurs, dans un contexte encore précaire au Québec où le sommet sur l’éducation vient à peine de se conclure. Forcés de retourner sur les bancs d’école à cause de la loi 12, ces étudiants, qui se sont fait promettre un gel des frais de scolarité, sont pour la plupart amers face aux conclusions de ce sommet.

Délaissant le côté design et mettant l’accent sur la grève étudiante, ce documentaire relate de manière impeccable les importantes étapes de la vie du collectif, malgré le fait qu’il comporte quelques longueurs lors des échanges entre les membres du collectif. Les membres de ce groupe, méconnus de plusieurs jusqu’à ce jour, sont mis à l’avant-scène pour une première fois dans un documentaire qui nous amènera à réfléchir à la suite de son visionnement. La brutalité policière? La violence dans les manifestations? La colère populaire? L’inaction du gouvernement? Le début d’une crise au Québec? Ces mêmes questions qui ont fait jaser au cours du printemps dernier se retrouvent encore sur les lèvres après la représentation. Fort et puissant, ce documentaire concernant la grève étudiante présenté aux Rendez-vous du cinéma québécois à tout pour faire réfléchir et éveiller les ardeurs de quelques-uns.

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Aujourd’hui pour moi, demain pour toi, l’École de la montagne rouge par Maël Demarcy-Arnaud.

Les Rendez-vous du cinéma québécois présenté du 21 février au 3 mars. 

Article par Jennifer Pelletier. Étudiante en communication et politique. Amatrice de théâtre.